Éditions Slatkine & Cie, 20 euros, à paraître fin août 2023.
C’est un roman qui raconte la vie du poète révolutionnaire Vladimir Maïakovski, de son enfance en Géorgie à la fin 19e siècle jusqu’à son suicide à Moscou en 1930.
Bien sûr en moins de 200 pages, il ne s’agit pas d’une biographie. L’auteur choisit des moments de sa vie, des scènes marquantes, des moments racontés sous différentes formes, des témoignages, des souvenirs, des extraits de carnets, de correspondances, d’archives. Ces moments, cette vie, nous sont racontés par plusieurs personnages proches : un fils qui n’a pas été reconnu, Lily Brik, l’une de ses amours, Elsa Triolet, sœur de Lily, et bien d’autres encore. C’est un peu comme une enquête qui reconstituerait la vie de Maïakovski, cet homme artiste et militant, dans ce pays, la Russie, et cette époque, avec la période révolutionnaire et les années qui suivirent.
Tensions entre art et politique
On voit ainsi le poète se dépêtrer souvent difficilement de situations, entre ses histoires d’amour passionnées, sa jalousie, ses amitiés parfois conflictuelles, son militantisme artistique et politique, ses convictions et ses doutes, ses accords et désaccords avec le nouveau pouvoir bolchevick, son parti depuis avant la révolution. Comme le dit Yoann Iacono dans une note « sa vie comme sa mort sont au cœur de cette tension, de cette ambivalence qu’entretiennent l’art et la politique. C’est ce que j’ai tenté d’explorer ici, comme j’avais essayé de le faire avec mon précédent “roman vrai”, le Stradivarius de Goebbels ».
Les années qui suivent la révolution sont intenses, avec les débats ou les réflexions, les tensions et les conflits, sur la liberté et l’autonomie de l’art et de la culture en général, sur la liberté en général, par rapport au pouvoir notamment. Dès que des artistes s’écartent de la ligne officielle, dès qu’il y a critique, il y a mise à l’écart, les libertés de parole et de mouvement se restreignent. Le sentiment de trahison gagne parmi les révolutionnaires, pas seulement pour les artistes.
La révolution, dévoreuse d’énergie
Le suicide de Maïakovski, qui n’est pas le seul à se donner la mort, est l’aboutissement pour beaucoup de cette très dure période, dévoreuse d’énergie, à la fois enthousiasmante par les espoirs de changement radical que la révolution suscite et triste par les désillusions provoquées finalement. À travers les Vies secrètes de Vladimir, c’est tout cela qu’on peut voir et qui fait effectivement réfléchir.
À noter que le roman « vrai » est dédié à Artiom Kamardine qui a été emprisonné et torturé en Russie pour avoir lu un poème en solidarité avec l’Ukraine sous la statue de Maïakovski à Moscou au début de l’invasion de Poutine.