Du vendredi 30 janvier au dimanche 1er février a lieu le troisième congrès du NPA. Ces deux dernières semaines, près de 70 % des militantEs du NPA, 1 400 personnes, ont exprimé leurs choix dans les assemblées générales électives.
Nous ouvrons nos colonnes aux cinq plateformes nationales qui ont recueilli les suffrages suivants dans ces AG électives : 35,12 % pour la P1, 26,65 % pour la P2, 21,60 % pour la P3, 6,76 % pour la P4, et 6,90 % pour la P5.
Plateforme 1. Continuer le NPA
L’enjeu de notre troisième congrès demeure de préserver et de construire un outil militant utile aux exploitéEs et aux oppriméEs.
À l’affût des possibilités...
La situation reste marquée par la décomposition du mouvement ouvrier, incapable de s’opposer réellement à une offensive capitaliste historique contre les droits et les conditions de vie des salariéEs. L’indigence de la réponse à la loi Macron, l’absence de tout regroupement social et politique permettant l’expression du sursaut humain et solidaire après les attentats indépendamment et contre l’union sacrée, en sont des illustrations dramatiques.
Mais les mouvements de fond qui travaillent le monde peuvent surgir à tout moment et modifier les conditions de notre militantisme. Trois exemples : la montée de la question écologique tant avec les combats contre les grands projets inutiles à Notre-Dame-des-Landes, puis à Sivens, qu’avec la vague montante pour « changer le système, pas le climat » ; l’irruption brutale du « choc des barbaries », avec les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher qui doit remettre au premier plan les résistances à l’islamophobie et à l’antisémitisme, aux guerres impérialistes et aux politiques sécuritaires ; Syriza et Podemos renouvellent chacun à leur manière la question de l’articulation entre les mobilisations et la construction d’une réponse politique dans la lutte contre les politiques capitalistes imposées aux peuples d’Europe.
Chacun de ces événements fait naître des possibilités de (re)mobilisation, de radicalisations, diverses et parfois contradictoires, et nous devons rester en permanence à l’écoute, à l’affût de ces possibilités.
Au sein du mouvement...
Moins que jamais, la nécessaire clarification des enjeux ne peut servir à justifier une politique d’isolement, d’inertie qui mène à l’impuissance. Nous devons défendre notre politique anticapitaliste au sein du mouvement et pas contre lui.
Cet enjeu de notre congrès a été crûment mis à nu au cours des derniers jours avec le désaccord au sujet de la possible (et depuis heureusement réelle) victoire de Syriza. Ce désaccord a abouti à la non-signature de deux appels, en particulier celui appelant au meeting de soutien au peuple grec du lundi 19 janvier, sous le prétexte qu’en mêlant nos voix avec celles et ceux que l’arrivée possible de Syriza au pouvoir enthousiasme, nous risquerions d’encourager les illusions...
Deux décisions majoritaires au CE ont donc empêché le NPA de faire face à ses tâches de solidarité internationaliste, alors que l’urgence était de faire entendre une voix moins institutionnelle, la voix des luttes nécessaires pour faire avancer la conscience et la confiance de notre camp social. Une faute politique grave qui doit sonner comme une alerte pour toutes celles et ceux qui ne se résignent pas à voir le NPA se réduire, sous prétexte de clarifications, à un groupe qui commente l’actualité et distribue les bons et mauvais points.
Une force pour agir !
Le NPA doit rester une force militante radicalement anticapitaliste, antisystème, écosocialiste, féministe, antiraciste et internationaliste ; une force partie prenante des différentes radicalisations, et attachée à la construction des mobilisations les plus larges et les plus unitaires possible ; une force agissante dans le débat politique pour construire une opposition sociale et politique au gouvernement.
C’est autour de ce profil et pour le mettre en œuvre que les déléguéEs de la plateforme 1 proposent de se rassembler largement, en particulier autour d’une déclaration de notre congrès.
L’équipe d’animation de la P1
Plateforme 2. Des clarifications à poursuivre, un rassemblement à réussir
La démarche que nous avons engagée a recueilli 26 % des voix. La volonté exprimée dans les AG nous conforte dans notre orientation qu’il faut poursuivre et élargir. C’est la responsabilité de l’ensemble des délégués d’avancer dans le rassemblement pour, dans un contexte difficile, surmonter l’affaiblissement et l’éclatement politique de notre parti. D’importantes clarifications se sont opérées sur les questions d’orientation, il faut maintenant nous donner les moyens d’engager un travail de construction, en refusant toute exclusive.
