Publié le Mercredi 23 décembre 2020 à 15h24.

Des livres à lire et à offrir : la sélection de la librairie La Brèche

Des livres à commander (parmi tant d'autres !) sur le site de la librairie La Brèche

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Écologie

Trop tard pour être pessimistes !, de Daniel Tanuro 

Textuel, 324 pages, 19,90 euros.

Dans ce nouveau livre, préfacé par Michael Löwy, Daniel Tanuro fait le point sur la catastrophe actuelle (biodiversité, réchauffement climatique, catastrophe sanitaire...) et analyse avec brio la responsabilité du capitalisme dans ce cataclysme. Après une introduction réservée à la crise mondiale engendrée par le coronavirus, l'auteur dissèque les propositions soumises par le GIEC et démontre leur dangerosité. En effet le livre de Daniel Tanuro est avant tout une critique documentée de la destruction capitaliste du monde et de l'anthropocène (chapitre 1) ainsi que de l'impasse que représentent les solutions capitalistes et intergouvernementales à la crise, qui misent sur la séquestration du carbone dans les sols et sur des astuces financières pour limiter la catastrophe (chapitre 2). Le troisième chapitre est une critique de l'idéologie dominante et de la façon dont elle imprègne les sciences. La suite du livre revient sur les raisons de l'incompatibilité entre l'écologie et de capitalisme et polémique avec les différentes variantes de l'écologie politique, collapsologues mais aussi primitivistes, Jacques Ellul ou les différents courants de l'écologie libérale. Enfin s'appuyant sur les contributions de Karl Marx, Daniel Tanuro élabore les grandes lignes stratégiques et programmatiques d'une politique écosocialiste capable de répondre aux défis du temps. D'une remarquable pédagogie, Trop tard pour être pessimistes ! est essentiel pour armer la contestation écologiste et lui permettre de réaliser son potentiel de transformation de la société en évitant les pièges tendus de toutes part. C'est aussi une admirable réhabilitation de l'écologie critique de Karl Marx.

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Écologie 

Comment saboter un pipeline ?, d'Andreas Malm

La Fabrique, 216 pages, 14 euros.

Derrière le titre amusant se cache en fait une proposition singulière de réhabilitation de l'action directe et du sabotage. Andreas Malm, qui se revendique du « léninisme écologique » et que l'on connaît le plus souvent pour son analyse historique du capital fossile dans son précédant ouvrage l'Anthropocène contre l'histoire, montre que le sabotage, loin de se réduire à une stratégie substitutiste, a été une tactique opérante pour de nombreux mouvements de résistance contre l'occupation, l'apartheid ou les guerres impérialistes. Le mouvement écologiste lui semble à bien des égards être « trop gentil ». Et cette absence de radicalité n'est pas que programmatique, elle se retrouve aussi dans les moyens d'actions choisis ou plutôt dans ceux qui sont dogmatiquement refusés. Une importante partie du livre de Malm est consacré à la démonstration que le pacifisme dogmatique de la majorité des militantEs écologistes repose sur un récit hégémonique pourtant faux et trompeur, de l'histoire des luttes (notamment des luttes antiracistes sud-africaines et étatsuniennes). Le livre remet donc en lumière l'importance non négligeable du sabotage dans la lutte contre l'apartheid ou de l’autodéfense dans la lutte des droits civiques. 

Si le ton léger rend la lecture très agréable, l'argumentation n'en est pas moins rigoureuse et on prend plaisir à suivre Malm dans sa polémique avec Extinction Rebellion. Enfin il faut souligner que ce livre fourmille de pistes stratégiques pour allier mouvement de masse et radicalité d'action avec comme exemple la campagne initiée par Malm de neutralisation des SUVs ou les camps climats d'Ende Gelände.

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Féminisme

Pourquoi les femmes ont une meilleure vie sexuelle sous le socialisme ?, de Kristen Ghodsee

Lux, 288 pages, 20 euros. 

