Publié le Mardi 3 juillet 2012 à 08h03.

Grèce : avant les élections du 17 juin

Au moment où cette édition sera publiée, nous serons à quelques jours des nouvelles élections, convoquées après qu’aucun gouvernement n’a pu sortir de celles du 6 mai. L’auteur, militant grec membre du NPA, dresse un tableau de la situation du pays au début du mois de juin.

Les mesures d’austérité mises en place depuis deux ans, d’abord par le gouvernement socialiste, puis par le gouvernement dit d’« unité nationale » de Lucas Papademos, ont enfoncé dans la pauvreté des couches de plus en plus larges de la société grecque. En seulement deux ans, le nombre de chômeurs est passé de 441 429 en 2009 (8,9 %) à 1 075 081 (21,9 %) en février 2012. Pour l’INE-GSEE, l’institut de recherche de la confédération des travailleurs du privé, le taux de chômage atteindrait 26 % (1 250 000 chômeurs) fin 2012. La moitié des jeunes de moins de 24 ans est sans emploi (contre un quart en 2009), un sur quatre pour les 25-34 ans (contre un sur neuf en 2009).

Les travailleurs qui restent en poste subissent souvent des baisses du temps de travail et, en conséquence, de leur salaire. Encore faut-il que ce salaire soit versé : selon le ministère du Travail, 400 000 salariés ne reçoivent plus de salaire mais, périodiquement, des acomptes de quelques centaines d’euros.

Les services publics sont en état de décomposition avancée. Par exemple, selon la confédération des travailleurs de la santé publique (POEDHN), les hôpitaux publics manquent tellement de médicaments et autre matériel médical que des interventions chirurgicales urgentes doivent être reportées. Les heures supplémentaires effectuées par le personnel hospitalier ne sont plus payées et les salaires ne sont plus du tout versés depuis trois mois.

Les petits commerçants et les artisans sont ruinés : 171 000 petites entreprises (sur un total d’environ 800 000) ont déjà mis la clef sous la porte, encore 180 000 devraient suivre d’ici la fin de l’année.

Une mesure phare du mémorandum 2 (le plan d’austérité signé entre le gouvernement grec et ses créanciers) est mise en vigueur depuis le 15 mai : le réajustement des accords de branche qui aura comme conséquence immédiate la baisse supplémentaire de 10 à 20 % des salaires dans le privé.

Puissance et limites des mobilisations

Au cours de l’année 2011, le mouvement de grèves a pris une intensité jamais vue depuis 1983. L’INE-GSEE a recensé 445 grèves et débrayages, la majorité dans le privé. Les travailleurs se sont principalement mobilisés contre les licenciements annoncés (dans 122 des cas), la baisse des salaires ou le versement des impayés (dans 185 des cas) et les privatisations (dans 105). Des formes de lutte rarement vues ont fait leur apparition, telles les occupations de plusieurs ministères, mairies et organismes publics (la télévision publique ou des hôpitaux) de l’automne 2011 et, dans 54 cas, les occupations d’entreprises afin d’empêcher le patron de vider les locaux ou de remplacer les grévistes illégalement.

Mais les grèves n’ont pas dépassé le cadre imposé par les bureaucraties syndicales à la tête de la GSSE et de l’ADEDY (la confédération du public), étroitement liées au PASOK (le parti socialiste) et à la Nouvelle Démocratie (ND, droite). L’absence de coordination a empêché la convergence de ces luttes dans un mouvement d’ensemble qui aurait pu annuler les plans d’austérité. L’explosion sociale de la rentrée 2011 a eu raison du gouvernement socialiste de Papandreou, mais elle a été stoppée par la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale le 11 novembre 2011.

Les journées de grève public-privé successives du 5, puis du 18 et 19 octobre, ont fait place à une relative accalmie, interrompue par une nouvelle mobilisation des secteurs public et privé trois mois plus tard, le 7 puis les 10 et 11 février 2012, précédant l’adoption du Mémorandum 2.