Clarifier
Les discussions ont montré que les camarades dans les comités ont le plus souvent une vision claire de l’articulation entre nos tâches de construction et d’intervention et notre politique unitaire. Notre souci de préserver notre indépendance vis-à-vis des forces réformistes est largement majoritaire comme en atteste le nombre de voix recueilli par les motions élections.
La nécessité de clarification s’impose face à la situation politique créée par les attentats et leur suite, comme par la victoire de Syriza en Grèce.
Hollande se positionne en Bonaparte au-dessus de l’UMP et du PS, et les organisations du Front de gauche participent de cette union nationale jouée à fond par le gouvernement. Celle-ci renforce les préjugés réactionnaires, le racisme. Les racines sociales, les inégalités sont escamotées au point que Valls peut cyniquement parler d’« apartheid » tout en justifiant la loi Macron, alors que les directions syndicales se partagent entre collaboration totale et discrétion coupable. Comme cela a été le cas durant les derniers événements, l’orientation du NPA doit être celle de l’indépendance de classe.
Rassembler
Nous rassembler contre l’union nationale, contre tous les racismes, pour faire vivre la solidarité des classes exploitées quelles que soient l’origine, la couleur de peau, l’appartenance ou non à une religion, c’est combattre l’offensive réactionnaire qui vise toute la population. Ce combat se mène aussi au sein des syndicats, des associations, du mouvement social pour reconstruire une conscience de classe.
Nous combattons les grandes puissances qui par leurs guerres et interventions militaires ont la responsabilité première du terrorisme et du développement des fondamentalismes religieux.
Sans nous confondre avec ceux qui tentent de mettre sur rail leur nouvelle union de la gauche, nous nous rassemblons dans la solidarité avec les travailleurs et le peuple grecs. Ils viennent de donner une gifle à la troïka et aux bourgeoisies européennes en virant leurs représentants politiques, la droite et le PS grecs. Mais le gouvernement constitué par Tsipras avec une force souverainiste de droite montre le piège que représente le jeu institutionnel et les limites de Syriza. Après cette victoire électorale, l’issue viendra des travailleurs s’ils parviennent à poursuivre leur mobilisation et à s’organiser pour faire sauter le carcan des pouvoirs financiers grecs et internationaux.
En Grèce comme ici, il n’y a pas d’issue sans annulation de la dette et constitution d’un monopole bancaire pour mettre les financiers hors d’état de nuire.
La tâche de l’heure est de regrouper les anticapitalistes et révolutionnaires. La solidarité la plus efficace avec le peuple grec, c’est un combat commun d’Athènes à Lisbonne, de Madrid à Paris, pour construire contre la dictature des banques et du patronat, une Europe de la solidarité, une Europe des travailleurs et des peuples...
L’organisation est divisée, mais deux grandes idées sont très majoritaires : être au cœur des mouvements et rassembler les anticapitalistes et révolutionnaires en indépendance complète avec les courants réformistes tout en œuvrant à l’unité du monde du travail.
Comité d’animation de la plateforme 2
Plateforme 3
Environ 1 400 militants ont participé aux débats et aux votes des congrès locaux. La crise militante qui affecte notre parti est confirmée par ces chiffres mais le NPA reste une organisation vivante qui malgré ses débats et ses désaccords a su affronter ces dernières semaines des événements politiques inédits. Cela doit nous renforcer dans l’idée que, plus que jamais, notre tâche majeure est de travailler à la construction d’une organisation anticapitaliste et révolutionnaire, capable d’intervenir pour défendre les intérêts politiques des exploités et d’aider notre classe à s’émanciper.
Suite aux AG électives, aucune des plateformes n’est majoritaire seule, la nôtre recueille 21,6 % des votes des militantEs dans les congrès locaux et arrive en 3e position (et en 1re dans plusieurs régions importantes, à commencer par l’Île-de-France). C’est une bonne nouvelle pour toutes celles et ceux qui ont fait le choix de voter pour l’opposition la plus conséquente à l’orientation portée par la P1, orientation désormais minoritaire dans l’organisation.
Il devient possible de tourner définitivement la page des trois premiers congrès du NPA qui avaient tous donné une majorité avant tout centrée sur l’interpellation des directions réformistes afin de construire « une alternative politique » à la gauche de la gauche, conçue comme la condition sine qua non du réveil de la combativité de notre classe.
Sur la question électorale, la motion A arrive en tête des votes des AG, alors même que le flou a été entretenu par plusieurs dirigeants de la P2 qui ont défendu à la fois la motion A et la motion B ! Il faudra confirmer au congrès une nette majorité pour la motion A qui refuse des listes communes avec le Front de gauche pour les prochaines échéances électorales.
