Ce livre est une nouvelle accusation dans le procès public des maoïstes français : « En France, le néo-conservateur n’est pas un trotskiste qui a rejoint l’élite mais un maoïste qui a perdu son peuple. Passé du culte de l’Orient rouge à la défense de l’Occident, je l’appelle Maoccident ».
La remise de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy à André Glucksmann est érigée en symbole et certains dirigeants de la Gauche prolétarienne (GP), organisation maoïste à laquelle Glucksmann a appartenu, sont les héros du récit. Centré sur quelques intellectuels prestigieux car « dans l’histoire du maoïsme français, les noms qui comptent sont presque tous normaliens et masculins », il occulte la réalité politique et historique.
Dès 1960, la condamnation chinoise de l’Union Soviétique au nom du léninisme recueille un fort écho auprès de militants et d’intellectuels de gauche. Contre le soutien inconditionnel à l’URSS du PCF, les maoïstes, aux côtés des trotskystes, ont joué un rôle significatif pendant deux décennies dans les luttes pour les droits des femmes, des homosexuels, des ouvriers spécialisés, des immigrés et dans de nombreux conflits sociaux, y compris par des actions violentes et spectaculaires.
Certes, André Glucksmann a trahi et quelques-uns se sont égarés, mais combien ont continué le combat anticapitaliste ? Certains ont rejoint des associations, des syndicats et aujourd'hui le NPA. Une réponse à Jean Birnbaum serait d’écrire, comme Daniel Bensaïd l’a si bien fait pour les trotskysmes, une histoire des maoïsmes. A l’heure où les actions de l’Appel et la pioche rappellent l’attaque de Fauchon par les maoïstes pour distribuer ses produits aux travailleurs, et où les séquestrations de patrons et les actions violentes réapparaissent dans les conflits, il est important pour notre combat actuel de ne pas laisser ces accusations sans réponse.
Frédéric Gudéa