De et avec Jafar Panahi.
Sortie le mercredi 15 avril.
Ce film est un petit film, presque un exercice de style, mais qui prend un relief particulier par les conditions qui sont faites à Jafar Panahi. Interdit de filmer, interdit de sortir d’Iran pendant 20 ans. Rappelons qu’il a participé aux mobilisations de l’opposition lors de la réélection d’Ahmadinejad en juin 2009. Arrêté en mai 2010 il est libéré sous caution après une grève de la faim. Malgré cela, il tourne dans le plus grand secret Ceci n’est pas un film puis Pardé, des films primés ou diffusés dans les plus grand festivals de cinéma.
Taxi Téhéran est son troisième film clandestin lui-même primé à Berlin. De bric et de broc, il tourne dans sa voiture, et se met en scène faisant le taxi. On le suit, de client en client, qui chacun amène un bout d’humanité, loufoque, débrouillarde, dramatique. Cette errance dans la ville peut devenir ennuyeuse, mais gagne en intensité quand les enjeux et les risques de cet exercice reviennent en force dans la dernière partie.
La caméra existe par elle-même, c’est un personnage du film. Jafar Panahi peut s’éloigner, elle continue seule à tourner indépendamment de lui. Il utilise sa nièce, une gamine d’une dizaine d’années, qui filme aussi en même temps qu’elle est filmée. Une façon de dire que rien ne peut empêcher le cinéma de vivre. Malgré tout on peut être gêné par la forme faux documentaire choisi par Jafar Panahi. Il n’en reste pas moins l’acte militant et courageux d’un cinéaste interdit.
Jean-Marc Bourquin