Au-delà de la question électorale, les militantEs qui ont voté pour la P3 ont à cœur que ce congrès soit celui de la relance de la construction d’un parti réarmé d’un point de vue stratégique, dont l’activité soit recentrée sur l’intervention dans les luttes et dont la priorité des discussions soit consacrée à nos efforts d’implantation dans la classe ouvrière et la jeunesse. Il ne suffit pas de tourner la page d’un certain nombre de formules transfuges du réformisme comme « l’opposition de gauche » ou « le gouvernement anti-austérité », il faut doter notre parti d’outils théoriques, politiques et organisationnels pour être capable de peser sur la lutte des classes et mener une politique révolutionnaire. Il ne suffit pas de dire que seule une meilleure implantation au sein du monde du travail résoudra tous nos problèmes d’orientation. Il ne suffit pas de dire que seule l’agitation propagandiste d’un programme, fût-il correct, résoudra nos problèmes d’identification aux yeux des classes populaires comme un parti utile à leur émancipation. C’est une combinaison entre notre capacité à faire nos preuves dans la luttes des classes et à rendre crédible un projet de société débarrassée de l’exploitation, le socialisme qui pourra aider le NPA à surmonter sa crise militante, sa crise de direction et à corriger ses erreurs d’orientation qui ont largement contribué à son affaiblissement.
Pour cela, nous sommes convaincus qu’une nouvelle majorité est nécessaire et nous nous adressons à l’ensemble des camarades des P2, P4 et P5 pour dégager des axes majoritaires sur la base d’une déclaration du congrès qui soit clairement en rupture avec l’orientation défendue par l’ancienne majorité. Cela serait un premier pas pour, en lien avec l’ouverture du débat stratégique, avancer vers le parti révolutionnaire dont notre classe sociale a tant besoin.
Plateforme 4. Le message du peuple grec
Le résultat des élections grecques est une belle claque à la face des dirigeants de la troïka. Syriza, le parti de la gauche radicale, y est arrivé en tête avec plus de 36 % des suffrages. Après plus de cinq ans de cure d’austérité orchestrée par les dirigeants du FMI, de la Banque centrale européenne, de l’Union européenne comme des gouvernements grecs successifs au service des grandes banques allemandes ou françaises, le message est clair : ça suffit !
Ce n’est plus aux travailleurs de payer
Plus question de travailler pendant plusieurs mois sans toucher de salaire ! Plus question de ne plus pouvoir payer les factures d’eau et d’électricité ! Plus question d’accepter les licenciements et les suppressions de postes dans la fonction publique. Plus question de ne plus pouvoir accéder à des soins médicaux élémentaires ! Entre autres.
C’est ce qu’ont exprimé les électeurs grecs, ceux des couches populaires. Et leur message électoral s’adresse aux travailleurs qui partout en Europe, de l’Espagne à l’Irlande en passant par le Portugal, ont été confrontés aux sales coups de gouvernements bien souvent socialistes. Un appel à ne plus accepter les mesures d’austérité comme ici en France où la majorité parlementaire de gauche est sur le point d’entériner la loi Macron qui facilite encore les licenciements économiques et fait voler en éclats le peu de protection sociale dont bénéficient encore les travailleurs.
Sur le papier, les mesures d’urgence de Syriza restent modestes : relèvement du salaire minimum à son niveau d’avant crise : 750 euros ; embauche de fonctionnaires ; accès gratuit pour les plus pauvres aux soins, à l’électricité, l’eau et les transports. Quant à savoir si le nouveau gouvernement de cette gauche qui se dit radicale décidera vraiment de les appliquer immédiatement, c’est une autre affaire. Comme est une autre affaire de savoir s’il voudra ou pourra imposer aux usuriers de la troïka l’effacement d’une dette aux taux d’intérêts effarants. De même pour l’application des autres promesses.
Le succès électoral, ce n’est pas encore la victoire
Quels moyens va se donner le nouveau gouvernement face aux pressions des États européens les plus riches ? Comment va-t-il contraindre les oligarques grecs à payer leurs impôts ? Mais aussi, qui va contraindre les oligarques de France ou d’Allemagne, ces experts en évasion fiscale, à payer les leurs, au lieu de rançonner les peuples qu’ils étranglent ?
C’est là où les attentes et les espoirs du peuple grec risquent de se transformer en amères désillusions. D’autant, première mauvaise nouvelle, que Syriza vient d’annoncer une alliance gouvernementale avec la droite souverainiste.
