Le CDDF66 (Collectif droits des femmes 66) a invité le 26 mai à Perpignan la militante andorrane Vanessa Mendoza Cortés, présidente de l’association Stop Violències, pour une soirée solidaire de son combat pour la dépénalisation de l’avortement, considéré en Andorre comme un crime, même après un viol.
Ce petit État, que Vanessa qualifie de « théocratie parlementaire », coincé entre la France et l’État espagnol, est en effet régi par une législation moyenâgeuse. Deux coprinces décident, entre autres, du droit des femmes à disposer de leur corps : l’évêque traditionaliste d’Urgell, farouchement opposé au droit à l’IVG (et faisant l’objet d’une enquête pour pédophilie !), et Macron qui ne cesse de déclarer son soutien aux droits des femmes mais qui — comme les autres présidents français — ne s’est jamais opposé à cette législation réactionnaire antifemmes !
Poursuites judiciaires
Vanessa et ses camarades ont exprimé dans un spectacle poético-musical très émouvant et combatif la détresse et le combat des femmes andorranes pour leurs droits. Lors du débat, Vanessa a expliqué les poursuites à son encontre pour avoir dénoncé en 2019, dans une session organisée par le comité de l’ONU contre les discriminations, l’interdiction de l’avortement. Le président andorran, Xavier Espot Zamora, a décidé de la poursuivre pour « diffamation pouvant entraîner une peine d’emprisonnement ». Depuis quatre ans elle est harcelée par la justice ; deux flics la suivent dans tous ses déplacements. Une campagne de solidarité internationale a fait lever les risques d’emprisonnement mais elle risque d’être condamnée à une amende de 30 000 euros.
Son procès doit se tenir en fin d’année. Un procès public « en sorcellerie », comme elle le qualifie avec humour ! La solidarité qui s’exprime aujourd’hui, et notamment en Catalogne sud où les Andorranes prises en charge par Stop Violències sont accueillies par des féministes sud-catalanes qui les accompagnent dans des cliniques pratiquant l’avortement, doit s’élargir dans une campagne internationale. Le mouvement féministe en France — avec un président de la République... coprince d’Andorre ! — a une responsabilité toute particulière à construire.