La maladie, la tuberculose et le sanatorium interrompent ses études. En 1949, elle entre chez Renault en tant que sténodactylo et participe à sa première grève de trois semaines en 1950 pour le rétablissement d’une convention collective. Déléguée du personnel CGT de 1950 à 1970, puis déléguée hygiène et sécurité de 1970 à 1975, elle a animé, en 1968, l’un des rares secteurs auto-organisés de Billancourt.
Clara est surnommée « mitraillette » en raison de sa véhémence et de son débit de parole accéléré devant la direction. Sa combativité revendicative est remarquée par les délégués hommes ouvriers souvent immigrés des secteurs de production : le début d’une solidarité militante qui ne faillira jamais.
Elle partage les espoirs d’un monde meilleur tel que les présentent les directions de la CGT et du PCF. En 1952, la majorité des délégués CGT est licenciée de l’usine. Engagés contre la répression patronale chez Renault, Clara et Henri se rencontrent pour rester ensemble soixante-dix ans.
1956, année de la révolution hongroise. Clara qui a maintenu des correspondances avec des Hongrois fait part à ses camarades de Renault de ses interrogations et critiques et rencontre une hostilité. Elle est soutenue par ses camarades de cellule et reste membre du PCF jusqu’en 1970.
Pendant la guerre d’Algérie, Clara s’engage activement dans la solidarité avec les Algériennes et les Algériens. Chez Renault, elle diffuse presse et documents d’opposition à la guerre. Elle participe aux tâches confiées par la fédération de France du FLN et à la diffusion d’El Moudjahid, l’organe clandestin du FLN. Le 17 octobre 1961, elle fait partie, des cinq observateurs de Renault que le FLN avait sollicités pour assister à la manifestation et témoigner de son déroulement. Ce témoignage résonne encore, porté par Henri et Clara jusqu’à ces toutes dernières années dans des manifestations, documents vidéo ou dans les établissements scolaires.
Elle milite de longues années à l’ASTI d’Issy-les-Moulineaux pour des tâches d’alphabétisation. Une solidarité sans frontière affirmée dans les actes.
Clara participe au groupe femmes de Renault, créé au début des années 1970, au même moment que le MLAC, très actif à Renault-Billancourt. Féministe de toujours, elle apporte son expérience militante.
Tant à la IVe Internationale qu’à la LCR ou au NPA, nous avons partagé avec Clara aspirations et combats, mais elle n’a appartenu à aucune de ces organisations. Elle lisait attentivement notre presse à laquelle, avec Henri, ils sont abonnés. Indépendante et lucide, Clara ne se privait pas d’ironie sur nos prises de position ou initiatives.
Un salut à sa fille Sophie et à ses petits-enfants. Que le compagnon de Clara, Henri, notre ami et camarade, qui se revendique de la IVe Internationale depuis 1944, reçoive ici l’expression de notre affectueuse sympathie. Pour le présent et les luttes de demain.