Publié le Dimanche 22 juin 2014 à 10h12.

Conseil politique national : sous le signe de la grève

La grève des cheminots est venue bousculer l’ordre du jour du dernier CPN qui n’a pu se tenir que sur une seule journée...

La lutte s’imposait au cœur de nos discussions, construisant un lien concret entre la bataille politique que nous avons menée ces derniers mois sur le terrain électoral contre les politiques d’austérité et l’Europe du capital, et les mobilisations, seule voie pour mettre ces politiques en échec.Autant dire que la grève a pris une place prépondérante dans nos discussions : grève des cheminotEs bien entendu, des intermittentEs, mais aussi des postierEs – dans le 92, à Paris 15e ou dans le 91 –, la lutte à Notre-Dame-des-Landes...

Des élections aux luttesUn large accord se dégageait sur les analyses des résultats des européennes à travers lesquels se combinent, sous les effets de la crise, le rejet des politiques d’austérité et des partis qui les ont mises en œuvre, avec l’abstention ou un rejet des institutions antidémocratiques de leur Europe capitaliste, dont bénéficie l’extrême droite.Comme l’indiquait un des rapports introductifs, on retrouve les mêmes tendances à l’œuvre au niveau de l’ensemble de l’Europe, même si cela s’exprime de façon différenciée selon les pays. Le temps nous a manqué pour approfondir l’échange, en particulier sur la situation en Espagne créée par la progression de Izquierda Unita et l’émergence de Podemos, expression des mobilisations des IndignéEs et des mouvements qui ont eu lieu hors des organisations syndicales, les marea.Nos propres résultats, faibles et décevants comme nous l’avons déjà écrit, ne sont pas que la conséquence de nos difficultés matérielles ou plus fondamentalement du recul global : c’est aussi la difficulté de l’ensemble du mouvement anticapitaliste et révolutionnaire à gagner une influence dans le monde du travail, dans la société.La grève actuelle des cheminotEs vient souligner la rupture avec la gauche libérale et le début d’une prise de conscience : avec la gauche comme avec la droite, il faut construire le rapport de forces, préparer l’affrontement. Elle pose aussi le problème de la politique des directions syndicales dont certaines soutiennent ouvertement une réforme, et que la CGT hésite à remettre trop directement en cause.Il y a une dimension politique à cette grève qui défend le service public contre le gouvernement PS-Medef et l’UMP qui ont organisé et organisent la privatisation et le démantèlement de la SNCF. On retrouve cette dimension politique dans les autres luttes : à La Poste, dans le mouvement des intermittentEs, ou dans la mobilisation de Notre-Dame-des-Landes. Ces mobilisations sociales sont aussi la meilleure réponse au FN dont les résultats sont surtout l’expression du recul global du mouvement ouvrier.

La politique au poste de commandeLes principales discussions ont porté sur l’appréciation des conséquences de la rupture du PS avec les classes populaires, la lutte contre la montée de l’extrême droite, notre travail unitaire et notre politique vis-à-vis du Front de gauche et de ses composantes, vis-à-vis de Lutte ouvrière, notre politique dans la grève vis-à-vis des directions syndicales, pour l’organisation démocratique du mouvement...Ces premières discussions visent à construire notre appréciation de la conjoncture, des évolutions politiques en cours, en particulier celle du FdG qui s’inscrit de plus en plus dans le cadre de la construction d’une « nouvelle majorité alternative », ainsi que de la prise de conscience du monde du travail, afin de définir comment combiner démarches unitaires, organisation démocratique des luttes et construction du NPA. Un vaste débat à peine engagé, qui sera probablement au cœur de notre prochain congrès dont nous avons adopté le calendrier de préparation, congrès qui se tiendra en début d’année prochaine.Ce CPN n’a cependant pas réussi à surmonter nos tensions internes. Il faut que le débat démocratique qui s’ouvre nous permette de réarmer notre organisation : l’enjeu est de nous hisser à la hauteur des tâches que la combinaison d’une crise politique et d’une forte agitation sociale nous impose.

Yvan Lemaitre