Ici, en France, Jean-Luc Mélenchon s’est précipité pour récupérer à son compte le succès électoral de Syriza, tout en vantant les mérites d’une « révolution par les urnes ». Quel bluff ! Il n’y a jamais eu de révolution par les urnes. Et ceux qui ont voté Syriza en Grèce savent bien que tout va se jouer maintenant. Et c’est à eux de jouer.
Quand la contestation sociale s’étendra à toute l’Europe
Comment transformer l’espoir des travailleurs de Grèce ? Comment faire pour que la confiance en Syriza ne tourne pas à nouveau à la grande désillusion ? Rien ne dit que la colère sociale restera confinée à l’isoloir. L’espoir d’en finir avec la misère pourrait prendre une tout autre dimension si les travailleurs, les chômeurs et les jeunes décidaient de faire appliquer leur programme d’urgence sociale avec leurs méthodes, ensemble, dans la rue, par la grève, par mille autres initiatives, en contrôlant eux-mêmes les comptes des exploiteurs. Bref, en ne comptant que sur la force de leurs propres mobilisations et leur capacité à s’organiser.
Et à vrai dire, pas seulement en Grèce. C’est à l’échelle de toute l’Europe que les travailleurs de Grèce doivent trouver des alliés. Vivement qu’un printemps européen de la révolte sociale inspire une trouille salutaire aux grands voyous du capitalisme. Ce serait la seule façon d’aller vers la victoire. La vraie.
Éditorial des bulletins d’entreprises L’Étincelle du lundi 26 janvier 2015
Plateforme 5. La P1 est largement minoritaire : le changement, c’est maintenant ?
La plateforme 1, qui était la seule à vouloir maintenir l’orientation de la direction sortante, a été mise en minorité avec environ 35 % des voix. Une large majorité des militantEs du NPA, en votant pour les quatre autres plateformes, a donc affiché sa volonté d’un changement de cap.
Les plateformes 2, 3, 4, 5 se retrouvent sur les points suivants :
– Refus des mots d’ordre de « gouvernement anti-austérité » et « opposition de gauche », qui résument une orientation suiviste à l’égard du Front de gauche ; volonté de mettre en avant une orientation délimitée de celle du Front de gauche et des différents courants réformistes.
– Refus des alliances électorales avec le Front de gauche et ses composantes. À l’initiative de la plateforme 5, la motion A sur les élections est la seule à être (largement) majoritaire. Le congrès doit donc entériner la fin des errements électoraux, qui ont alimenté la confusion et qui ont polarisé le parti autour des élections.
– Effort particulier à la construction du NPA sur les lieux de travail pour y développer une intervention politique et pour œuvrer au rassemblement des militantEs lutte de classes face aux bureaucraties syndicales.
Il est donc de la responsabilité des déléguéEs de ces 4 plateformes de s’unir au congrès autour de ces points de convergence, pour rompre avec l’orientation de la direction sortante, pour réorienter le parti et pour lui donner une identité politique plus forte, anticapitaliste et révolutionnaire. C’est avec cette nouvelle identité et en intervenant centralement dans les luttes que notre parti pourra s’ouvrir plus largement à la jeunesse et aux travailleurEs radicalisés, et non en lorgnant sur le Front de gauche et ses avatars.
Sur la base des 7 % obtenus lors des AG électives, nous sommes à même de renforcer notre participation aux instances de direction du parti (CPN et CE) pour peser dans ce changement de cap et pour des campagnes audacieuses du parti. Nous continuerons également à y défendre les positions spécifiques que nous avons portées lors des AG électives :
– Porter et mettre en débat un projet de société communiste autogestionnaire fondé sur l’auto-organisation de celles et ceux qui luttent pour leur émancipation.
– Avoir au quotidien une orientation révolutionnaire articulant nos mots d’ordre à la nécessité de la prise du pouvoir par les travailleurEs et de l’expropriation des grands groupes capitalistes.
– Défendre la rupture anticapitaliste et internationaliste avec l’Union européenne.
– Intégrer au cœur de notre orientation à la fois la lutte des classes et la lutte contre les oppressions spécifiques (islamophobie, racismes, sexisme, LGBTI-phobie...).
– Dénoncer le productivisme mortifère et intégrer pleinement l’écologie dans notre projet communiste.
– Agir pour regrouper les syndicalistes combatifs dans un courant intersyndical lutte de classes, contre la collaboration de classe et la bureaucratie.
– Renouer avec des pratiques militantes, à l’intérieur du parti, en accord avec notre projet : donner toute leur place aux comités, contrôle du CE et des porte-paroles, lutter contre les pratiques d’appareils en menant les débats de fond et en restaurant une vraie camaraderie.