Publié le Mercredi 11 janvier 2023 à 11h31.

Avatar : la voie de l’eau, de James Cameron

Film américain, 3 h 12 min, sortie le 14 décembre 2022.

Que cache le phénomène Avatar ? En réplique au raz-de-marée du premier film sorti il y a 13 ans, le nouveau blockbuster du réalisateur de Titanic explose actuellement de nombreux records du box-office mondial. Est-ce seulement le produit d’un marketing audacieux ou le résultat des nombreuses prouesses techniques qui émaillent le film ?

Si le cinéma est depuis le début du siècle dernier une industrie sensible aux progrès techniques (le passage du muet au parlant, du noir et blanc à la couleur, de la bonne vieille pellicule au numérique…), nul doute que le dernier film de James Cameron marque une nouvelle étape dans la dimension immersive et quasi-foraine du cinéma. N’oublions jamais que c’est là que tout a commencé. Une planète aux milles mondes entièrement créée en numérique ; des figures extraterrestres jouées par de véritables acteurs dont les expressions et actions sont littéralement « capturées » pour leur donner vie ; une 3D pensée par et pour la mise en scène, avec une augmentation du nombre d’images à la seconde (de 24 à 48) pour fluidifier ce grand spectacle… Au niveau technique, le premier Avatar avait — au moins — une décennie d’avance… et n’aura au final été rattrapé que par cette suite !

Des prouesses techniques au service d’un récit à la vision écologique trop mystique

Mais au service de quel récit assiste-t-on à un tel déploiement technique ? Une décennie après le premier opus, Jake Sully, l’ex-soldat devenu « na’vi » (le peuple autochtone de la planète Pandora), a fondé une famille et entend mener une vie paisible en harmonie totale avec son environnement. Pourtant, tout comme son peuple, il est de nouveau confronté à la rapacité d’une humanité qui veut mettre la main sur les ressources de Pandora… C’est sans nul doute dans les enjeux et le traitement de cette histoire que résident des faiblesses, voire des limites, auxquelles Cameron ne nous avait pas habituéEs. La narration, encore fondée sur des archétypes, peut tomber dans quelques caricatures, et on préférera l’anticolonialisme virulent du premier film à la vision écologique quelquefois par trop mystique de ce film (même si bien sentie concernant la destruction des écosystèmes par un mode de production prédateur). On aura même le droit d’être carrément gênéEs par la vision malheureusement patriarcale du modèle familial porté au cœur du récit, même si le dernier acte permet de renouer avec les figures de femmes émancipées et guerrières déjà rencontrées dans la filmographie de James Cameron.

Pour autant, à mille coudées au-dessus de la médiocrité de la quasi-totalité des franchises récentes du cinéma US, ce blockbuster d’auteur reste bien l’expression de la vitalité d’un Hollywood qui ne veut pas mourir.