Le regroupement Rejoignons-nous s’exprime dans notre revue concernant la situation et la construction d’un parti pour les exploitéEs et les oppriméEs. Plus d’informations sur https://www.rejoignons-n… .
« Don’t agonize, organize ! » - Florynce Rae « Flo » Kennedy
Après une période politique principalement marquée par les campagnes électorales, on ne peut que se réjouir que la gauche ait retrouvé des couleurs à l’Assemblée nationale et dans les médias. Mais ce qui ressort principalement de ces élections, c’est un pouvoir encore plus réactionnaire et autoritaire, une extrême-droite à un niveau dangereusement haut et une abstention record aux élections législatives dans les quartiers et zones rurales populaires, malgré un fort enjeu à gauche mis en avant par les partis de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) et un Rassemblement national (RN) absent de la campagne. Si la NUPES a pu contribuer à redonner de l’espoir à certainEs au sein de notre camp, le rapport de force continue de nous être très défavorable et la catastrophe politique, sociale et écologique est toujours en marche. Les salaires n’augmentent pas ; les prix grimpent en flèche. Les dérèglements écologiques continuent de causer des désastres, liés notamment à des hausses de températures inégalées au niveau mondial, et favorisent l’émergence de nouvelles épidémies. Une vague réactionnaire, autoritaire, raciste et sexiste déferle sur les pays riches. L’invasion russe de l’Ukraine démontre une fois de plus la logique meurtrière de l’impérialisme, la dépendance du capitalisme aux énergies fossiles, et la faiblesse du mouvement internationaliste au niveau mondial.
Un pôle révolutionnaire et réellement populaire au sein de la gauche
Pourtant, une grande partie des classes populaires, en particulier les plus jeunes, est convaincue de la nécessité de changements profonds. On les retrouve nombreuses et nombreux dans des mobilisations sociales, écologiques, antiracistes et féministes. Dans les quartiers, quand un jeune se fait tuer par la police. Dans les manifs climats, dans les syndicats, sur les ronds-points. Mais très peu dans les partis politiques. Nous pensons que la situation nous oblige à nous organiser davantage et à construire un nouveau projet politique. Le poids de l’extrême droite et des libéraux réactionnaires, l’ampleur des catastrophes écologiques en cours, l’attente de démocratie et d’auto-organisation des nouvelles générations nécessitent de faire entendre une autre voix. Une voix qui porterait fièrement un horizon alternatif à ce système. Une voix qui serait riche de toutes les voix de celles et ceux que les partis politiques oublient une fois les élections passées. Pour cela, nous avons besoin d’une nouvelle organisation politique. Une organisation construite par et pour les premierEs concernéEs. Une organisation qui prenne à cœur de construire une nouvelle culture politique avec toutes celles et ceux qui la rejoignent, une culture commune capable de se rendre perméable à ce qui l’entoure. Une organisation dans laquelle on élabore collectivement une stratégie et des propositions qui répondent aux aspirations populaires, contribuent au développement de perspectives politiques radicales au sein du mouvement social, et qui permettent qu’ensemble, fortEs de nos expériences militantes et pratiques sociales diverses, nous puissions dessiner un nouveau projet global, transversal, radical et concret pour rompre avec le système capitaliste, colonial, écocide, patriarcal et raciste. Une organisation ancrée dans le quotidien, dans les luttes, et qui, sans courir après les élections, prenne la question électorale et des alliances au sérieux et soit capable de constituer un pôle révolutionnaire et réellement populaire au sein de la gauche.
