Documentaire, Mille et une films 2023, 52 minutes. Disponible sur le site de France TV (La France en vrai - Bretagne).
«De plus en plus influents, les militants de la cause animale œuvrent pour que l’humanité cesse d’exploiter les animaux. De mon côté, je suis depuis toujours omnivore. Mais depuis quelque temps une question me taraude : pourquoi continuer à tuer des animaux si on peut faire autrement ? Pour mieux comprendre, je me lance un défi : être végan pendant 100 jours ! »1
100 jours, pourquoi 100 jours ?
L’auteur parle de défi... En effet, ce n’est pas un pari idiot de plus, ce n’est pas n’importe quoi ! La démarche — car c’est une démarche — procède d’une interrogation qui, pour faire l’objet d’une mise en scène et d’un scénario, n’en semble pas moins sincère... Première question : à quoi ce défi expose-t-il la personne qui se lance dans cette aventure ? Mathurin fait ça bien. On s’approche avec lui d’une démarche scientifique : il passe une visite médicale avant (puis une autre après), il se documente très précisément, se forme pour assumer techniquement (en cuisine, quoi...) la mise en œuvre d’une autre alimentation... Petit détail, il ne vit pas seul. On perçoit alors les tensions que provoque sa démarche auprès de son entourage familial, amical... L’ironie, la raillerie, un soupçon d’agressivité quand il s’installe dans la durée...
Puis surgit la question : Végan, mais encore ? Alors Mathurin va à la rencontre des antispécistes, en particulier de celleux qui animent de temps à autre la place de la République à Rennes. Il les écoute, leur donne la parole, leur fait part de ses doutes, échange avec eux, de là où l’on parle quand on est un omnivore assumé depuis toujours...
Que faire ? Le 101e jour ?
100 jours passés, il est clair que Mathurin reste sur sa faim... Il continue ! Comme si l’expérience, pour être concluante, devait se poursuivre un peu. À moins que la prolongation ne soit le signe d’un basculement possible... Deviendrais-je vraiment végan ?, semble-t-il se demander. Le plus dur n’est-il pas passé, socialement, moralement ? Alors l’auteur élargit le débat, d’une manière directement politique, en laissant la parole à un éleveur de la Conf’, tenant de l’élevage paysan, convaincu de proposer un autre modèle, puis à une philosophe au discours plutôt raide et très normatif, et enfin à une politologue pragmatique...
Les propos de son entourage se radicalisent, n’est-il pas en train de basculer du côté obscur de la force ? Son expérience, perçue comme une bizarrerie au départ, ne tourne-t-elle pas à autre chose — on lui parle de secte, de dogme... C’est un peu appuyé, voire caricatural, et cela peut, malheureusement, apparaître comme une conclusion (puisque c’est à la fin), un retour à la normale (à la raison ?)... Pourtant, l’auteur semble bien ébranlé, comme prêt, à la moindre occasion, à repasser le pas...
- 1. Présentation auteur.