Nous publions un « point de vue » qui nous a été envoyé, à propos de la campagne de Fabien Roussel.
«En faisant l’éloge de la viande et du nucléaire, le candidat fait preuve de liberté et même de courage ». Ceci est l’introduction d’un article du Point sur Fabien Roussel qui est, toujours selon l’hebdomadaire, le candidat qui agace la gauche « woke ».
Fondamentaux républicains
Roussel s’est promis de remettre le PCF dans les pas de Thorez, Marchais et de retrouver les fondamentaux qui ont semblé se perdre avec les alliances PCF-FI1. Nous avons vu, d’abord, sa participation à la manifestation du syndicat policier Alliance le 19 mai, puis l’invitation faite à Valérie Pécresse à la fête de l’Huma en septembre 2021, où le débat fut plus que courtois, avec accolades, poignées de mains et sourires. La recherche de la respectabilité, en somme.
Mais ceci n’empêche pas Roussel d’aller en manif et de fustiger Darmanin et Lallement2. Nous voilà rassurés, donc. D’ailleurs Roussel est infatigable, il est sur la plupart des piquets de grèves, il twitte et re-twitte. Jusqu’à la phrase de trop, le combo « viande-vin-fromage » qu’il veut « rendre » aux classes populaires.
L’identité gastronomique en question
Roussel a, semble-t-il voulu répondre (encore !) à l’injonction de Valérie Pécresse, pour qui « être français, c’est manger du foie gras »3, mais sur une base « de classe » (viande rouge versus foie gras). Et c’est là qu’est l’os, justement. Roussel reste au degré zéro de la politique, en regardant l’assiette avec des lunettes de 1960. Comme si nous ne savions pas que la qualité de la viande est dégradée car sur-produite, et que le débat sur l’alimentation carnée est aujourd’hui un vrai enjeu de société.
En réduisant le point de vue d’un candidat de la gauche populaire sur la gastronomie à celui de « ce qu’on a dans l’assiette » et non pas sur le type de production, ou même d’élargir le terme de gastronomie aux autres cuisines, le candidat du PCF enferme le débat, et les réactions paraissent, du coup, soit hors-sol (c’est une réalité que les gens achètent moins de viande, car trop chère), soit encore plus niaises. Cela fait un point de plus pour les nationalistes, et la question du lien entre nourriture et environnement est sacrifiée sur l’autel du populisme. Dans un sens, un candidat qui accuse les opposantEs à la chasse d’être des citadins intellos est cohérent.
Le retour du productivisme
La question de la « valeur travail », est le thème qui a débuté la campagne du PCF lors du meeting national du 21 novembre. À la manif des personnels de l’Éducation nationale, le 13 janvier, Roussel déclarait : « Je suis le seul à défendre le revenu issu du travail plutôt que de le revenu issu de l’aide sociale ». Déjà, cette phrase est très ambiguë et, ensuite, il n’est pas le seul candidat à défendre les salaires. Mais là, Roussel attaque l’idée du revenu universel (à juste titre), mais ignore les étudiantEs, pour qui travailler prends du temps sur les études, et pour qui l’aide sociale serait d’un grand secours. Il exclut les artistes, auteurEs-compositeurEs qui souvent, améliorent leur quotidien avec un RSA, faute d’êtres éligibles au statut d’intermittent. Et enfin, il ignore les personnes handicapéEs, qui (sur)vivent grâce à l’AAH. À force de vouloir se présenter contre Mélenchon, Roussel casse encore un peu plus le socle idéologique de ce qu’a été le PCF il y a cent ans.