Jean-Michel, ils étaient une cinquantaine, tes amis Gilets jaunes et camarades CGT, à être venus te faire leurs adieux, malgré le confinement, devant le funérarium de Montbéliard. Tu étais une figure des Gilets jaunes d’Audincourt comme tu l’avais été à la CGT au début de ta carrière aux automobiles Peugeot à Sochaux.Nous t’avons connu au milieu des années 1970, tu étais délégué CGT, très copain avec notre camarade Philippe Marchaux, lui-même délégué CGT et poussé au suicide par la maîtrise Peugeot. À cette époque consécutive à 68, Peugeot faisait la guerre à ces jeunes délégués CGT combatifs, parfois « établis » comme Philippe. Il fallait éliminer les militants des secteurs stratégiques, comme les chaînes de montage. Et Philippe en a fait les frais : poste de travail dégueulasse… et des chefs qui ne le lâchaient pas : avertissements, mises à pied, retrait sur salaire…
Toi, Jean-Michel, tu réagissais avec ton caractère, un peu anar, un peu provoquant, tu ne craignais pas le scandale, par exemple tu étais capable de montrer ton cul à un chef qui t’emmerdait. Peut-être que ces chefaillons y regardaient à deux fois avant de t’attaquer, ils avaient d’ailleurs jeté leur dévolu sur Philippe.
Philippe t’avait fait entrer à la LCR. Sa mort fut cruelle pour toi.
Un grave accident de travail dont tu ne t’es jamais remis a entraîné des séjours à l’hôpital suivis de retours au boulot, ce qui a ponctué ta fin de carrière. Faire reconnaître tes droits n’a pas été facile et tu t’es battu jusqu’au bout pour cela.
Grand cœur, tu as pris en charge ta maman handicapée ainsi que ton frère, sans jamais te plaindre.
Dès que le mouvement des Gilets jaunes est apparu, tu as été des leurs, présent à toutes les initiatives, à toutes les prises de risque. Tu étais tellement plein de convictions que tu ne lâchais rien même si tu étais tout seul.
Le corona est cependant venu à bout de toi !
Quel souvenir tu vas nous laisser ? Une image de provocateur certes, mais tellement humaine et généreuse.Marylène, Ophélie et Gwanaële sauront poursuivre ton combat.