Aucune journée de grève « générale » n’a été organisée par les centrales syndicales du public et du privé depuis cette date. Et malgré l’ampleur, la diversité et la détermination des mobilisations, celles-ci n’ont permis d’annuler aucune des mesures des mémorandums.

C’est dans ce contexte que le gouvernement intérimaire de Papademos a, enfin, annoncé le 11 avril la tenue des élections législatives du 6 mai dernier. Un gouvernement légitime, sorti des urnes, était nécessaire pour mettre en place un nouveau plan d’austérité, un mémorandum 3, déjà annoncé pour la rentrée 2012.

Rejet et désaveu massifs

Les résultats des élections du 6 mai montrent un rejet massif des plans d’austérité et un désaveu total des partis qui les ont mis en place. Le PASOK et la ND, les deux partis qui se sont succédé au pouvoir depuis la chute de la junte en 1974, ont totalisé à eux deux 33,4 % des voix, contre 77,4 % en 2009 et une moyenne de 83 % lors des différents scrutins depuis trente ans. La troisième composante du gouvernement d’unité nationale, le Rassemblement populaire orthodoxe (LAOS), un parti d’extrême droite ultralibéral et anti-ouvrier, est tombé en-dessous du seuil de 3 % nécessaire pour entrer à l’Assemblée Nationale, malgré son refus de voter le deuxième mémorandum en février 2012.

Ces trois partis ont perdu trois millions et demi de voix. Bon nombre des électeurs de la droite (ND et LAOS) se sont tournés essentiellement vers le nouveau parti des Grecs Indépendants (10,60 %) et le parti d’extrême droite néo-nazi « Aube Dorée » (6,97 %). Les Grecs Indépendants sont une formation d’extrême-droite qui promet l’expulsion de tous les sans-papiers, la baisse des cotisations patronales, un audit sur la dette. Kammenos, leur leader, est issu de la ND ; ancien ministre, il avait voté le premier plan d’austérité mais pas le mémorandum 2. L’« Aube Dorée », qui organise des pogroms contre les immigrés dans plusieurs quartiers d’Athènes, a récolté 440 000 voix (contre 19 600 en 2009) et fait son entrée à l’Assemblée Nationale avec 21 députés (sur un total de 300).

Les voix perdues par le PASOK se sont reportées principalement vers Syriza-EKM (Coalition de la Gauche Radicale – Front Social Unitaire) et DIMAR (Gauche Démocratique), une scission de droite de Syriza (6 %). Syriza est devenu la deuxième force électorale du pays (16,8 % pour 1 061 000 voix, contre 4,6 % et 315 000 voix en 2009). Syriza arrive en tête dans presque toutes les grandes villes et les quartiers ouvriers (Athènes, Le Pirée, Thessalonique, Patras, La Canée, etc.).

KKE, Syriza, Antarsya…

Le PC grec (KKE) a perdu son hégémonie à la gauche du PS : il n’a gagné que 20 000 voix (8,5 %) par rapport à 2009 (7,5 %) et a même perdu 48 000 voix par rapport aux élections de 2007 (8,15 %). Le KKE a certes pu consolider sa base électorale, mais n’a pas su convaincre des couches plus larges de la population, en raison surtout du manque d’une proposition claire sur le terrain du gouvernement. Il a payé cher son refus de discuter la proposition de Syriza de former un gouvernement de gauche (hors PS) qui annulerait les mémorandums. La direction du KKE explique que l’annulation des plans d’austérité est impossible sans le renversement du système capitaliste et se fixe comme objectif « le renforcement électoral du parti afin de promulguer les idées du pouvoir populaire, de la sortie de l’euro et de l’Union Européenne et de l’annulation de la dette ».

