Entretien. À l’occasion de la manifestation organisée le 27 novembre à Paris pour exiger l’interdiction des licenciements, nous avons rencontré Catherine, déléguée syndicale CGT chez PPG (ex Joint français).
Peux-tu nous raconter le déroulé de votre lutte, de l’annonce du plan de licenciements (PSE) jusqu’à votre dernière audience au tribunal de Cergy le 15 novembre dernier : à partir de l’annonce de l’homologation, comment s’est enclenchée la bataille judiciaire et quelles sont les prochaines dates si tu les connais ? Comment sentez-vous les choses ?
Le 1er octobre 2020, l’entreprise a annoncé la mise en place du plan social. Après la sortie du CSE (Comité social et économique), nous avons été sonnéEs, il nous a fallu une semaine pour organiser la résistance.
Les salariéEs nous ont fait confiance et sont restés calmes et dignes. Dès le départ, nous avions créé une intersyndicale : FO-CFDT-CGT-CFTC. Cette alliance a duré deux mois, puis nous avons continué avec la CGT et la CFTC. Cette stratégie a rassuré les salariéEs. L’action principale que nous avions mise en place était de nous opposer aux négociations en faveur de la conservation de nos emplois afin de mettre en place un rapport de forces par rapport à la multinationale PPG. Convaincre les 18 élus de soutenir « Non à la fermeture » et organiser la rencontre avec Fiodor Rilov1 qui fut le point de départ de notre lutte. Puis nous avons trouvé le cabinet d’expertise ALTER qui est le pilier rassurant au cœur de notre combat.
Nous avons fait un mois de grève avec occupation par un piquet de grève devant les grilles de la société. Notre mot d’ordre était que « rien n’entre sur le site et rien ne sort » !
Nous étions présentEs sur le piquet de grève 24 h / 24. Nous avons obtenu deux refus d’homologation du plan de licenciements, du PSE. Nous avons gagné onze mois de non-fermeture du site. Nous allons faire appel en référé pour suspendre l’homologation. Les lettres de licenciement partiront le 20 décembre car PPG a obtenu l’homologation du PSE le 15 octobre. Et notre avocat a déposé une demande sur le fond pour casser l’homologation qui aura lieu le 10 janvier. On ne cédera rien et on fera tout pour résister.
Dès l’annonce du plan de licenciements, vous avez entamé la lutte. Plus encore, la préoccupation de joindre votre voix à celle de ceux qui se battent aussi contre les licenciements, les fermetures de sites, pour le maintien de l’emploi. Comment en êtes-vous arrivés à être à l’initiative de la manifestation pour l’interdiction des licenciements du samedi 27 novembre ? Quelles suites envisagez-vous si déjà vous y pensez ?
Lors de notre piquet de grève on a eu un élan de soutien et de solidarité et on a compris qu’il fallait sortir de l’usine. Et là, notre lutte s’est fortifiée. Les PPG sont devenus une affaire d’État.
Aujourd’hui, les PPG font partie de l’équipe qui gère le site stoplicenciement.fr qui recense les entreprises en PSE. L’objectif est d’unir les entreprises en lutte pour gagner en puissance et nous rendre visibles pour faire reculer le patronat et le gouvernement sur ce sujet qui est crucial.
Et nous allons soutenir des camarades en luttes : H&M, Transdev en grève, les sans-facs… Je suis en contact avec les Bergam’s, Carrefour, Casino d’Enghien, Vitrolles et bien d’autres.
- 1. Avocat en droit social au Barreau de Paris. Il a défendu entre autres les Goodyear, Les Conti, les Cargill.