Publié le Mardi 1 mars 2016 à 12h23.

Conférence nationale présidentielle : le débat est ouvert

Dans le cadre de la préparation de la conférence nationale du NPA consacrée à l’élection présidentielle qui aura lieu les 19 et 20 mars prochain, voici les trois tribunes des différentes positions qui se sont constituées pour cette CN.

Plateforme A - Pour une campagne du NPA anticapitaliste et révolutionnaire

Dans la continuité de la motion A du dernier congrès

Au dernier congrès, plus de 60 % des camarades du NPA s’étaient retrouvés sur la motion A sur les élections. Celle-ci affirmait, tout en indiquant l’utilité de discussions avec d’autres organisations dont le Front de gauche pour rechercher une unité d’action contre le patronat et le gouvernement, la nécessité d’une candidature anti-capitaliste à l’élection présidentielle car il n’y a pas d’accord possible en vue des élections avec le Front de gauche ou avec ses composantes qui « défendent une alternative antilibérale et institutionnelle à l’intérieur du système capitaliste ». « Dès maintenant, ajoutait la motion, nous nous préparons à présenter une candidature anticapitaliste et révolutionnaire pour l’élection présidentielle de 2017. »

Cela a paru encore plus évident après l’échec de Syriza et après que les députés du Front de gauche ont voté l’état d’urgence et la prolongation de l’intervention militaire française en Syrie.

Et c’est bien là l’enjeu de la CN, se rassembler sur une orientation anticapitaliste et révolutionnaire afin de mobiliser l’ensemble du NPA pour surmonter les obstacles à la présentation de sa candidature. Lui donner une réalité aussi bien dans les comités qu’au niveau des apparitions de nos porte-parole.

Exprimer la colère des travailleurs et construire le « Tous ensemble »

Face à la violence de ce gouvernement contre notre classe, aggravée ces derniers jours par l’annonce du projet de « Loi travail », la politique d’accompagnement, plus ou moins active, des directions syndicales ou des partis à la gauche de la gauche donne une légitimité supplémentaire à nos idées et à nous une responsabilité particulière dans cette campagne : il s’agira d’exprimer le mécontentement et la colère des travailleurs et de la population pour lui donner une autre perspective que subir la régression sociale. Malgré les difficultés de la situation, l’appel de Wamen à « un tous ensemble », le nombre de signataires de la pétition en soutien aux Goodyear ou sur la destruction du code du travail montrent des possibilités nouvelles. Notre campagne doit, sans hésitation, s’engager dans cette voie. Nous devons relayer massivement le discours qui insiste sur la nécessité de luttes et du front unique pour s’opposer aux agressions contre notre classe. 

Pas de réponse à l’urgence sociale, démocratique et écologique sans rupture anticapitaliste

Il est cependant impossible d’œuvrer à la contre-offensive d’ensemble nécessaire pour inverser le rapport de forces si on craint l’affrontement avec le gouvernement et le patronat, si on redoute la rupture avec les institutions de la bourgeoisie et la propriété capitaliste. Il y a là une délimitation essentielle avec la gauche dite « réformiste », qu’elle soit syndicale ou politique. Ce que de nombreux travailleurs ou militants ressentent aujourd’hui confusément, nous serons en mesure de le faire entendre avec plus de force pendant cette campagne. Comme le dit notre plateforme : « Répondre à l’urgence sociale, démocratique, écologique, exige de s’attaquer radicalement au pouvoir des classes capitalistes (…). C’est de la prise en main de leurs propres affaires par les salarié-e-s eux et elles-mêmes que dépend la préparation d’une contre-offensive, d’un mouvement d’ensemble, d’une grève générale, capable d’imposer les revendications du plus grand nombre. (...) C’est la seule alternative pour un gouvernement des travailleurs/euses ». Notre campagne et notre candidatE doivent s’en faire les porte-voix.

Équipe d’animation PFA

 

Plateforme B - Le NPA peut et doit se rassembler pour la campagne présidentielle

Les plateformes A et C expliquent en miroir que leurs orientations sont très différentes, voire inconciliables, et caricaturent les positions des autres. Elles nous somment de choisir et menacent de ne pas faire campagne si elles sont minoritaires.

Les divergences internes existent. Mais une CN n’est pas un congrès de rattrapage où nous devrions choisir une orientation et élire une direction majoritaire, ce que nous n’avons pas réussi à faire au dernier congrès. à la CN présidentielle, nous avons à nous mettre d’accord sur unE candidat, et sur les messages politiques que nous voulons porter à l’extérieur, qui articulent une politique de front unique et la défense d’un projet anticapitaliste.

Or les convergences existent au sein du NPA, sur l’analyse de la situation politique ou sur l’intervention concrète dans les luttes et les mobilisations. On l’a encore vu au CPN de novembre où a été largement adoptée une résolution politique sur la situation post-attentats. Les textes des 2 plateformes A et C traduisent en creux cette plage d’accord, leurs divergences ne sautent pas aux yeux.

Une campagne présidentielle doit être faite par une grande majorité du NPA, elle ne peut pas l’être par une grosse moitié du parti contre l’autre, ou avec une moitié en spectateur. Nous refusons de nous aligner sur la A ou la C. Pour sortir du blocage actuel, nous proposons une démarche de rassemblement, sans exclusive contre telle ou telle sensibilité. Nous nous battrons jusqu’au bout à la CN pour que se dégage une large majorité de délégués voulant mener campagne ensemble. Sur la base d’axes politiques qui nous semblent partagés, à débattre et à décliner en fonction de l’évolution de l’actualité :

- Redonner la parole au monde du travail

Par les luttes et les mobilisations dans l’unité d’action la plus large, pour leur convergence dans un mouvement d’ensemble de la classe ouvrière contre les attaques sans précédent du patronat et du gouvernement. Les exploitéEs doivent prendre leurs affaires en main. Il y a urgence face à la montée du FN.

