Ardent promoteur de l’eurolibéralisme, du traité de Lisbonne au projet de nouveau traité européen, Sarkozy n’a pas ménagé ses efforts au service des banques et des multinationales. Il est des faits qui parlent d’eux-mêmes. Au lendemain de son élection, N. Sarkozy, le candidat qui aujourd’hui veut « faire trancher le peuple (sic) par des référendums » signait le traité « simplifié », copie conforme du Traité constitutionnel européen, rejeté en 2005 lors d’un… référendum ! Il chercha à maquiller l’escroquerie démocratique, tandis que le Premier ministre du Danemark fut plus franc : « Ce qui est positif, c’est que les éléments symboliques aient été retirés et que ce qui a réellement de l’importance – le cœur – soit resté. » Le « principal » étant ce qui avait été rejeté par le non de gauche au TCE : le renforcement de la logique concurrentielle, de la marchandisation, de la libéralisation forcée et d’un encadrement très strict des politiques économiques. « L’erreur » consistant à soumettre le traité à ratification par référendum n’a, bien entendu, pas été reproduite. Attaques libérales et antidémocratiques sont les deux faces de la politique européenne de Sarkozy au lendemain de son élection et poursuivies tout au long de son mandat. Lors du déclenchement de la crise, Sarkozy s’est présenté comme le « président du pouvoir d’achat ». Il a multiplié les déclarations d’hostilité à la toute puissance de la finance. à la suite de la chute de Lehmans Brothers, il déclarait à Toulon qu’il allait imposer aux banques de financer l’économie, non la spéculation, réduire l’opacité de la finance, et encadrer les rémunérations des dirigeants. Triple échec… pour peu qu’il ait cru lui-même un seul instant à ses déclarations. La vente à découvert, outil hautement spéculatif, vient à nouveau d’être autorisée. Aucune initiative n’a été prise contre les paradis fiscaux (y compris en direction des banques et transnationales françaises) et, à titre d’exemple, le patron de BNP a gagné l’équivalent de quatre siècles de Smic en 2011 ! Loin de ces déclarations de principe, au cœur de la crise où il était de bon ton de prendre ses distances avec la finance, la politique menée concrètement a consisté à défendre les intérêts des banques françaises dans la gestion de la crise grecque, à instaurer avec Angela Merkel une cure d’austérité pour toute l’Europe, aussi dévastatrice qu’inefficace et à imposer les décisions de la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne, FMI) au mépris du fonctionnement démocratique. Ainsi, lorsque Papandréou propose un référendum portant sur le nouveau plan d’austérité, c’est un véritable coup d’état institutionnel qui est mené par Sarkozy et Merkel pour le faire reculer, puis le débarquer. La fin de son mandat est marquée par la volonté d’aboutir à un nouveau traité européen, dont les principes ne déplairaient pas aux Chicago Boys, ces anciens conseillers de Reagan – et, avant lui, de Pinochet - qui théorisaient que la démocratie n’était pas le système politique le plus efficient pour le marché. Ce nouveau traité obligera les pays signataires à « avoir un budget général à l’équilibre ou excédentaire ». Les gouvernements seront donc sommés de couper dans les dépenses publiques, y compris en période de récession. La politique actuellement imposée aux populations européennes est donc ainsi inscrite dans le marbre de la loi. Et, pour éviter que des états ne se soustraient à ces contraintes, comme l’Allemagne et la France l’ont fait en 2004 en ne respectant pas les critères de Maastricht, les sanctions seront, avec ce traité, automatiques. Sans compter qu’une des « parties contractantes » - c’est-à-dire un état - estimant qu’un autre ne satisfait pas aux critères fixés par le traité peut saisir la Cour européenne de justice. Des pays peuvent donc porter plainte contre d’autres. La Cour de justice - non élue, faut-il le rappeler ? - établit ainsi la norme de ce que doit être un budget national. Si la réalisation d’un tel traité dans les délais annoncés semble hypothétique, la ratification par au moins douze pays de la zone euro étant nécessaire pour son application avant le 1er janvier 2013, il permet cependant à Sarkozy et Merkel de se repositionner à la veille d’échéances électorales. C’est aussi un moyen pour les promoteurs de l’ultralibéralisme de reprendre l’offensive idéologique et de polariser l’agenda politique sur leurs propositions. Ils nous donnent ainsi un aperçu de la réponse de la bourgeoisie à la crise en Europe : ultralibérale et de contournement des dispositifs démocratiques traditionnels. Ces réponses sont dès aujourd’hui mises en place dans les pays du sud de l’Europe, véritables laboratoires pour les politiques continentales à venir.