Le capitalisme nuit gravement. Surtout aux femmes. Il les confine à la dépendance envers les hommes et les contraint de soumettre leurs relations intimes à des considérations économiques. Voilà ce que Kristen Ghodsee a conclu des vingt années qu’elle a passées à observer les répercussions de la transition du socialisme d’État au capitalisme sur le quotidien des habitantes des pays de l’ancien bloc de l’Est. Sans pour autant réhabiliter les dictatures du communisme réel, elle démontre qu’il y avait beaucoup à sauver des ruines du Mur, et que, contre le mortifère triomphalisme néolibéral d’aujourd’hui, il est encore temps de raviver l’idéal du socialisme.

D’une plume libre et généreuse qui va de l’anecdote personnelle à l’analyse de statistiques, en passant par les notes de terrain, l’anthropologue s’adresse d’abord aux jeunes femmes, puis à quiconque souhaite contrecarrer les effets délétères du libre marché. Sous l’égide des grandes figures féministes du socialisme, Alexandra Kollontaï, Rosa Luxemburg, Clara Zetkin, elle aborde tous les aspects de la vie des femmes – le travail, la famille, le sexe et la citoyenneté – et propose des pistes pour qu’elles aient une vie (sexuelle) plus épanouie.

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Féminisme 

Ne nous libérez pas, on s'en charge, de Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel

La Découverte, 750 pages, 25 euros. 

Comment les féminismes ont-ils émergé en France ? Doit-on parler de « féminisme bourgeois » ? Quels liens ont existé entre féminismes et socialismes ? Y a-t-il eu des féminismes noirs ? Les féministes étaient-elles toutes colonialistes ? Existe-t-il des féminismes religieux ? Comment s’articulent mouvements lesbien, gay, trans et mouvements féministes ? Quel a été le rôle du féminisme institutionnel ? Qu’est-ce qui est nouveau dans les groupes féministes aujourd’hui ? Qu’est-ce que révèle #Metoo sur la capacité des femmes à se mobiliser ?

Ce livre entend fournir quelques clés indispensables afin de penser les féminismes d’hier et d’aujourd’hui à la lumière des grands défis contemporains, des inégalités sociales, raciales et de genre. Cette sociohistoire renouvelée des féminismes rend compte des stratégies plurielles déployées par les femmes et les hommes féministes qui ont combattu les inégalités entre les sexes et l’oppression spécifique des femmes, de la Révolution française à nos jours. 

On vous conseille également Rage Against the machisme, l'excellente histoire du féminisme de Mathilde Larrère, également parue cette année, aux éditions du Détour.

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Antiracisme 

Racismes de France, dirigé par Omar Slaouti et Olivier Le Cour Grandmaison 

La Découverte, 368 pages 22 euros.

Contre les reproches qui sont fait aux militantEs antiracistes de vouloir importer les débats spécifiques aux États-Unis, ce livre permet d'aborder les racismes dans leur réalité française. Il comporte 23 contributions, en trois parties. Les premiers chapitres examinent chacun un domaine où s'exerce le racisme : le droit xénophobe, les exactions policières et la prison raciale, une presse qui déverse quotidiennement le poison raciste, les discriminations à l'école, au travail, dans la santé ...

La deuxième section analyse les incarnations particulières du racisme en France : la négrophobie, le racisme anti-tsiganes, anti-asiatiques, l'islamophobie et l'antisémitisme. Mais aussi la constitution de l’État comme État racial et la construction de la blanchité et des BlancHEs par le privilège de l'ignorance de leur couleur.

Enfin la dernière partie du livre est consacrée aux résistances : intersectionnalité, parole noire, rap et littérature, place du sport dans l'émancipation …

Probablement le livre le plus complet pour s'emparer des armes de l'antiracisme politique et attaquer de front la domination raciste française. 

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Économie 

Les Limites du capital, de David Harvey 

Amsterdam, 592 pages, 28 euros. 