Mais la perspective très floue d’un futur pouvoir populaire comme solution à des problèmes très réels et immédiats n’a pas convaincu les classes populaires. La défaite de toutes les mobilisations contre les mémorandums 1 et 2 et l’annonce d’un troisième plan de mesures d’austérité a rendu crédible la solution électorale proposée par Syriza : un gouvernement de gauche (hors PS) qui aurait comme tâche principale l’annulation des mesures d’austérité. Le KKE, crédité de 11,5 % des voix deux semaines avant les élections, a été mis de côté en faveur de la solution proposée par Syriza.

Quant à sa politique sur le terrain des luttes, force est de constater que malgré son implantation forte sur les lieux de travail et sa capacité avérée à « mobiliser ses troupes », le KKE est resté fidèle aux manifestations séparées pour que les travailleurs de sa tendance syndicale PAME convergent le moins possible avec ceux des centrales syndicales du public et du privé (toutes deux dirigées par le PASOK), ainsi qu’à la dénonciation comme réformiste ou gauchiste de toute action en dehors de PAME qui, par ailleurs, refuse toute coordination des mobilisations. Des contacts syndicaux et politiques à Athènes nous racontent l’incident suivant : un groupe de syndicalistes, parmi eux des syndicalistes de Syriza, rend une visite de soutien aux grévistes d’une entreprise de production de velux à Peristeri, une banlieue d’Athènes. Les syndicalistes de PAME qui dirigent l’occupation refusent de les accueillir et les repoussent en les insultant sous les yeux surpris des travailleurs grévistes.

Par ailleurs, il semblerait que la sortie de la zone euro et de l’Union européenne n’a jamais été comprise comme une réelle solution par la majorité de la population grecque. L’annonce d’un éventuel référendum par le gouvernement Papandreou avait déjà provoqué de vives inquiétudes parmi la population grecque car la sortie de l’euro et de l’UE est souvent perçue comme un recul, une cause éventuelle d’isolement du pays et de dégradation de la situation actuelle. Plusieurs sondages montrent que le maintien dans la zone euro est toujours souhaité par 70 à 89 % des sondés.

Dans ce contexte, la campagne de Syriza, focalisée sur l’annulation des plans d’austérité et la suspension du paiement de la dette par un gouvernement de gauche (hors PS), a trouvé un large écho auprès des classes populaires. Des contacts syndicaux et politiques rapportent que, plusieurs semaines avant les élections, des centaines de militants jusque là inactifs se sont de nouveau tournés vers les structures de la coalition pour contribuer à la popularisation du plan d’urgence proposé par Syriza dans les quartiers, les places, les lieux de travail et auprès même des petits commerçants et artisans.

D’ailleurs, Syriza a sans doute profité de l’image d’un parti qui soutient et appuie les mobilisations, quoique son implantation et son influence de la coalition dans les lieux de travail restent limitées : la coalition est surtout implantée dans le secteur public et intervient syndicalement au travers de la tendance syndicale Aftonomi Paremvasi (« Intervention Autonome ») et la Coordination des tendances syndicales du premier degré, regroupement créé en coopération avec d’autres forces, notamment Antarsya (coalition de la gauche anticapitaliste). Le score électoral de Syriza dépasse sa véritable influence dans les classes populaires, et il semblerait qu’en son sein les militants soient conscients de ce décalage.

Antarsya, la coalition de la gauche anticapitaliste fondée en 2009, a fait une campagne axée principalement sur l’annulation des plans d’austérité, la sortie de l’euro et de l’Union Européenne, l’interdiction des licenciements, la taxation du capital et la nationalisation, sous contrôle ouvrier, des secteurs stratégiques de l’économie et des banques. Il semblerait que son intervention dans la Coordination des tendances syndicales du premier degré et ses cortèges très denses dans les mobilisations, ainsi que ses scores encourageants aux élections régionales de 2010 (2 %, 98 000 voix, 10 conseillers élus) et aux élections professionnelles, aient créé chez ses militants l’espoir d’un score proche des 3 %, le seuil pour entrer à l’Assemblée Nationale. Dans la résolution de la Coordination panhéllenique d’Antarsya, rendue publique le 13 mai, il est fait état d’un résultat « inférieur aux attentes et au potentiel » de la coalition, dû entre autre aux illusions d’une partie des travailleurs qui en sont proches quant à la capacité d’un gouvernement de gauche à apporter une solution sans passer par des mobilisations.

