Publié le Dimanche 23 novembre 2014 à 20h33.

Essai : L’Algérie au cœur. Révolutionnaires et anticolonialistes à Renault-Billancourt

Par Clara et Henri Benoits. A commander à La Brèche

Syllepse, 2014, 14 eurosLa lutte de classes au cœur...Il n’est pas dans la tradition des militantEs du courant trotskiste de faire connaître leur parcours, leurs vies, leurs militantismes. Pour Clara et Henri Benoits, il aura fallu l’obstination de quelques camarades, le soutien de l’éditeur et surtout le travail obstiné de Jean-Claude Vessillier, s’arrachant régulièrement à son Aveyron, pour faire aboutir cette double biographie.

Leurs histoires sont à la fois parallèles ou plutôt communes et croisées. Clara comme militante au PCF jusqu’en 1969, sans jamais cacher ses désaccords avec la politique stalinienne, de l’intervention en Hongrie aux trahisons de la cause algérienne jusqu’à Mai 68. Militante féministe, internationaliste, de soutien aux immigréEs, son parcours, commencé à Renault dès 1949, se prolonge avec sa participation à des cours d’alphabétisation.

Dès 1943, Henri croise un militant trotskiste, une rencontre qui lui fournira définitivement son « cadre » politique. Chez Renault, il sera à la fois militant politique, syndical, associatif, internationaliste. Et il poursuit lui aussi son militantisme au NPA et dans le soutien aux immigréEs, avec une participation régulière à la lutte des sans-papiers.

Mais au-delà des parcours différents et de leur vie commune, le point commun de leurs militantismes, c’est leur capacité, leur volonté, d’être au cœur des combats de leur classe, refusant tout sectarisme mais aussi tout compromis dans une période où le stalinisme est hégémonique, sectaire, destructeur. Cela dans un moment où les courants trotskistes éprouvent d’énormes difficultés dans cette traversée du désert qui ne prendra fin qu’en 68.

Si le titre du livre semble par trop centrer le parcours de Clara et d’Henri sur la lutte des AlgérienEs, cette tranche de leurs militantismes est à la fois centrale tout en s’inscrivant dans des parcours bien plus étendus. Marxistes, internationalistes, ils ne sont pas si nombreux à avoir tenu le cap dans cette époque de guerre froide, d’hégémonie stalinienne et de politique « socialiste », déjà colonialiste et amie du patronat.

Deux itinéraires militants dont on regrette, une fois le livre fermé, de ne pas en savoir plus encore. Raison de plus pour participer aux débats et présentations organisés autour du livre.

Robert Pelletier