Publié le Mardi 3 mai 2016 à 22h53.

1e Guerre Mondiale : Le mouvement ouvrier en sommeil

En 1914, les principaux partis socialistes (Allemagne, France…) s’étaient alignés sur leur propre bourgeoisie. Seuls quelques partis avaient majoritairement maintenu une position internationaliste : les Russes, mais aussi les Suisses, Serbes ou Italiens...

Par ailleurs, depuis le déclenchement des hostilités, l’Internationale socialiste était aux abonnés absents, les dirigeants réformistes d’alors (Vandervelde, Kautsky...) considérant l’Internationale comme inutile en temps de guerre (!). Mais dès la fin de l’année 1914, une opposition socialiste à la guerre émerge.

En Allemagne.

Karl Liebknecht avait accepté, au nom de la solidarité du groupe parlementaire socialiste, de voter en août 1914 les crédits de guerre auxquels il était personnellement opposé. Mais il changea vite de position : en décembre 1914, il se désolidarisa de la direction du SPD en refusant – seul – de voter les crédits militaires. C’est donc en rupture avec la direction de la social-démocratie allemande que s’organisa autour de Liebknecht, Luxembourg, Mehring, Jogiches et Zetkin, le groupe Spartakus qui, considérant que la IIe internationale avait failli, se positionna en faveur de la création d’une nouvelle internationale.

En France.

La situation était autrement plus dégradée, puisque la direction et le groupe parlementaire de la SFIO (le PS d’alors) avaient dans leur totalité basculé dans le soutien à la guerre. Guesde, Sembat ou Blum géraient directement la boucherie au sein du gouvernement, tandis qu’une minorité autour de Longuet prenait au nom du pacifisme ses distances avec le gouvernement, sans toutefois s’opposer au vote des crédits militaires. Seule une poignée de militants isolés avaient pu, tel Fernand Loriot, prendre des positions hostiles à la guerre au sein de la SFIO.

Dans ce contexte, l’opposition française à la guerre vint pour l’essentiel de la CGT ou plus exactement du groupe de syndicalistes révolutionnaires qui se reconnaissaient dans le journal La Vie ouvrière que dirigeaient Pierre Monatte et Alfred Rosmer. Interdite en août 1914, en raison de son opposition à la guerre, La Vie ouvrière avait disparu, mais sa direction parvint malgré les difficultés à maintenir un groupe internationaliste.

En Grande-Bretagne.

Les directions du Trade Union Congress (syndicats) et le groupe parlementaire travailliste participent à l’effort de guerre. L’ILP (Parti ouvrier indépendant) se prononce pour la paix mais sans s’opposer à la défense nationale. L’opposition ouvrière à la guerre reste confinée à des organisations de taille réduite et une minorité de l’ILP.

 

Et puis il y a bien sur les Russes. Avant tout les bolchéviques, bien entendu, mais au-delà, Martov (menchévique) ou les dirigeants du Bund (le parti socialiste juif) sont hostiles à la guerre. Sans parler de Trotski et de ses partisans du groupe Naché Slovo (une revue éditée à Paris)...