Quelle place pour le mouvement d’en bas ?

Antarsya met l’accent sur une question cruciale : comment un gouvernement de gauche pourra-t-il imposer l’annulation des mesures d’austérité jugées nécessaires par la bourgeoisie grecque ? Celle-ci exprime ouvertement sa satisfaction de la baisse drastique du coût du travail, déclare cependant être contre toute nouvelle baisse du Smic (la classe ouvrière doit pouvoir se reproduire) et demande que l’on œuvre maintenant dans d’autres directions, comme l’amplification des exonérations des cotisations patronales. Le SEB (le Medef grec) a récemment renouvelé son attachement au maintien dans la zone euro et à la mise en place des réformes nécessaires pour « la sortie du pays de la crise ».

Pour Alexis Tsipras, le leader de Syriza, « le mémorandum n’existe plus et le peuple s’en débarrassera s’il renouvelle son vote contre lui le 17 juin ». Dans le discours de cadres de Syriza, on trouve souvent une référence au nécessaire soutien des travailleurs pour mettre en place le programme de la coalition. Mais le besoin de préparer les classes populaires à la perspective d’une mobilisation unitaire et offensive, pour battre la politique de la bourgeoisie grecque et faire face à sa réaction, est absent.

Syriza a organisé 70 assemblées générales ouvertes dans les quartiers à travers tout le pays après les élections. Malgré un manque de préparation, ces réunions ont connu une grande affluence : des milliers de personnes s’y sont rendus pour écouter et poser des questions sur l’euro, le mémorandum, la dette, etc. Et d’après des sources militantes, on remarque un afflux vers les structures de la coalition de personnes qui se disent prêtes à faire des choses.

Des ambiguïtés persistantes

Certes, Syriza tient bon face aux pressions exercées par la bourgeoisie grecque et européenne et le FMI. Le programme de Syriza, dont la version actualisée a été présentée le 1er juin, insiste sur l’annulation des plans d’austérité, le rétablissement du Smic à 751 euros, une allocation de chômage sur 24 mois (contre 12 actuellement), la baisse de la TVA pour les produits de première nécessité et le rétablissement du droit de travail. Toutefois, des ambigüités demeurent notamment sur les questions de la nationalisation et socialisation des banques et celle de la dette, où Syriza propose soit un moratoire sur le paiement de la dette, soit sa renégociation. Ce ne sont pas des questions annexes car il s’agit bien là de savoir qui, des travailleurs grecs ou des capitalistes, paiera la dette.

En même temps, Syriza multiplie les ouvertures vers sa droite. Dans une visite aux quartiers généraux de l’armée, Alexis Tsipras a élevé au rang des « priorités nationales indiscutables » la défense de la patrie. Dans le programme actualisé, la « taxation de la richesse » promise prend la forme d’un « réexamen » des 58 niches fiscales dont bénéficient les armateurs en vue d’un « accord » avec eux sur le sort de ces niches. La question de la taxation de la richissime Église Orthodoxe est absente du programme annoncé. La hausse du taux d’imposition des ménages les plus riches sera progressive, 1 % par an sur 4 ans. La fin des dépenses militaires (95 milliards depuis 1998) est subordonnée à un accord avec la Turquie. Et sur la question de l’immigration, Syriza répond qu’en attendant une nécessaire concertation européenne, il faut fournir des papiers aux immigrés qui désirent chercher du travail là où il y en a, à savoir dans l’Europe centrale et du Nord (intervention d’Alexis Tsipras, NET, 01/06/2012).

