Publié le Vendredi 17 janvier 2020 à 11h57.

Canteleu, élus au service des luttes !

Canteleu est une commune de 15 000 habitantEs, un quartier populaire de Rouen, jeune, marqué par le chômage (17 %) et la précarité (à la Cité Rose, 45 % des jeunes vivent des minima sociaux), avec une forte population immigrée, 65 % de logements sociaux, pas d’industrie. Beaucoup de sans-papiers, de demandeurs d’asile. Une municipalité PS, PCF et Verts, des associations très institutionnalisées et bien financées par la Mairie. 

Nous sommes élus au conseil municipal depuis 2001. Mais alors que les autres forces ne font de la politique qu’au conseil municipal, nous sommes la seule force qui essaye de faire agir les habitants. Même si ce n’est pas toujours facile, c’est la raison essentielle de notre présence au conseil. Avec une liste « Canteleu 100 % à gauche, soutenue par la LCR », qui obtient 14 % aux élections de 2001, nous avons deux élus. Canteleu 100 % à gauche, qui regroupe à égalité militants LCR, syndicalistes et militants associatifs, anime toute une activité unitaire : Croc’eau contre les surfacturations de la Lyonnaise des Eaux, solidarité avec la Palestine (réunion de plus de 100 personnes), campagne pour un arrêté municipal interdisant les coupures d’eau et d’électricité pour les personnes en grande fragilité économique. Un arrêté finalement voté au conseil… mais jamais signé par le maire ! Aux municipales de 2008, nous avons obtenu 10,3 %, et un seul élu. Quand le Conseil général PS licencie la moitié des éducateurEs spécialisés (dont ceux de l’Afpac de Canteleu), nous lançons un comité de soutien, manifestons à une centaine contre le président du CG quand il inaugure le nouvel Ehpad. Une centaine de CantilienEs sont présents au Conseil municipal.  

Porte-parole des colères

Aux municipales de 2014, une nouvelle impulsion a eu lieu autour d’une liste citoyenne « Canteleu à gauche vraiment », soutenue par NPA et France Insoumise. Nous avons obtenu 11,4 %, deux élus. « Les cadeaux de Hollande à la finance, nous voulons les consacrer aux Cantiliens, à l’emploi, aux écoles, aux jeunes à l’écologie » ; « défense de l’Afpac » ; « démocratie participative », etc. Nous sommes la seule opposition, la droite et le FN (20 % et 3 élus) désertant le conseil. Une nouvelle équipe militante « Canteleu à gauche vraiment » nait. Au conseil municipal, nous essayons de nous faire les porte-parole des colères, nous faisons intervenir les syndicalistes en lutte de l’Œuvre normande des mères (ONM). Notre proposition de conférence de presse sur la fin des contrats aidés est reprise. Nous lançons un café citoyen mensuel, avec unE invitéE, souvent associatif. Les participantEs décidant ensemble du thème et de l’invité. L’objectif est de favoriser la rencontre et la discussion politique, et parfois de faire agir ensemble. 

Au moment de la loi El Khomry, nous inondons Canteleu de tracts pour le film Merci Patron que nous passons avec 200 présentEs ! 130 personnes au café Linky, 45 personnes sur le logement à Canteleu. Nous popularisons les deux grèves des salariéEs de la mairie contre la souffrance au travail. En 48 h, nous nous retrouvons à 45 devant l’ONM qui veut mettre à la rue une mineure isolée d’origine étrangère, avec son bébé, accusée par le département d’être majeure. Au moment de la vague de réfugiés syriens, nous faisons une campagne sur le thème « À Canteleu il y a assez de logements vides pour accueillir les réfugiés ET les Cantiliens, notamment jeunes qui veulent un logement ». Nous proposons aux associations cantiliennes de recenser les logements vides (plusieurs centaines), et les demandeurEs de logements. Succès d’estime, mais nous nous retrouvons seulement à 20… de « Canteleu à gauche vraiment ».

Pendant les Gilets jaunes, nous réunissons une assemblée citoyenne de 80 personnes. Préparée avec des gilets jaunes, 6 000 tracts sont distribués. Pendant 4 heures, par petites tables et tour de table, des sujets émergent. Qui font ensuite autant de tables de travail par thème (pouvoir d’achat, démocratie, service publics, emploi, écologie), avec rapporteurE (et autant de cahiers de revendications). Puis plénière pour voir ce qu’on en fait et mobiliser les CantilienEs autour. En cette période de lutte contre la réforme des retraites, blocage des ronds-points et préparation d’une nouvelle liste sont notre quotidien !