Publié le Dimanche 18 octobre 2009 à 15h11.

"L’idéologie ou la pensée embarquée" par Isabelle Garo

De nombreuses thèses s’accordent aujourd’hui sur la puissance de l’endoctrinement de masse. Dans cette optique, l’idéologie serait une simple surface mensongère masquant le réel à des consommateurs hypnotisés.

 

 

Or, c’est oublier que « les idées dominantes sont très fortes mais aussi très fragiles ». Elles sont elles-mêmes traversées par les contradictions du réel et doivent en permanence susciter et consolider l’adhésion pour perdurer. En livrant un éclairage contemporain de la notion d’idéologie chez Marx, ce livre s’attache à montrer comment les idées dominantes s’insèrent dans le réel, endossent une fonction sociale et politique et sont même en mesure de combiner « illusion et connaissance, portée critique et visée conservatrice ».

Si la pensée néolibérale a pu recueillir un large consensus selon Isabelle Garo, c’est avant tout par la destruction systématique des solidarités collectives et non au seul moyen du martelage médiatique. Les conditions de vie qui en résultent ont permis de faire exister partiellement l’individualisme qu’elle promeut comme consentement obligé.

Mais cela ne signifie pas pour autant que ses thèses soient devenues l’idéologie des dominés eux-mêmes. Car les conséquences des politiques néolibérales les confrontent aussi sans cesse aux promesses non tenues, aux injustices profondes qu’elles génèrent et aux révoltes qui en résultent.

L’importance de la propagande libérale s’accroît donc en même temps que la fragilité de ses effets. Il s’agit d’un champ de bataille au sein duquel l’idéologie est une force sociale intégrée à la réalité qui « en son instabilité même nourrit sa contestation ».

C’est pourquoi, c’est avant tout comme contre-offensive politique que l’anticapitalisme est doté de force critique.

Ambre Bragard

 

Editions La Fabrique, 184 pages, 12 euros.

 

La librairie La Brèche vous invite à une rencontre avec Isabelle Garo le 23 octobre.