Le pays, à l’image du monde entier, s’enfonce dans une crise profonde. La pandémie met en relief toutes les crises, écologique, économique, sociale et démocratique dont le capitalisme est la cause, accentuant les inégalités et les discriminations. L’épidémie de Covid n’étant qu’un avant-goût de ce qui nous attend avec le changement climatique. Dans la société capitaliste, pour ceux qui la dirigent, leurs profits valent plus que nos vies.
La seule réponse à la crise globale, pour le gouvernement, est de restreindre les libertés. Son confinement en était l’exemple, détruisant notre vie sociale et culturelle, tandis que les ressources hospitalières sont toujours insuffisantes, que les restrictions budgétaires continuent alors que la priorité est de recruter dans les hôpitaux et tous les services publics. Le retour des salariéEs dans les lieux de travail, et des élèves dans les établissements scolaires, s'est fait au mépris des précautions sanitaires, donc de notre santé, des conditions de travail et de transport.
Son objectif fondamental est de faire tourner la production en augmentant le temps de travail ou la productivité… tandis que le chômage explose et que le COVID sert d’aubaine au patronat avec des suppressions de postes, des fins de CDD, d’intérim, etc. Toutes les classes populaires sont touchées, et plus encore les plus précaires. Corollaire de ces agressions sociales, le gouvernement, avec les lois « séparatisme » et « sécurité globale », développe un arsenal d'atteintes à nos libertés fondamentales vers un État toujours plus autoritaire et raciste.
Cette crise montre l’urgence que les exigences et les révoltes des exploitéEs et des oppriméEs entraînent une incursion massive et active des classes populaires dans la vie politique.
Des résistances qui ne portent pas encore leurs fruits
Ces dernières années ont vu le mouvement des Gilets jaunes, les mobilisations féministes, celles des personnels de santé, les mobilisations contre la réforme des retraites, celles contre le racisme et les violences policières, contre les changements climatiques et les projets inutiles et destructeurs. Ces mobilisations ont fait apparaître de nouveaux visages, dans la jeunesse, dans les quartiers populaires, qui montrent que de grands bouleversements sociaux sont possibles. De plus, dans ces mobilisations, comme durant le confinement, des expériences concrètes, limitées mais riches, ont montré, une fois de plus, la force de l’auto-organisation, d’une prise en main collective de l’espace public, des quartiers, des lieux de travail et d’études. Toutes ces luttes se sont heurtées à la logique d’un État organisé pour faire régner l’ordre capitaliste. Toutes ces mobilisations, et plus encore quand elles convergent, portent en elles l’espoir d’une société débarrassée de l’exploitation capitaliste et des oppressions, du productivisme.
Mais force est de constater que le mouvement social, le mouvement ouvrier, ne construit pas le front de mobilisations à même d’unifier ces résistances et de combattre les attaques des classes dominantes.
De même, n’a pas émergé un outil politique capable de contribuer à reconstruire la conscience de classe, de rassembler les militantEs de ces mobilisations dans une force fédérant les combats et opposant aux discours dominants une alternative au capitalisme.
Les seules forces politiques tirant profit de ce vide sont celles qui ne s’appuient sur l’exaspération populaire que pour la détourner vers les réponses racistes et xénophobes qui loin de remettre en cause le système, le conforte par la division des exploitéEs et des oppriméEs. Le pourrissement du capitalisme nous menace du pire, dictatorial, raciste, sexiste, jusqu’à la possibilité du fascisme.
Nous avons besoin d’un outil politique
Avec la création du NPA, nous espérions faire un pas pour forger un outil politique en rassemblant des militantEs de diverses origines militantes, touTEs conscientEs de la nécessité du combat anticapitaliste, désirant construire un parti utile pour « faire vivre le meilleur de l’héritage de celles et de ceux qui ont affronté le système depuis deux siècles, celui de la lutte des classes, des traditions socialistes, communistes, libertaires, révolutionnaires ».
Force est de constater que nous n’avons pas atteint cet objectif et qu’aucun autre parti ne l’a atteint davantage. Construire un outil pour une transformation révolutionnaire de la société est pourtant plus que jamais nécessaire. Nous avons besoin d’un tel parti pour favoriser la prise du pouvoir par les exploitéEs et les oppriméEs elles-mêmes et eux-mêmes.