Fruit d’une décennie de recherches, Les Limites du capital propose une théorie générale du capitalisme dans le prolongement des travaux économiques de Marx. Le géographe David Harvey nous guide à travers la production, la distribution, la consommation, explique la marchandise, la monnaie, la valeur, souligne le rôle du crédit et de la finance, les conflits entre le capital et le travail, entre le capital et l’État, entre les capitalistes eux-mêmes.

Au fil de cette analyse minutieuse du fonctionnement du système capitaliste se dégage une compréhension inédite des crises qui le traversent sans cesse. Non seulement celles-ci sont inévitables, mais elles ne peuvent être surmontées qu’en trouvant des « solutions spatiales », en réorientant les flux de capital et de force de travail vers de nouveaux secteurs et de nouveaux lieux. Au passage, elles détruisent des vies et des territoires, parfois dans des guerres sanglantes. Harvey dissipe le brouillard de mystifications qui enveloppe l’économie pour livrer un enseignement implacable : les espaces où nous évoluons sont façonnés par la logique capitaliste de la valeur. Ce travail internationalement reconnu constitue un outil indispensable pour saisir la complexité vertigineuse de notre monde.

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Anti-impérialisme

Le souverain et le marché : théories contemporaines de l’impérialisme, de Benjamin Bürbaumer 

Amsterdam, 220 pages, 18 euros. 

De la Première Guerre mondiale à la montée des tensions entre la Chine et les États-Unis, en passant par la guerre d’Irak, la manière dont les conflits entre États, qu’ils soient armés ou non, s’articulent aux développements successifs du système capitaliste a constitué un problème crucial pour la pensée révolutionnaire. L’enjeu de toute théorie de l’impérialisme est d’y répondre. Ce livre propose une plongée dans les controverses au fil desquelles cette notion a été forgée et son sens disputé, en vue d’éclairer certains des grands débats stratégiques qui animent le camp de l’émancipation.

Les États modernes sont-ils voués à demeurer sous la domination de l’un d’entre eux ? Ou bien assiste-t-on à l’émergence d’une coalition supranationale qui organise le capitalisme au niveau mondial ? Et comment la permanence de souverainetés territoriales interfère-t-elle avec la dynamique du capital ? Autant de questions dont Benjamin Bürbaumer retrace la généalogie, livrant par là une contribution décisive à la théorie marxiste des relations internationales.

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Révolution russe 

Vivre dans la Russie de Lénine, de Jean-Jacques Marie

Vendémiaire, 384 pages, 24 euros. 

1917. Le chaos dans lequel la guerre a plongé la Russie tsariste débouche sur une première révolution en février, puis une seconde en octobre, quand les bolcheviks de Lénine parviennent au pouvoir. L’économie est dévastée. Depuis des mois déjà, pendant que les usines ferment les unes après les autres, les soldats désertent et ravagent les campagnes, qui, soumises à des réquisitions désordonnées, cessent bientôt d’approvisionner les villes.

En butte à la faim, au froid, au choléra, au typhus et à la guerre civile, le pays se défend par tous les moyens, dans un mélange de détresse et d’espoir. Voyageurs fuyant les villes affamées, mourant de froid dans des trains bondés, bandes d’enfants orphelins errant, privés de tout secours, bureaucratie inefficace et corrompue… Mais aussi jeunes communistes, écrivainEs, artistes rêvant de construire un monde nouveau. Entre les deux, la masse des paysanEs, menacés eux aussi par une effroyable famine qui peut même les réduire au cannibalisme.

Le récit du quotidien de la population, au cours des sept années terribles durant lesquelles, pour la première fois, un État tenta de renverser le capitalisme et d’allumer la mèche de la révolution mondiale.

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Roman 

Kanaky, de Joseph Andras

Babel, 304 pages, 8,70 euros.

En avril-mai 1988, la prise d’otages de la grotte d’Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, menée par un groupe d’indépendantistes, se solde par un bilan de vingt et un morts, dont dix-neuf Kanak. Parmi les victimes, Alphonse Dianou, vingt-huit ans, musicien, ancien séminariste se destinant à la prêtrise, admirateur de Gandhi et militant charismatique du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS).