Sur un point toutefois, l’ambiguïté créée par des déclarations contradictoires de cadres de la coalition semble avoir été levée. Les uns parlaient de renégociation des plans d’austérité, et les autres de leur annulation. La pression exercée par l’immense majorité des Grecs a conduit à trancher dans le second sens. Peut-être cela a-t-il aussi à voir avec les liens relativement faibles que la coalition entretient avec les institutions. Syriza ne gère pas des dizaines de mairies ou de régions ; la coalition ne comptait que six députés en 2004, treize députés et un eurodéputé en 2009, une quinzaine de conseillers municipaux depuis 2010.

Attentisme sur le terrain des luttes

Depuis le vote du mémorandum 2, le 12 février 2012, la mobilisation des travailleurs grecs a perdu en intensité. L’héritage visible du mouvement des indignés de l’été dernier se limite à quelques assemblées de quartier qui ne rassemblent, dans la plupart des cas, que quelques dizaines de personnes. Malgré la popularité du mouvement « Je ne paie pas » contre le paiement des taxes « exceptionnelles » collectées via les factures d’électricité, la majorité écrasante des Grecs a réglé sa facture. Les « marchés populaires », organisés par certains producteurs pour écouler leur stock de produits, ont rencontré un succès certain mais éphémère.

Pour autant, les luttes ouvrières ne sont pas absentes. Les 300 travailleurs de l’aciérie de Halivourgiki dans la banlieue du Pirée sont toujours en grève depuis fin octobre pour obtenir le retour des 119 licenciés. Les salariés de l’usine de Coca-Cola de Thessalonique et de Patras se sont battus et ont obtenu l’annulation de la fermeture de leur entreprise. Le vendredi 4 mai, deux jours avant les élections, les salariés de l’usine Fage dans le nord d’Athènes se mettaient en grève, reconduite dans des AG pendant une semaine, contre le licenciement annoncé de 29 de leurs collègues. Mais dans tous les cas, les mobilisations restent isolées.

Plus largement, un certain attentisme semble caractériser l’ambiance actuelle. L’actualité politique est dominée par les élections du 17 juin et les débats sur le programme des partis monopolisent les discussions dans les quartiers et les lieux de travail. À la recomposition de la droite (le parti de la Nouvelle Démocratie a récemment annoncé la réintégration de la formation de son ex-dissidente Bakoyanni, 2,56 % aux dernières élections, ainsi que de plusieurs députés du LAOS), Syriza répond avec le soutien de la petite formation de Katseli (« Pacte Social », 0,96 %), ministre de l’économie puis du travail dans le gouvernement Papandreou de 2009 à 2011.

Une victoire de Syriza donnerait-elle aux classes populaires la motivation nécessaire pour se battre à nouveau contre la politique imposée par les bourgeoisies grecque et européenne ? Dans une telle hypothèse, la coordination et la convergence des luttes sera une condition nécessaire pour imposer l’annulation des plans d’austérité et l’application d’un véritable programme d’urgence, vital pour les classes populaires.

Yanis Kastanos

Les formations de la gauche grecques SYRIZA-EKM (Coalition de la gauche radicale – Front sociale unitaire)

Syriza est un front de 12 organisations, qui a déposé en mai 2012 une demande de transformation en parti afin de pouvoir bénéficier du bonus de 50 sièges accordé au parti qui arrive en tête aux élections législatives. La deuxième composante, l’EKM, est un parti formé en novembre 2011 par des ex-cadres du PASOK, comme P. Kouroublis (député exclu du PASOK pour ne pas avoir voté une série des mesures d’austérité en juin 2011) et A. Mitropoulos, ex-membre du comité central du PASOK.

SYNASPISMOS (Coalition de la gauche, de l‘écologie et des mouvements) est la composante la plus nombreuse (on évoque le chiffre de 12 000 adhérents) et celle qui véhicule les thèses de la coalition à l’échelle du pays grâce à ses journaux et sa station radio.

