Le week-end de Pentecôte, il y a la traditionnelle fête de Lutte ouvrière à Presles (95). Comme chaque année, le NPA y a tenu un stand et a participé à un débat central avec LO.
Cette année, LO nous avait laissé choisir l’intitulé du débat : « Crise du capitalisme, offensive du gouvernement et du Medef, montée de l’extrême droite, quelles perspectives pour les anticapitalistes et les révolutionnaires ? ». Le titre aurait auguré d’un débat constructif. Malheureusement, comme les années précédentes, ça a tourné au dialogue de sourds et n’a pas échappé à la caricature.Si l’on peut reconnaître à LO le mérite d’avoir maintenu un courant explicitement marxiste révolutionnaire dans un nombre significatif d’entreprises et d’avoir contribué à une présence publique et électorale des idées d’extrême gauche à une échelle nationale, ses militants ne sont pas les seuls porteurs des idées révolutionnaires. Pourtant, pour LO, le NPA ne défend pas du tout les mêmes perspectives « trotskistes » : il a abandonné le « communisme révolutionnaire » comme l’illustrerait la dissolution de la LCR ; il a un projet politique flou et, comme le Front de gauche, il ne met pas en avant « les intérêts des travailleurs » mais « une politique favorable à tous les citoyens » (Nathalie Arthaud dans le Monde du 23 mai 2015)... Et d’ailleurs, il va faire alliance avec le Front de gauche aux prochaines élections !
Unir nos forces, unifier notre camp socialNos camarades ont patiemment rétabli les faits. Le programme de fondation de la Quatrième Internationale, plus connu sous le nom de « programme de transition », souligne la nécessité et l’importance de revendications transitoires pour mobiliser et unifier la classe ouvrière, prône une politique d’unité d’action vis-à-vis du mouvement ouvrier traditionnel, un vocabulaire absent chez LO. Non, le NPA ne fera pas d’alliance électorale avec le Front de gauche, car comme l’a décidé le congrès du NPA, « nous rejetons la possibilité d’accords programmatiques et électoraux avec le Front de gauche et ses composantes aux élections départementales et régionales de 2015, présidentielle et législatives de 2017 ».Lors de ce débat, nous ne nous sommes pas bornés à proposer à LO de discuter des possibilités de se présenter ensemble aux prochaines élections, ni à mettre en avant les points d’accords programmatiques entre nos deux organisations. Nous avons aussi expliqué notre démarche : face au danger de la montée de l’extrême droite, prendre appui sur les luttes existantes de la classe ouvrière et de la jeunesse, chercher à les faire converger pour préparer un affrontement d’ensemble avec le gouvernement PS-Medef, ce qui suppose de s’adresser et de se confronter politiquement aux militants des organisations réformistes, notamment du Front de gauche et de la CGT, tout en menant une lutte acharnée contre l’influence des bureaucraties syndicales. Pour cela, nous ne serons pas de trop à unir nos forces : comment peut-on vouloir unifier notre camp social sans vouloir unifier les anticapitalistes et les révolutionnaires ?Comme notre proposition à LO de discuter plus précisément comment nous pourrions agir ensemble dans les mobilisations et œuvrer à leur convergence n’a pas été rejetée, nous la réitérons. Car, au-delà de nos divergences politiques (par exemple sur le collectif 3A « Alternative à l’austérité »), il y a de quoi faire : contre la réforme du collège, contre le projet de loi sur le « dialogue social », contre la répression à l’encontre de militants politiques et syndicaux. L’intervention politique commune des anticapitalistes et révolutionnaires est un enjeu trop important dans la situation actuelle pour la renvoyer à un énième débat sans conséquences !
Lemmy K. et Marie-Hélène D.