Nous n’avons pas réussi jusqu’à aujourd’hui pour de multiples raisons : la méfiance de nombreux et nombreuses militantEs du mouvement social envers l’engagement dans un parti, fut-il nouveau et anticapitaliste, l’espoir de certainEs que le Front de gauche puis La France insoumise serait plus efficace en pesant dans les institutions, le départ d’autres ne trouvant pas assez dans le NPA l’écho des combats menés dans les quartiers populaires ou dans leurs résistances quotidiennes, la difficulté enfin à faire vivre, dans une période difficile, un parti démocratique, accueillant et formateur, utile comme force politique nationale et dans les luttes quotidiennes.
Ces multiples affaiblissements ne nous ont pas empêchés de persévérer, de jouer à notre échelle notre rôle et de défendre des positions essentielles dans les combats des dernières années, souvent contre les vents dominants, de chercher toujours à rassembler et unifier notre camp social. Cela a souvent été plus vrai localement qu’à l’échelle nationale, mais nous restons fortEs d’une richesse militante sur tous les fronts des luttes sociales, écologistes et féministes, et de la solidarité internationaliste, dans tous les combats contre les idéologies réactionnaires.
Pourtant nous sommes paralysés par les luttes internes et les projets de fractions aux orientations sectaires. Cette paralysie empêche que notre parti soit un intellectuel collectif, riche de débats dans lesquels les divergences ne font pas obstacle à l’action commune à toutes et à tous. Au lieu d’avoir un parti capable d’initiatives vers l’extérieur, des courants du NPA se mettent en concurrence avec le NPA lui-même, développant leurs propres orientations, médias, formations, structures. Leur chemin ne peut pas être le nôtre.
Ici et maintenant, un nouvel élan
Il est temps pour nous de renouer les fils de la construction du NPA, en comprenant qu’il nous faut un nouvel élan pour remettre en œuvre le projet initié il y a plus de dix ans, en s’ouvrant à toutes les expériences auxquelles nous avons participé depuis lors.
Nous en appelons donc à toutes celles et tous ceux qui, dans le NPA comme à l’extérieur, veulent une organisation utile dans la période, cherchant à rassembler largement, à construire des collectifs militants sur les lieux de travail, dans les quartiers populaires, dans la jeunesse. Notre camp social a besoin d'un parti révolutionnaire, mais cela ne se décrète pas. Pour cela, nous avons besoin d’un nouvel élan, ici et maintenant, pour construire une organisation écosocialiste, pour la transformation révolutionnaire de la société, pour bâtir une société émancipée, sans classes, sans État, sans oppressions, utile pour les mobilisations d’aujourd’hui et partie prenante de la reconstruction des outils de luttes, d’organisation et de solidarité, y compris en discutant et en agissant avec d’autres courants sans craindre de trahir ses idées.
C’est pour nous l’enjeu du prochain congrès du NPA. Nous voulons nous rassembler avec toutes celles et tous ceux qui partagent ce projet pour mettre en œuvre cette orientation, et enfin construire ensemble les outils dont nous avons besoin pour changer le monde. Mais le congrès du NPA n’est pas le seul horizon. Nous souhaitons dès maintenant, comme la LCR l’avait fait en son temps, lancer un projet de dépassement ou de refondation du NPA. Nous entendons donc débattre, à l’intérieur et à l’extérieur du NPA, avec celles et ceux qui partagent les lignes générales de notre projet et prendrons des initiatives en ce sens dans les prochains mois. Les évènements s’accélèrent, à nous aussi de prendre les initiatives permettant d’y répondre !
Signataires : Alice (Grenoble), Antoine (Paris), Arya (Toulouse), Basile (Paris), Béatrice (Bordeaux), Bertrand (Nantes), Catherine (Beauvais), Catherine S. (Paris), Cathy (93), Christian (Paris), Christine (Alençon), Christine P. (Rouen), Claude (Montpellier), Côme (95), Dominique (Rouen), Fabienne (92), Fernand (Metz), Florence (Lyon), Geneviève (Montpellier), Isabelle (Strasbourg), Janine (Quimper), Jean-Paul (Avignon), Josie (Perpignan), Julien (93), Julien (Besançon), Kevin (Rennes), Laurence (Lille), Laurent (Chambéry), Lemmy (94), Loïc (Albi), Léon (94), Manon (93), Manon (Poitiers), Manu (Paris), Michael L. (Paris), Mimosa (93), Olivier B. (Paris), Oriane (93), Paola (Lille), Patrick (06), Pauline (Toulouse), Penny (Paris), Philippe P. (Bordeaux), Richard (Beauvais), Robert (94), Robin (Paris), Roland (Toulouse), Roseline (Grenoble), Sandra (Nantes), Sandra (Paris), Sylvain (Paris), Sylvain (Toulouse), Sylvain (Tours), Thibaut (Grenoble), Thomas (Toulouse)