Le personnage a longtemps intrigué Joseph Andras, qui est parti en Kanaky sur les traces de cette figure des luttes anticolonialistes du 20e siècle. Portrait d’un homme complexe et passionnant, ce livre est également journal de voyage dans un archipel méconnu et délaissé, récit de rencontres et d’échanges, reconstitution documentée d’un épisode sanglant de l’histoire récente, réflexion sur les vestiges de l’empire français. Le tout dans un style à la fois tranchant et lyrique, avec un engagement ardent, une curiosité patiente et attentive, qui sont la marque des écrits de Joseph Andras.

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Roman 

Mamie Luger, de Benoît Philippon

Le Livre de Poche, 384 pages, 7,90 euros. 

« Six heures du matin, Berthe, cent deux ans, canarde l'escouade de flics qui a pris d'assaut sa chaumière auvergnate. Huit heures, l'inspecteur Ventura entame la garde à vue la plus ahurissante de sa carrière. La grand-mère au Luger passe aux aveux et le récit de sa vie est un feu d'artifice. Il y est question de meurtriers en cavale, de veuve noire et de nazi enterré dans sa cave. Alors aveux, confession ou règlement de comptes ? Ventura ne sait pas à quel jeu de dupes joue la vieille édentée mais il sent qu'il va falloir creuser. »

Quelque part entre Carmen Cru et les vieux fourneaux, ce polar garantit fous rires et bonne humeur, mais aussi beaucoup de tendresse pour une mamie qu'on rêve de connaître et qui a traversé les dangers du vingtième siècle et ceux qui menacent les femmes. La parution en poche du roman correspond aussi à la sortie chez Libertalia d'un autre roman d'Yves Pagès concernant le tueur de flic (celui-ci bien réel) Jean-Jacques Liabeuf. La mamie armée d'un Luger et l'homme hérissé de clous : deux symboles qui ne peuvent qu'attirer la sympathie des révolutionnaires. Alors vive Mamie Luger ! Et vive Liabeuf !

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Roman 

Briseurs de grève, de Valerio Evangelisti 

Libertalia, 528 pages, 18 euros. 

Bob Coates est un sale type. Fils du peuple, patriote, bigot, sexiste et raciste, il aime l’ordre et l’autorité.
En cette année 1877, qui marque le début du récit, son pays est en proie aux revendications et aux mobilisations ouvrières. Cet Américain moyen choisit de se ranger du côté du manche, il devient nervi au service de diverses agences patronales, dont l’agence William J. Burns, à l’origine du FBI.
Pendant cinquante ans, l’homme infiltre les luttes, attise les tensions internes, passe à tabac les grévistes. Ce chien de garde du capital ne recule devant aucune abjection.

Dans ce roman inspiré de faits réels, Valerio Evangelisti, auteur de Nous ne sommes rien, soyons tout, retrace le face à face entre deux Amériques, et les heurs et malheurs de la classe ouvrière organisée états-unienne.
Un récit haletant et glaçant. 

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Biographie 

Révolutionnaire et Dandy, d'Anne Steiner

L'Échappée, 304 pages, 21 euros. 

