Film germano-étatsunien-britannique, 2 h 28 min, sorti le 28 octobre 2022.
Netflix propose une nouvelle adaptation cinématographique du roman de Erich Maria Remarque, « À l’ouest rien de nouveau ». La première fut réalisée par Lewis Milestone en 1930, et la deuxième de Delbert Mann, en à 1979.
Sélectionné comme meilleur film étranger aux Oscars, ce long-métrage nous plonge dans la dernière séquence de la Première Guerre mondiale. L’expérience brutalisante de la tranchée est vécue à travers les yeux d’un jeune soldat de 17 ans, Paul Bäumer, interprété par Felix Kammerer. Entraîné par les illusions patriotiques de ses amis, Albert, Franz et Ludwig, il décide de signer à la place de ses parents et de partir au front pour combattre l’ennemi et marcher sur Paris.
Arrêter l’hémorragie
Les jeunes soldats sont catapultés dans la réalité violente de la guerre qui ne laisse aucun espace aux rêves de gloire et d’héroïsme qui les avaient menés jusqu’au front. Dans l’univers surréaliste du film, la vie humaine n’a plus aucune valeur, seule la compassion et l’entraide entre les soldats permet de préserver un brin d’humanité. Dans l’une des scènes les plus dramatiques, le protagoniste, déchiré par le souffle d’un soldat ennemi mourant, essaie en vain d’arrêter l’hémorragie. La douleur devient insupportable quand le protagoniste retrouve, dans les affaires personnelles du soldat, les images de ses proches. Un homme comme lui, avec l’uniforme d’une autre couleur, vient de suffoquer dans son propre sang.
Disparition d’une génération
L’aspect humain prime sur les événements historiques, sur les tactiques militaires et diplomatiques qui apparaissent totalement déconnectées de la violence de la guerre. Les images du cinéma arrivent à dire ce que les mots ne peuvent plus dire : la folie meurtrière du front, l’avancement et le recul illusoire des troupes dans le champ de bataille, les scènes spectrales des corps martyrisés dans la terre boueuse. Aucun espoir, aucune sortie n’est possible. La guerre entraîne progressivement la disparition de toute une génération qui n’a eu le temps ni de comprendre ni de vieillir.
Au cours des dernières séquences, à l’approche de l’armistice, la tension va crescendo. Aucun soulagement n’est permis, les soldats sont renvoyés au front pour mourir jusqu’à la dernière seconde de la guerre.
Le film offre un portrait sans concessions d’un monde brutal, cynique et déshumanisant qui engendre un puissant refus de la guerre. Sa brutalité ne se situe pas uniquement sur le champ de bataille mais aussi, et avant tout, dans les canaux diplomatiques où des hommes, représentant les puissances impérialistes, décident de la vie et de la mort de centaines de milliers de jeunes soldats. Leur sang nourrit la gloire at l’avidité de ceux qui pourront bénéficier du désastre. Le spectateur n’aura malheureusement pas de difficultés à faire le lien avec l’actualité.