Une bataille culturelle et sociale. Éditions du Croquant, 2024, 200 pages, 10 euros.
En ouvrant son livre par une citation de Zemmour pendant la dernière campagne présidentielle (« la bataille culturelle et politique se joue avant tout à l’école »), Grégory Chambat, déjà auteur de plusieurs livres défendant le projet d’une école émancipatrice, pose le sujet. Les forces les plus réactionnaires, au cœur desquelles l’extrême droite politique, mènent depuis plusieurs années leur bataille pour l’hégémonie autour des questions d’éducation, et leurs idées progressent : prétendue restauration de l’autorité, amplification du tri social, instrumentalisation de la laïcité à des fins racistes (en particulier islamophobes), etc.
Ce livre arrive donc à point nommé pour mener le combat. Sa concision ne l’empêche pas de balayer un large spectre de la question. Sa dimension historique, remettant en perspective l’institution scolaire et ses fonctions depuis la Révolution française. Les axes de l’offensive idéologique menée par les extrêmes droites pour mettre sur pied une « école identitaire » (enfants issus de l’immigration qui seraient trop nombreux, critiques de la pédagogie, de l’héritage de Mai 68, jusqu’au « wokisme » et au féminisme). Un tableau de la maltraitance de l’école par les extrêmes droites, depuis le régime de Vichy jusqu’aux municipalités actuellement détenues par le RN, en passant par d’autres coins du globe (le Brésil de Bolsanaro, Orbán en Hongrie, l’alt-right étatsunienne, Erdogan en Turquie).
La dernière partie du livre cherche à « poser les bases et les priorités d’une riposte collective capable de stopper l’extrême droitisation de la société… ». En mettant en mouvement les différents niveaux de résistance à l’offensive dangereuse que nous connaissons — luttes syndicales, pédagogiques, culturelles… —Grégory Chambat nous montre que, comme souvent, la meilleure défense reste l’attaque. Pour « toutes celles et ceux qui ne se satisfont pas de l’école telle qu’elle est et luttent pour un système éducatif émancipateur dans une société égalitaire », cette lecture est indispensable.
Manu Bichindaritz