A l’origine, Synaspismos avait été fondé, en 1989, comme coalition entre le KKE (PC grec) et l’EAR (scission majoritaire, en 1986, de l’ancien PC de l’intérieur, courant de l’« eurocommunisme »). De nombreux militants et presque toute l’organisation de jeunesse ont quitté la coalition en 1989 à cause de sa participation à la formation d’un gouvernement avec la ND (droite). Puis, en 1991, le KKE l’a quittée. Dans les années 1990, Synaspismos a voté le traité de Maastricht et soutenu les positions de la bourgeoisie grecque sur le nom de la Macédoine.

Dans les années 2000, ce qui restait organisé sous le nom de Synaspismos a contribué à la création de l’Espace de dialogue et d’action commune de la gauche ainsi que du Forum social grec. Après le départ, entre 2001 et 2004, de plusieurs cadres du parti qui ont rejoint le PASOK, la direction de SYNASPISMOS, soutenue par la tendance gauche (« Courant de gauche ») du parti, a abandonné l’objectif d’une alliance avec le PASOK et réaffirmé la volonté de travailler en commun avec d’autres formations de la gauche. Syriza, la nouvelle coalition qui a alors été formée, a participé aux législatives de 2004 (3,6 %, 6 députés).

Les autres composantes de Syriza-EKM sont DEA (Gauche Ouvrière Internationaliste, scission du SWP grec), Kokkino (Rouge, scission de DEA, qui a le statut d’observateur à la IVe Internationale), l’AKOA (Gauche rénovatrice communiste et écologique, issue de l’ancien PC de l’intérieur), KEDA (Mouvement pour l’unité et l’action de la gauche, scission du PC), Citoyens Actifs (la mouvance de M. Glezos, figure emblématique de la résistance), DIKKI (Mouvement démocratique et social, scission du Pasok), le Groupe Rosa, les Ecosocialistes, les Radicaux (scission de DIKKI) et le GPO (Groupe politique anticapitaliste, scission de Kokkino). La principale composante outre Synaspismos, ayant une réelle surface militante, est le KOE (Organisation communiste de Grèce, maoïste), qui a rejoint Syriza en 2007.

 

DIMAR (Gauche démocratique)

En 2010, la tendance droitière de Synaspismos (« Aile Rénovatrice ») est partie pour former DIMAR (6,11 %). En 2012, plusieurs cadres et quelques députés du PASOK qui avaient voté le mémorandum ont rejoint cette formation. Après les élections du 6 mai, DIMAR a proposé la formation d’un gouvernement œcuménique (avec la participation de Syriza, du PASOK et de la ND) qui aurait comme objectif le désengagement progressif des mémorandums et la renégociation des conditions du remboursement de la dette.

ANTARSYA (Coopération anticapitaliste de gauche pour le renversement)

Front de plusieurs organisations de l’extrême gauche qui auparavant se regroupaient dans les fronts MERA (Front de la gauche radicale, fondé avant les élections de 2000) et ENANTIA (Gauche unitaire anticapitaliste, fondée avant les élections de 2007). Ses composantes sont le NAR (Nouveau courant de gauche, scission à gauche de Synaspismos en 1989) et son organisation de jeunesse n/KA (Jeunesse/Libération communiste), le SEK (Parti socialiste des travailleurs, le SWP grec), l’OKDE-Spartakos (Organisation des communistes internationalistes de Grèce, section de la IVe Internationale), l’EKKE (Mouvement communiste révolutionnaire de Grèce, d’origine maoïste), l’ARAN (Recomposition de gauche, d’origine maoïste-althussérienne), l’ARAS (Convergence anticapitaliste de gauche, d’influence althussérienne, présente surtout dans les facs), la Rénovation communiste (scission à gauche de l’AKOA qui a coopéré avec le PC dans les élections de 2000 et 2002 et participe à son front syndical, le PAME) et les Écologistes-Alternatifs.