Publié le Mardi 9 décembre 2014 à 07h55.

Essai : Israël-Palestine, le conflit dans les manuels scolaires

Coordonné par Roland Lombard et Marylin Pacouret
Éditions Syllepse, 2014, 5 euros.

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Ce travail collectif d’enseignants chercheurEs français, suédois, israélienne et palestinienne, attire l’attention sur l’enjeu de la transmission de ce que l’un d’entre eux appelle une « une question socialement vive » et plus prosaïquement « une patate chaude » qu’il faut faire refroidir...

En effet, ne pas donner à comprendre les contradictions historiques, les choix politiques des acteurs du conflit, revient à livrer les élèves à l’embrigadement derrière la légitimation soit du combat du « peuple juif » pour la terre de ses origines, soit de la guerre des religions ou du choc des civilisations (pris d’un point de vue ou d’un autre).

Ce que soulignent les analyses des différents manuels nationaux, c’est que par delà la diversité des points de vue officiels que les manuels transpirent, ils ont en commun les mêmes « vides » de notions historiques et politiques. Les manuels israéliens qui visent à armer les futurs soldatEs-citoyenEs de la légitimité de poursuivre l’objectif sioniste « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » omettent deux choses : la naissance de ce projet comme un plan de l’impérialisme britannique avant la formulation de Theodor Herzl, et la réalité historique de l’existence d’un peuple palestinien.

Les manuels palestiniens des Territoires occupés évidemment visés par les occupantEs, sont lissés de tout antisémitisme mais fondés exclusivement sur l’identité religieuse du peuple palestinien, indépendamment de tout contenu social ou projet politique. 
Quant aux manuels suédois et français arrimés à la défense de la légalité internationale (dont ils ne soulignent pas le non-respect), ils traitent le conflit au mieux comme l’expression du « problème palestinien » dont ils se gardent bien d’expliquer l’origine (par exemple comment les Palestiniens sont-ils devenus des réfugiés ? D’où vient le problème de l’eau ?). Résultat, dans tous ces manuels les notions de Nakba (expulsion de 700 000 Palestiniens en 1948), de colonisation ou d’impérialisme ont totalement disparu...

Un petit bouquin qui fait réfléchir, non seulement les enseignantEs d’histoire-géo, mais toutes celles et ceux qui militent en solidarité avec le peuple palestinien... et écrivent des tracts pour appeler à la mobilisation.

Cathy Billard