- Contre la dérive antidémocratique et raciste

Contre l’instauration d’un État de plus en plus répressif, contre l’état d’urgence, corollaire de cette politique anti-sociale. Contre la stigmatisation des migrants et des musulmans notamment et la montée du racisme, engendrée par cette politique sécuritaire.

- Imposer des mesures de rupture face à la crise

Pour des mesures d’urgence sociales, démocratiques, féministes, écologistes et internationalistes qui s’attaquent à la propriété privée et aux lois de l’économie capitalistes : interdiction des licenciements, augmentation massive des salaires, partage du temps de travail, abandon des grands projets inutiles, expropriation des banques, des multinationales, planification sous le contrôle de la population, etc.

- Préparer la rupture avec le capitalisme

Pour en finir avec la crise structurelle et globale du capitalisme, il faut rompre avec ce système et ses institutions. Cela passe par la construction d’une représentation politique des exploitéEs qui défende de façon intransigeante leurs intérêts. Ce que montre le recul des révolutions arabes, le diktat de la troïka et la capitulation de Syriza en Grèce, etc.

L’élection présidentielle structure l’ensemble de la vie politique française. Le NPA ne peut pas en être absent, sous peine d’être invisible pendant plus d’un an. Alors ne ratons pas cette CN. L’avenir du NPA en dépend...

Plateforme C - Une campagne pour une nouvelle représentation des oppriméEs et des exploitéEs

Dans la séquence présidentielle désormais ouverte dans le pays, et alors qu’avec la mode des primaires, les débats vont d’abord se focaliser sur la recherche de la personne providentielle représentant chaque camp, le premier enjeu pour notre parti sera de contribuer à démasquer les objectifs des classes dominantes.

Relancer les mobilisations

Les principaux candidats de droite comme du PS se placeront tous dans la voie du durcissement de la guerre sociale contre les salariéEs et contre les peuples. Celle-ci prend aujourd’hui la forme d’un État de plus en plus autoritaire, de l’état d’urgence permanent, des politiques racistes et islamophobes visant à faciliter la remise en cause systématique des droits des salariéEs et aggraver les conditions d’exploitation au seul profit du patronat. La menace bien réelle du FN, pourtant nourrie par les politiques austéritaires et racistes menées dans la continuité de Sarkozy par Hollande-Valls, va servir d’épouvantail pour tenter d’écarter les voix alternatives ou concurrentes.

Dans ce contexte, où les confédérations syndicales sont l’arme au pied quand elles n’accompagnent pas les politiques gouvernementales et patronales, la relance des mobilisations doit être la préoccupation principale des militantEs du mouvement social qui ne renoncent pas à un projet de transformation sociale et écologique. Infliger des défaites au gouvernement sur des projets comme Notre-Dame-des-Landes ou comme la déchéance de la nationalité, empêcher les militants de Goodyear d’aller en prison, défendre le code du travail, sont des objectifs qui contribueraient à améliorer le rapport de forces.

Redéfinir un programme de lutte unifiant

Mais cela ne résout pas le problème auquel sont confrontés celles et ceux d’en bas : celui d’une nouvelle représentation politique des oppriméEs et des exploitéEs, qu’aucune primaire à gauche ou candidatures autoproclamées de Jean-Luc Mélenchon ou de Nathalie Arthaud ne pourra incarner. Car la reconstruction d’un mouvement ouvrier et écologiste de combat – qui était un des objectifs de la fondation du NPA – impose de remettre en débat des objectifs s’adressant à l’ensemble du mouvement.

Il s’agit de redéfinir un programme de lutte unifiant contre l’offensive néolibérale, s’attaquant à la propriété capitaliste, défendant la perspective d’une opposition unitaire, indépendante du PS, ainsi que celle d’une démocratie par et pour celles et ceux d’en bas, en rupture totale avec les institutions de la république bourgeoise et de son personnel qui fait de la politique un métier et écarte la majorité de la population des décisions.

Rompre avec les trahisons et l’impuissance pour construire

Pour être utile, le NPA doit répondre à ces enjeux. Cela impose de concevoir une candidature non pas comme la possibilité d’exprimer une énième proposition à la gauche du PS ou une deuxième candidature « révolutionnaire », mais comme une démarche visant à poser le problème de la façon dont les exploitéEs et les oppriméEs – dont une nouvelle génération militante prend sa place dans le mouvement, notamment dans les luttes écologistes – cherchent à se représenter elle-même.

Notre campagne présidentielle n’aura d’utilité que si elle nous met en situation de nous adresser à cette nouvelle génération, ce qui suppose que notre candidate ou notre candidat puisse porter largement les questions de la précarité, de l’écologie, du féminisme et de l’antiracisme, mais aussi qu’elle ou il puisse proposer de construire une nouvelle force politique, en rupture aussi bien avec les trahisons et renoncements de la gauche réformiste qu’avec les vieilles impuissances des organisations révolutionnaires. C’est le sens de la campagne que nous proposons.

Sandra Cormier, Sandra Demarcq, Émile Fabrol, Côme Pierron, Christine Poupin et Laurent Ripart