De Gianfranco Rosi, sortie le mercredi 28 septembre.
Ce n’est guère étonnant que ce très beau film ait gagné l’Ours d’Or du meilleur film au dernier festival de Berlin, la première fois d’ailleurs qu’un documentaire a gagné ce prestigieux prix. Fuocoammare (littéralemeent « Feu à la mer ») est filmé à Lampedusa, cette petite île de 8 000 habitantEs au sud de l’Italie, toute proche de l’Afrique et connue dans le monde entier pour avoir vu débarquer quelque 400 000 réfugiéEs fuyant la guerre et la misère. Le réalisateur a passé un an sur l’île, à connaître et à filmer le quotidien de plusieurs personnes dont la figure centrale du film, le petit Samuele, un jeune garçon de 12 ans très attachant, mais aussi de son père et d’autres adultes qui mènent une vie « normale », somme toute paisible.
En parallèle car les deux mondes ne se rencontrent jamais, il filme l’arrivée des réfugiéEs dont la vie est tout autre que « normale ». Épuisés, affamés, déshydratés, malades, quand ils débarquent, ils seront ensuite examinés et soignés par des services débordés, puis triés, photographiés et numérotés avant d’être envoyés dans des centres.
Dans le film, une seule personne fait le lien entre les deux : le médecin de famille qui soigne le jeune Samuele et qui, dans le même temps, fait les urgences lors de l’arrivée des migrantEs. Son témoignage sur le travail qu’il est amené à faire est d’ailleurs un des moments les plus forts du film.
Au bout d’une quarantaine de sorties avec les bateaux de secours, Rosi assiste au sauvetage d’une énième épave flottante et ses centaines de passagers. Les scènes d’horreur qu’il s’oblige à filmer seront les dernières. Il n’aura « plus les forces de continuer », dira-t-il dans une interview. Heureusement, il en gardera assez pour monter un excellent film qui est à voir et à faire voir.
Ross Harrold