Publié le Dimanche 6 septembre 2015 à 09h55.

Lire encore

« Je déambule souvent dans la bibliothèque en ne pensant décidément à rien » écrivait Montaigne... Dans la lecture, il y a le livre, son contenu, sa forme, la bibliothèque où on le range, comment on le range, le lieu et le moment où on lit, la place et le temps qu’il occupe dans notre vie... Pas étonnant donc que de très nombreux auteurs aient consacré des livres aux livres, aux bibliothèques, au lecteur. Une drogue, douce ou dure, on en parle, on la partage, on disserte à son sujet.

La lecture plaisir, loisir, étude, travail, joue un rôle essentiel dans la vie du lecteur. Proust nous dit : « Nous sentons bien que notre sagesse commence où celle de l’auteur finit et nous voulons qu’il nous donnât des réponses, quand tout ce qu’il peut faire est de nous donner des désirs »(Sur la lecture, Actes Sud).

Pour Alberto Manguel (Journal d’un lecteur, Actes Sud), parce que la lecture est peut-être avant tout une « conversation », tout lecteur éprouve le besoin de « répondre » aux textes qui l’interpellent et confèrent à sa propre vie un surcroît d’existence.

Livres et bibliothèques

Nombreux sont ceux qui ont trouvé dans la lecture précoce et assidue le sens de leur vie d’adulte : Sartre (Les mots), Proust, Sarraute (Enfance), Rousseau (Les Confessions)… 

Nombreux aussi sont ceux qui ont fait du livre le sujet d’un livre : Montaigne (Des livres), Daniel Pennac (Comme un roman), Bernard Schlink (Le Liseur), Dai Sijie (Balzac et la petite tailleuse chinoise)…

Nombreux enfin sont ceux qui ont fait de la (les) bibliothèque le thème de leurs récits : Alberto Manguel « Ce qui fait d’une bibliothèque un reflet de son propriétaire, c’est non seulement le choix des titres mais aussi le réseau d’associations qu’implique ce choix. Notre expérience se construit sur l’expérience, nos souvenirs sur d’autres souvenirs » (La bibliothèque, la nuit) ; Daniel Ménager qui voyage dans les bibliothèques d’auteurs des 19e et 20e siècle (Le roman de la bibliothèque) ; Walter Mehring qui tente de reconstituer de mémoire la bibliothèque de son père détruite par les nazis (La bibliothèque perdue) ; Walter Benjamin (Je déballe ma bibliothèque) ; Jacques Bonnet (Des bibliothèques pleines de fantômes)…

Du bon endroit pour lire...

Certains comme Henri Miller ont même réfléchi aux bons endroits pour lire. Celui-ci nous fait quelques suggestions pleines de bon sens : si vous n’avez pas assez de temps, lisez dans les transports en commun... ou, mieux encore, aux cabinets (Lire aux cabinets).

Une question fondamentale reste la gestion de la bibliothèque. Georges Perec y consacre une partie importante, et désopilante, de Penser/classer (Point Seuil). Mais la petite perle, le livre qui parle de chacunE de nous est celui d’Annie François, Bouquiner, sous-titré Autobiobibliographie (Point Seuil) : 200 pages de pur plaisir, truffées de réflexions justes, de références et de tranches de vie délicieuses, entre autre sur la manière de fondre les deux bibliothèques d’un couple et aussi de comment gérer le prêt de ses livres (ou pas).

Bonne rentrée à tous !

Catherine Segala