Publié le Samedi 3 octobre 2009 à 17h11.

Abrégé du Capital de Karl Marx de Carlo Cafiero. Le Chien Rouge. 2008.

Comme mon prof d’économie était un bolchevique barbu avec des lunettes sous lesquelles perçaient un regard stalinien, j’ai été assujetti à ses leçons marxistes. Et je m’en suis remis.

La lecture du Capital n’est pas aisée, vous le savez, surtout si vous l’avez acheté dans la version de poche car comme vous êtes un prolétaire, vous n’avez pas le quibus nécessaire pour vous offrir la Pléiade en allemand.

Rien ne sert de lire Le Capital hors de la langue teutonne si riche en « schaftnichtaberichvolldirsaber» qui fait toute la sapidité du premier tome de cette trilogie inachevée que devait être l’oeuvre de Marx. Marx, cet hégélien de gauche, publie la première partie de son travail en 1867, et dix plus tard Carlo Cafiero, un gars bien pratique se dit qu’il faut résumer tout cela car c’est proprement indigeste pour un forgeron exploité quatorze heures par jour et qui n’a même pas la chance d’avoir Bernard Thibaut pour lui donner une journée de mobilisation, tous les trois mois. Encore plus difficile pour des tisseuses de Wiltshire qui en novembre 1863 font la grève, en dépit du pragmatisme de François Chéréque, car leur patron leur fait des retenues quand elles arrivent en retard. On notera combien est souligné les dangers du progrès, tant dans la disparition de certains métiers, hier les passementiers, aujourd’hui les producteurs de lait, soit qu’une innovation technique surprime la fonction, soit une réorganisation de la production sur un mode où la qualité est affaiblie : on pensera au lait.

Au XVIIe siècle toute l’Europe connut des révoltes d’ouvriers à cause de l’arrivée d’une machine. C’est fou comme l’homme ne supporte pas qu’on se passe de son labeur. « L’ouvrier a tout fait ; et l’ouvrier peut tout détruire parce qu’il peut tout refaire, » peut-on lire sans qu’on puisse oublier les bonbonnes de gaz de l’été.

Pour toutes ses raisons, lisez plutôt cet abrégé tout spécialement réédité, pour les pauvres, et non comprenants économiques.

Christophe Goby.