Désormais, tous les débats écologistes à gauche sont percutés par la décroissance. La démarche de Stéphane Lavignotte n’est pas de produire une nouvelle défense et illustration ou au contraire une critique d’ensemble de cette notion, mais plutôt d’exposer les grands axes d’une pensée multiforme, tout en les replaçant dans les débats antérieurs de l’écologie politique. Sans couvrir l’ensemble des travaux sur la décroissance, il se centre sur quelques auteurs qui ont la particularité à la fois de théoriser une pensée écologiste à partir de la décroissance et de mener des interventions dans la sphère militante. En particulier, les pensées de Serge Latouche, Paul Ariès, Vincent Cheynet sont détaillées mais également interrogées à partir de critiques émanant de militants venus d’autres horizons, travaillant à redéfinir le développement (comme Jean-Marie Harribey).
Si Lavignotte passe trop rapidement sur certains débats, autour du travail et du droit au revenu notamment, ou encore sur les stratégies de transformation sociale de la décroissance, il prend soin par contre de porter un regard critique sur l’approche de certains auteurs de l’ordre symbolique hétérosexuel, empreinte d’un traditionalisme évident et marquée par des pensées réactionnaires.
La dernière partie du livre est consacrée à une approche plus personnelle et très iconoclaste de la question, héritée des études théologiques de l’auteur. Quoi qu’on pense des penseurs se réclamant de la décroissance, il est indéniable que l’émergence de ce « mot-obus », comme le dit Paul Ariès, produit des effets dans la pensée de gauche et permet de repenser une écologie radicale qui, sans céder aux sirènes du capitalisme vert, ne doit pas oublier sa dimension utopique. Vincent Gay
Éditions Textuel, collection Petite encyclopédie critique, 137 pages, 9,90 euros.