De Negar Azarbayjani. Avec Ghazal Shakeri, Shayesteh Irani et Homayoun Ershadi. Sortie le mercredi 13 mai.
Ce film est un peu une surprise dans ce que l’on croit pouvoir attendre d’un film iranien, d’autant qu’il semble bien être sorti en 2012 sur les écrans du pays. Une femme, Rana, doit subvenir aux besoins de sa famille lorsque son mari se retrouve en prison pour dettes. Elle décide de compléter son salaire en faisant le taxi avec la voiture achetée à crédit. Elle doit le faire en cachette (y compris de son mari) car, dans l’Iran d’aujourd’hui, ce n’est pas un métier convenable pour une femme, surtout quand il s’exerce en partie la nuit. D’autant que Rana appartient à un milieu religieux. Dans des circonstances mouvementées, elle rencontre une étonnante passagère : Adineh. Celle-ci veut fuir sa famille pour partir se faire opérer en Allemagne et devenir pleinement ce qu’elle se sent être : Edi, un homme.
Le film aborde donc ouvertement la question de la transsexualité. Si Edi veut partir en Allemagne, ce n’est pas parce qu’elle ne pourrait pas se faire opérer en Iran (c’est possible et légal depuis une fatwa de Khomeiny), mais c'est à cause de ce qu’elle endure de la part de sa famille et de son environnement. La confrontation avec Rana, traditionaliste, n’est pas simple au départ. Le film se veut parfois un peu trop pédagogique, d’où des passages un peu longuets. Mais, au total, c’est intéressant et éclairant sur les paradoxes de l’Iran. Un pays où l’homosexualité est honnie et durement réprimée, jusqu’à la peine de mort, au point que certains homosexuels se résolvent à subir une intervention de changement de sexe.
Henri Wilno