Publié le Mercredi 7 juin 2017 à 18h44.

BD : Les tribulations d’Alphonse Madiba dit Daudet

Scénario de Christophe Ngalle Edimo et dessin de Al’hata, L’Harmattan BD, 2016, 16,50 euros. 

Cette BD fait partie de la (déjà) trentaine d’ouvrages d’auteurs africains édités par l’Harmattan BD. Rien que pour cela, dans un art cerné par l’école franco-belge, le comics américain et le manga japonais, cela vaut le détour.

Dans cet album qui rassemble deux « aventures » d’Alphonse Madiba, nous faisons la connaissance de ce post-étudiant un peu perdu qui, expulsé de France, est renvoyé dans son pays d’origine, la République de Balaphonie... Dur retour à la réalité de son pays d’origine où, outre la honte d’avoir été renvoyé sans le sou et sans titre universitaire, il faut faire face à sa famille et se débrouiller comme on peut pour (sur)vivre... En attendant le retour tant espéré en France, le pays d’Alphonse Daudet, la ­référence de notre héros.

Dans un tonalité plutôt légère, avec humour (quelquefois un peu lourd), le récit montre comment ce vrai pied-nickelé de Madiba tente de s’en sortir, de façon pas toujours légale... Au-delà de l’itinéraire de ce « héro », c’est à la fois la mise en scène des aspirations d’une jeune génération africaine qui ne voit d’avenir que hors de son pays d’origine, et le portrait très grinçant (et pas toujours dénué des clichés que nous connaissons) du difficile quotidien, entre combines et corruption. La polygamie, le scam (arnaque financière sur internet), la recherche incessante des papiers nécessaires pour le retour en France... tout y passe. Regrettons tout de même que le néocolonialisme français n’apparaisse pas aussi clairement qu’il le devrait dans ce tableau, quand on connaît sa responsabilité dans l’état des lieux de cette Afrique francophone...

Digne d’une comédie, le récit est rythmé. Assez soignés, le trait et la mise en couleur sont très plaisants. Le tout est agrémenté d’une préface du célébrissime Maître Gims qui rend hommage au dessinateur. Ne pas hésiter à y jeter un œil, voire les deux !

Manu Bichindaritz