Publié le Dimanche 27 juin 2021 à 19h00.

« Le RN veut prendre le pouvoir et doit donc donner une bonne image dans les municipalités qu’il gère »

Julien Berthélémy est secrétaire général de l’Union départementale de la CGT 66 (Pyrénées-Orientales). Nous l’avons rencontré à l’occasion de la préparation de la mobilisation organisée à Perpignan le 3 juillet prochain, lors du congrès du Rassemblement national.

 

Peux-tu nous parler un peu de la situation locale par rapport à l’extrême droite ? le poids du Rassemblement national, les changements qui se sont produits avec l’arrivée de Louis Aliot à la mairie de Perpignan, etc.
Malheureusement, l’extrême droite sur le département, ce n’est pas très nouveau. On sait que l’extrême droite se développe sur fond de précarité, de chômage et de débats liés à l’immigration, et le moins que l’on puisse dire est que tout le pourtour méditerranéen est largement impacté par ces problématiques sociales et par ces idées nauséabondes qui prennent de l’ampleur.

La réalité, c’est que c’est sur nos défaites que se construit l’extrême droite et qu’elle se développe sur l’ensemble du territoire. Et quand je dis nos défaites, je parle surtout des politiques libérales menées par les différents gouvernements… Et il faut arrêter de se mentir : l’extrême droite est l’alliée du grand patronat, elle divise les travailleurEs et aide le néolibéralisme à se développer.

On vient d’avoir les résultats [du premier tour] des élections, avec une extrême droite bien implantée sur le département, et ce qu’on remarque c’est que le RN s’est bien implanté sur Perpignan, où le RN est en tête quasiment partout. Et puis on voit la réalité de l’abstention, avec tous ces gens déçus des politiques menées localement comme nationalement, les gens n’y croient plus, ne vont plus voter et ça fait monter le vote d’extrême droite.

Sur Perpignan, l’élection d’Aliot est assez récente, donc ce n’est pas évident d’avoir un vrai retour sur les conséquences de son accession à la mairie de Perpignan. Mais tout de même : la première chose qu’il a faite c’est de s’augmenter, et puis aussi de refaire le logo de la mairie et d’enlever les drapeaux catalans, pour valoriser le drapeau national et enlever tout ce qui est identitaire de la Catalogne.

Au niveau de la mairie de Perpignan, la CGT n’est pas tellement implantée. Le syndicat majoritaire c’est Force ouvrière, et on voit qu’ils s’accommodent assez bien de ce qui se passe… C’est ça aussi la réalité : face à l’extrême droite, on n’a pas tous le même engagement syndical d’une organisation à l’autre… Mais c’est clair que notre objectif est de vraiment nous implanter à la mairie, en tant que CGT, pour défendre les salariéEs.

Ce qu’on voit tout de même, c’est que dès le départ Aliot s’est entouré de personnalités locales, il ne s’est pas présenté avec l’étiquette Rassemblement national, et son objectif est clairement de ne pas lâcher la mairie. Moi je viens de Béziers, et les choses se ressemblent : tout tourne autour de la communication, avec un discours qui a été lissé, etc. Aliot ne veut pas se donner une image d’opposant, il veut montrer un visage sérieux, responsable : ils veulent prendre le pouvoir et doivent donc donner une bonne image dans les municipalités qu’ils gèrent.

Comment se prépare la mobilisation du 3 juillet ?
Le 3 juillet, c’est le congrès du Rassemblement national qui va consacrer Marine Le Pen comme candidate à l’élection présidentielle. Nous on veut mobiliser contre le Rassemblement national mais pas seulement, aussi contre toutes les idées d’extrême droite qui prennent partout de l’ampleur : on les voit tous les jours à la télé, dans les médias, tu allumes la télé et tu vois bien que l’extrême droite est partout, et puis on le voit aussi au niveau local avec les élus de droite qui n’hésitent pas à s’allier avec l’extrême droite.

L’appel à la mobilisation du 3 juillet est un appel large, avec une quarantaine d’organisations, avec des associations comme la LDH, des partis politiques comme le NPA, le Parti communiste, toute la gauche qui est partie prenante, et comme organisations syndicales on retrouve la CGT, la FSU, Solidaires et la CNT. Notre objectif n’est pas d’aller à l’affrontement contre le Rassemblement national, mais c’est d’essayer d’organiser une initiative revendicative, populaire, festive, conviviale, pour faire entendre autre chose que l’extrême droite et, on l’espère, focaliser un peu l’attention des médias sur le fait qu’il existe encore des gens avec des valeurs, pour la paix, la solidarité entre les peuples, etc.

Au niveau de la région, plusieurs choses s’organisent, même si c’est de manière inégale. Tout le monde joue le jeu, ou essaie de le faire, en organisant des bus depuis tout le pourtour méditerranéen pour venir à Perpignan le 3 juillet, plusieurs centaines de camarades vont venir, etc. C’est important d’être nombreux bien sûr, et puis on prendra soin de mettre en place un important service d’ordre, car on veut que les choses se passent le mieux possible et qu’il n’y ait pas d’incidents.

Propos recueillis par Julien Salingue