Contrairement aux idées reçues, les femmes ne sont pas entrées sur le marché du travail quand les hommes sont partis au front...
La mémoire collective retient les « munitionnettes », ces femmes qui se retrouvent dans les usines d’armement. Elles étaient pourtant présentes dans le monde salarié, y compris dans l’industrie, bien avant. Un tiers de celles qui arrivent dans ces ateliers de métallurgie ou de mécanique travaillaient déjà en usine. Elles sont les moins mal payées des femmes : d’ailleurs leurs écarts de salaires avec les ouvriers masculins se réduisent de 50 % en 1913 à 20 % en 1917 !
Travail égal, salaire égal ?Si elles sont évidemment très présentes comme soignantes sur le front et à l’arrière, elles vont aussi occuper des emplois qui leur étaient précédemment fermés dans quasiment tous les secteurs. Elles deviennent maréchales-ferrandes, boulangères, bouchères, gardes-champêtres, professeures dans des classes de garçons dans le primaire ou le secondaire… Aux PTT, 18 000 mobilisés sont remplacés par des trieuses, télégraphistes, releveuses, factrices, etc. Dans les tramways sont embauchées des wattwomen et des receveuses... à 1 franc de moins par jour que les hommes !Elles devront quitter ces métiers une fois la paix revenue… et il leur faudra attendre un demi-siècle pour y accéder à nouveau ! En définitive, la guerre aura peu d’influence sur le taux d’activité des femmes. Entre le recensement de 1911 (7 217 000) et celui de 1921 (7 213 000), le nombre des femmes sur le marché du travail est quasiment inchangé.Christine Poupin