Premier sur la liste des « principaux révolutionnaires de Paris » dressée en 1911 par les services de la Sûreté, Miguel Almereyda a connu la prison de la Petite Roquette dès ses 16 ans. Anarchiste puis blanquiste, on le retrouve au cœur de toutes les mobilisations politiques de la « Belle Époque ». Maniant la titraille comme de la dynamite, il fait de La Guerre sociale le journal subversif le plus lu de son temps. À la tête de la Jeune Garde, il boute les Camelots du roi, milice de l’Action française, hors du Quartier latin où ils semaient la terreur. Puis, après bien des désillusions, il se convertit au réformisme et crée en 1913 Le Bonnet rouge, favorable au rapprochement entre socialistes et radicaux. Abandonné par ses anciens amis qui ne lui pardonnent ni son évolution politique, ni son élégance flamboyante, il n’échappe pas à la haine de ses vieux ennemis, les nationalistes antisémites de l’Action française. Arrêté le 6 août 1917, il meurt huit jours après à la prison de Fresnes dans des conditions mystérieuses. Il a 34 ans et laisse orphelin un fils de 12 ans, le futur cinéaste Jean Vigo.
Le récit, vivant et enlevé, de cette extraordinaire trajectoire nous fait pénétrer dans des univers aussi infâmes que les prisons pour enfants ou aussi exaltants que ceux de la presse militante alors vigoureusement réprimée, et nous plonge dans les affrontements entre anarchistes, socialistes et syndicalistes révolutionnaires dont la Grande guerre sera le chant du cygne. 

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Roman
La septième croix, d'Anna Seghers 

Métailié, 448 pages, 22 euros. 

Dans les années 1930, sept opposants au nazisme s’enfuient d’un camp. Un formidable appareil policier est mis en branle pour les retrouver et sept croix sont dressées. Aidés par la solidarité ouvrière ou bien trahis par des voisins ou des inconnus, combien des fugitifs seront capturés ?

Dans ce roman de l’Allemagne nazie écrit pendant son exil en France, Anna Seghers dresse une fresque polyphonique et dépeint une société dans laquelle le national-socialisme et la montée du totalitarisme révèlent en chacun les aspects profonds de son être : héroïsme insoupçonné de l’un, lâcheté d’un autre, ou simple peur existentielle et fragilité face à un système conçu pour broyer toute résistance visant non seulement l’individu mais sa famille, ses proches.
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Science-fiction 

Le pouvoir, de Naomi Alderman

Le livre de poche, 512 pages, 8,70 euros.

Disciple de Margaret Atwood, Naomi Alderman dépeint dans le Pouvoir, une société presque symétriquement opposée à celle de la Servante écarlate et des Testaments. Ici, les femmes ont développé un pouvoir qui leur permet par simple contact de blesser ou de tuer les hommes. Et la peur change de camp. Cela commence par quelques adolescentes, dont les vidéos des exploits deviennent virales sur internet, puis cela s'étend à presque toute la population féminine. Elles apprennent à maîtriser ce pouvoir et à en mesurer les effets. Les hommes commencent à changer de trottoir quand ils croisent des adolescentes, des écoles non-mixtes s'ouvrent pour protéger les garçons. Les femmes victimes d'agressions commencent à se venger. Loin d'être une œuvre utopique, le livre, déjà un classique de la science-fiction, interroge profondément les rapports de pouvoirs de la religion à la sexualité, sans jamais procéder à des inversions grossières. C'est un récit addictif qui effraie autant qu'il interroge et qui galvanise autant qu'il dérange.

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BD 

Frantz Fanon, de Frédéric Cirez et Romain Lamy

La Découverte, 240 pages, 28 euros.

Ce roman graphique se donne à lire non seulement comme la biographie intellectuelle et politique de Frantz Fanon mais aussi comme une introduction originale à son œuvre, plus actuelle et décisive que jamais. Nous le découvrons ici à Rome, en août 1961, lors de sa légendaire et mystérieuse rencontre avec Jean-Paul Sartre, qui a accepté de préfacer les Damnés de la terre, son explosif essai à valeur de manifeste anticolonialiste. Ces trois jours sont d’une intensité dramatique toute particulière : alors que les pays africains accèdent souvent douloureusement à l’indépendance et que se joue le sort de l’Algérie, Fanon, gravement malade, raconte sa vie et ses combats, déplie ses idées, porte la contradiction au célèbre philosophe, accompagné de Simone de Beauvoir et de Claude Lanzmann. Fanon et Sartre, c’est la rencontre de deux géants, de deux mondes, de deux couleurs de peau, de deux formes d’engagement.