Publié le Dimanche 1 mai 2016 à 09h22.

Expositions : Jacques Villeglé a 90 ans

Au Musée de Saint-Étienne, jusqu’au 22 mai. Aux galeries Valois, rue de Seine, à Paris, jusqu’au 13 mai. 

Artiste modeste qui vit à l’ombre de son œuvre, il prône une intervention minimale de l’artiste, un statut d’œuvre empruntée, collective. Mais Jacques Villeglé est bien un artiste majeur qui a marqué l’art du 20e siècle depuis le nouveau réalisme des années 1960, le ­lettrisme (avec ses alphabets socio­­-politiques, collages typographiques empruntés à toutes les cultures), jusqu’à l’art contemporain... C’est le premier des affichistes, avec son complice Raymond Hains, le précurseur du pop art pour les américains par ses détournements d’images de la société de consommation, l’inventeur du street art pour d’autres.

Catalyseur d’images, poète de la mémoire des murs, il nous invite à changer notre regard sur la réalité urbaine, les mots, l’art préexistant, l’œuvre d’art collective.

Trois expérimentations

Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de voir sa rétrospective à Beaubourg en 2008, la commémoration de son 90e anniversaire donne l’occasion de découvrir trois expérimentations.

Mémoires au Musée de Saint-Étienne : ses premières installations avec toujours ses essais typographiques.

Une double exposition dans les galeries Valois.

Opération quimpéroise : ultime expérience publique de lacération dans sa ville natale, mais cette fois-ci de son effigie aux couleurs fluos qui a plus à voir, toutes proportions gardées, avec les séries de portraits colorées de Marilyn par Warhol qu’avec les magnifiques affiches du Lacéré anonyme des années 1980, leur poésie du hasard, leur surprise subversive, leur force politique...

Pénélope : l’expérimentation du début où, avec son ami Raymond Hains, ils préfigurent le cinéma d’animation. Sublime série de gouaches semi-abstraites aux variations infimes qui, filmées image par image ou tramées, dessinent un écoulement de la Loire aux mille reflets.

Ugo Clerico