D’après Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza, de Frédéric Lordon. Adaptation et mise en scène de Judith Bernard.
Frédéric Lordon a écrit une pièce de théâtre sur la crise financière, mais mettre en scène sa problématique de l’aliénation n’est pas une mince affaire. La compagnie Ada a mené avec succès cette entreprise avec une grande économie de moyens. Faisant appel à Spinoza, Lordon cherche à comprendre les ressorts de la domination du capital dans l’entreprise et les comportements, tant des maîtres (le patronat) que des salariés. Pour s’approprier plus efficacement la force de travail, le capital vise à soumettre les esprits des salariés. Mais tous les désirs du salarié n’épousent pas ceux de l’entreprise. Représenté graphiquement, ce décalage forme un angle : l’angle Alpha. Ce décalage correspond aussi à une capacité de résistance à l’ordre capitaliste et porte la possibilité d’une rupture avec celui-ci. Frédéric Lordon apporte son éclairage à la question de l’aliénation ; ce n’est pas dans le cadre de cet article que l’on peut discuter de sa vision du capitalisme et de l’œuvre de Marx. Mais on sera d’accord avec le fait qu’une société communiste (la « récommune » dans son vocabulaire) devrait compter avec les désirs et les passions.
Henri Wilno
Jusqu’au 26 février, Théâtre de Ménilmontant 15 rue du Retrait Paris 20e. Réservations au 01 46 36 98 60.