Publié le Mercredi 16 mai 2018 à 13h11.

Amargi ! Anti-tragédie de la dette

De la compagnie ADA-théâtre. Jusqu’au 6 juin 2018 à la Manufacture des Abbesses, 7, rue Véron, 75018 Paris. Les dimanche (20 h), lundi, mardi et mercredi (21 h).

Magique ! Du théâtre pour tout comprendre (ou presque) du système bancaire, comment il fonctionne (et nos vies avec) sur le principe de la dette, de nos dettes. Et ce n’est pas une conférence assommante, mais une vraie pièce de théâtre, avec des personnages, leurs histoires, des comédienEs formidables, une mise en scène simple mais astucieuse et colorée, et un percussionniste qui rythme le tout. Et on rit souvent !

Voyage à travers le temps et l’histoire de l’argent

Pourquoi Amargi ? Il vous faudra suivre la troupe jusqu’en Mésopotamie, deux mille ans avant notre ère : « la civilisation sumérienne avait inventé la monnaie, le crédit, la dette – et son antidote : Amargi (…) l’annulation de toutes les dettes, ardoises à zéro ; c’était un rituel fréquent, auquel le pouvoir se livrait chaque fois que l’ordre social était trop gravement menacé par les crises de la dette, vieilles comme la monnaie ». Auparavant, on aura commencé par le désarroi d’une jeune femme endettée par l’achat de son logement et qui tente de comprendre d’où vient l’argent de la banque, et ensuite un voyage à travers le temps et l’histoire de l’argent, la prison pour dette, les assignats, la Grèce, le traumatisme de l’hyperinflation dans ­l’Allemagne des années 1930…

Le dernier quart d’heure nous projette dans un futur possible, organisé autour du salaire à vie. Comment cela fonctionnerait et comment on y arriverait (pas en douceur !). ­L’endettée du début, en voyant ce monde à l’envers (ou remis à l’endroit) comprend mieux ce qui ne va pas dans le système. ConvaincuE ou pas par Bernard Friot et le revenu universel, on sort heureux et assuré qu’on a raison de se révolter, de se battre pour l’annulation de la dette et d’imaginer un autre monde. Parce qu’on n’a pas assisté à une démonstration, mais à un de ces moments où l’art et la réalité se rencontrent avec un peu de magie en plus… Le lapin est peut-être dans le chapeau (le haut-de-forme du capitaliste bien sûr).

Isabelle Guichard

http://ada-theatre.blogs…