Publié le Mercredi 12 juillet 2017 à 13h07.

Cinéma : Le Caire Confidentiel

 

Le Caire confidentiel de Tarik Saleh Avec Fares Fares, Mari Malek et Yasser Ali Maher. Sortie le mercredi 5 juillet

Le titre français (titre original : The Nile Hilton Incident) fait référence au film de Curtis Hanson L.A. confidential. Comparable par le genre, la ville, les flics, les « femmes fatales », mais pas plus. Plutôt l’anti L.A. : ici pas de super flics tirés à quatre épingles, mais un point de vue au ras du sol d’une ville grouillante, au niveau des flics du quartier, ripoux, qui se la partagent en coupe réglée. Une chanteuse assassinée dans une chambre du Nile Hilton sous les yeux d’une femme de ménage soudanaise. Nourredine enquête mais chaque question qu’il pose l’expose de plus en plus.

L’histoire se situe juste avant la chute de Moubarak en 2011, et le tournage a lui même été perturbé par la censure. Tarik Salem s’est vu interdire à la dernière minute le tournage au Caire et a dû se rabattre sur la ville de Casablanca où il a recréé sa ville en studio. Une prouesse tant le résultat est époustouflant. Presque jamais de grands espaces qui n’ont rien à dire tant ils sont plats et désertiques : la ville toute en gros plan, des rues sordides aux luxueuses villas de la coterie des amis du président. Et la corruption à tous les étages.

Pourquoi ce flic s’acharne-t-il alors que tout l’incite à passer à autre chose ? Est ce l’irruption progressive du Printemps arabe que l’on voit croître sur les petits écrans depuis la Tunisie puis dans les rue du Caire ? Est ce la beauté des chants, l’assassinat des femmes, qui rendent cette fois-ci l’arrogance des puissants insupportable ? Sa quête accompagne la volonté de justice de la population du Caire qui monte à l’assaut du régime, de la corruption. Il en mesure les limites, annonciatrices de la contre-révolution du maréchal Sissi. Reste que le cinéma égyptien, comme celui de tous les pays qui ont vu leur population se soulever, connaît depuis une sacrée vitalité.

Jean-Marc Bourquin