Après la nomination d’un ancien gendarme comme proviseur adjoint chargé de la sécurité dans le lycée, le conseil d’administration à voté l’installation de caméras de vidéosurveillances.
Après une crise sanitaire d’ampleur ou il fallait absolument rouvrir les établissements scolaires pour ramener les décrocheurs à l’école, à Stains on met des caméras sans aucune concertation. La direction de l'établissement s’était engagée à organiser une consultation de l'ensemble des acteurs de la communauté éducative, des élèves et de leurs parents avant un potentiel vote au CA : cela n'a pas été fait.
Cette mise en place de vidéosurveillance est une dangereuse dérive sécuritaire dans les établissements scolaires. Les recherches sur le sujet prouvent que les caméras ne résolvent rien et nous réaffirmons que seul des moyens humains peuvent améliorer le climat scolaire. Les élèves, déjà fortement fragilisés par les effets de la crise sanitaire et du confinement, vont faire leur rentrée en septembre prochain dans des conditions extrêmement dégradées en raison d’une baisse importante des moyens horaires affectés au lycée Maurice Utrillo. Quel message envoyons-nous aux élèves et à leurs familles quand nous prenons le temps de débattre longuement de leur surveillance alors que nous ne savons même pas comment les accueillir dignement en septembre ?
Il y a une seule infirmière pour 1 200 élèves, une seule assistante sociale, deux psychologues de l’Éducation nationale (anciennement conseillères d’orientation) présentes par intermittence.
Tous les ans, nous demandons l’augmentation des effectifs socio-éducatifs. Tous les ans, le rectorat refuse. L’épidémie et le confinement ont accentué leur charge de travail : ces personnels doivent aider des élèves dans des situations économiques et psychologiques plus précaires que jamais. S’il restait des doutes sur la nécessité de mieux financer les établissements de Seine-Saint-Denis, ces trois derniers mois auraient dû les balayer. Pour autant, à l’horizon, aucune annonce du ministère de l’Éducation nationale.
Là où les élèves sont censés étudier, trouver refuge, se parler, « devenir citoyens », ils seront désormais sous surveillance. Investir dans des caméras en pensant supprimer la violence et la misère, c’est refuser d’investir ailleurs. C’est fermer les yeux sur l’abandon total d’un territoire par l’État.
Le message est clair, moins de moyens pour l’éducation, davantage pour la surveillance et la répression.