Apprendre de nos anciens pour nos combats d’aujourd’hui, tel a été le point de départ de ces Rencontres Nationales des Luttes de l’Immigration
Faisant suite à la première rencontre qui s’est déroulée l’an dernier à Lille, les 2èmes Rencontres des Luttes de l’Immigration qui se sont tenues à Marseille le 26 et 27 novembre 2010 ont mis en lumière un aspect souvent occulté par les médias mais aussi par les syndicats et les partis de Gauche, l’histoire des mobilisations de l’immigration postcoloniale dans l’histoire ouvrière française et leurs spécificités. Durant deux jours, plusieurs ateliers, à Septèmes, à Gardanne et à Marseille, ont donné la parole à celles et ceux qui ont participé à des grèves très dures face à un patronat qui n’hésitait pas à appliquer deux poids deux mesures entre les ouvriers français et ceux issus des anciennes colonies, l’intervention du Président de l’Association des Mineurs Marocains du Nord a été un moment clé de ces Rencontres, les témoignages, très émouvants, de Chibanis et Chibanias (nos Anciens) sont éclairants sur le traitement néocolonialiste dont ils ont été l’objet, ils ont rappelé les luttes qu’ils ont menés pour avoir des logements dignes, leur condition de vie dans les bidonvilles, puis la cité de transit pour obtenir après plusieurs décennies un appartement en…HLM. S’ils ont raconté avec beaucoup de dignité leurs parcours, ils ont exhorté leurs enfants, les nouvelles générations à lever la tête, à continuer le combat pour des conditions de vie normales, à lutter contre le racisme, les violences policières, les délits de faciès, les insultes racistes, les discriminations à l’emploi, etc.
D’autres témoins, notamment ceux qui ont participé à la Marche pour l’Egalité entre Travailleurs français et immigrés et Contre le Racisme en 1983 ont rappelé ce formidable mouvement qui faisait suite aux émeutes des Minguettes mais aussi la confiscation de cette mobilisation politique par le parti Socialiste au profit d’une vaste opération de soutien à SOS Racisme, association vide de sens politique autre que celui de taire la parole politique des enfants d’immigrés.
Durant deux jours, les différentes personnes qui sont intervenues ont témoigné d’une continuité des luttes au sein de l’immigration postcoloniale, du MTA (Mouvement des Travailleurs Arabes) au MIR (Mouvement des Indigènes de la Républiques), puisant leurs racines d’abord dans l’histoire coloniale, mais aussi dans les combats de la classe ouvrière dont les travailleurs immigrés et leurs enfants sont issus et solidaires, rappelant ainsi la double dimension de notre être social : issu à la fois de l’histoire coloniale, nous avons donc des spécificités dont il faut tenir compte, mais aussi de la classe ouvrière française, avec qui nous devons mener les combats nécessaires à la transformation de notre société.
Plusieurs centaines de personnes ont suivi ces journées avec une soif politique grandissante de connaître les luttes de l’immigration postcoloniale qui réhabilitent nos parents mais aussi ont conscience encore plus de la nécessité de s’investir dans des mouvements citoyens et politiques pour faire face au système capitaliste qui écrase les prolétaires, les précaires, les pauvres.
A la table Politique, l’intervention du porte parole du NPA, Omar Slaouti, a été fortement saluée par la salle. Pendant que les représentants du parti Socialiste et de l’UMP présents étaient pris à parti notamment sur la question palestinienne, la création de SOS Racisme et les lois racistes du gouvernement sarkoziste. Car, à la figure du Khobziste (« Arabe ou Noir de service »), nous préférons celle de Franz Fanon.
Ces 2èmes Rencontres Nationales des Luttes de l’Immigration ont été organisées par un collectif d’associations de Marseille et sa Région, sous la parrainage du sociologue, Saïd Bouamama. Les 3èmes Rencontres Nationales des Luttes de l’Immigration auront lieu à Paris l’année prochaine.
En attendant, nous faisons notre la conclusion de Said Bouamama : Levons le poing et gardons la tête haute
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