Dans les collectifs féministes, dans les quartiers, se sont construites de multiples cultures communes, des pratiques nouvelles. La manière dont un collectif conçoit et construit sa culture commune, c’est une question à laquelle, à Rejoignons-nous, nous avons consacré une grande part de nos échanges, réflexions, activités et rencontres depuis deux ans. Que nos histoires militantes soient celles des partis ou d’autres collectifs de lutte, nous avons partagé le constat que sur cette question essentielle pour construire un outil commun, aucune organisation politique actuelle n’avait réussi à créer un espace inclusif, des modes de fonctionnement qui ne reproduisaient pas les schémas de domination de la société. Ainsi, après le mouvement #MeToo, après les collectifs comme Nous Toutes, la Coordination féministe ou tant d’autres partout dans le monde, les dernières semaines nous ont montré à nouveau qu’aucune organisation politique n’a été capable de remettre profondément en cause sa culture patriarcale et ses modes de fonctionnement. Ce sont ces mêmes organisations qui prétendent « s’adresser » aux quartiers populaires alors qu’aucune ne veut « faire » avec les militantEs des quartiers populaires. Celles et ceux qui s’étaient mobiliséEs comme nulle part ailleurs pour Jean-Luc Mélenchon lors de l’élection présidentielle ont été immédiatement écartéEs lorsqu’il s’est agi de se répartir les places pour les élections législatives. Mais ce n’est évidemment pas qu’une question de propositions ou de places aux élections. Ce sont toutes les pratiques des anciennes cultures politiques verticales et excluantes, élitistes et électoralistes qu’il faut remettre en question si l’on veut – et c’est un enjeu majeur – construire une organisation par et pour les premierEs concernéEs par toutes les formes d’injustice, d’exploitation et d’oppression.
Égalité !
Nous savons ce qui nous rassemble : l’analyse que le système actuel engendre nécessairement des catastrophes environnementales et sociales et menace concrètement les vies de millions d’habitantEs sur la planète, qu’il concentre les richesses et le pouvoir entre les mains de quelques-unEs et qu’il ne survit que grâce à la domination impérialiste et à l’exploitation de celles et ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre, qu’il utilise et renforce les oppressions et discriminations contre les femmes, les personnes LGBTQI+, contre celles et ceux qui n’ont pas le « privilège » d’être blancHEs. Nous voulons mettre fin à ce système et construire une organisation et un projet qui mettront au centre les questions d’égalité – de toutes les égalités –, de justice, d’écologie et de démocratie, qui ne fermeront pas les yeux sur l’impérialisme français, qui n’auront pas peur de défendre le contrôle des salariéEs dans l’entreprise et l’autogestion dans tous les domaines de la vie et des mesures radicales pour mettre fin aux discriminations, aux oppressions et aux violences faites aux femmes et aux personnes raciséEs.
Dans le cadre de Rejoignons-nous, nous avons commencé depuis 2020 à rassembler des personnes issues d’horizons politiques divers, toutEs convaincues de la nécessité de construire un nouveau projet politique révolutionnaire, non sectaire et populaire. Nous avons également commencé à mettre en œuvre des initiatives (des formations, rencontres et campagnes permanentes notamment) et à échanger avec d’autres espaces politiques et possibles partenaires partageant la même visée, et notamment le NPA. Dès maintenant, nous proposons à toutes celles et ceux qui se retrouvent dans un tel projet de se rejoindre pour le construire ensemble. Nous remercions le NPA de nous avoir ouvert ses colonnes et pour votre invitation à participer à votre université d’été. Dès la rentrée, nous vous proposerons à notre tour de participer, avec d’autres, à une rencontre publique autour des questions que nous avons développées dans ce texte. Et dès l’automne, nous proposons de lancer avec toutes celles et ceux qui le souhaitent un processus public de construction d’une nouvelle organisation politique.
Nous savons que lors de ces élections nous n’avons fait que gagner du temps face au fascisme qui monte, car l’extrême-droite est encore plus puissante et ses idées ont gangrené une grande partie du spectre de la politique institutionnelle et des grands médias, car le système capitaliste, écocide, patriarcal et raciste exacerbe les haines et les violences. Nous savons que le temps presse face aux catastrophes climatiques qui s’annoncent, aux guerres, au désastre social qui s’aggrave chaque jour un peu plus, au racisme qui gagne du terrain.
Nous n’avons plus le temps d’attendre. Rejoignons-nous !
(Les intertitres sont de la rédaction)