Publié le Mercredi 17 février 2021 à 11h44.

Abakar doit être libéré et régularisé !

Abakar Gassama, jeune Guinéen arrivé seul en France à l’âge de 14 ans et âgé aujourd’hui de 19 ans est au Centre de rétention de Metz depuis le 1er février, malgré le soutien sans faille d’un collectif local réunissant des syndicats, des partis politiques (dont le NPA) et des associations sur le Nord Franche-Comté (Montbéliard et Belfort).

Alors qu’il avait demandé un titre de séjour à 18 ans, celui-ci a été refusé, ses papiers n’étant pas jugés « fiables » ; une obligation de quitter le territoire français lui a été remise, qui expirait fin février. Alors qu’il « pointait » à la gendarmerie trois fois par semaine, ce rythme était devenu quotidien après que le collectif Abakar a rendu sa situation publique. Il était systématiquement accompagné d’un membre du collectif, mais lors d’un changement d’horaire de pointage, où il était seul, il a été mis dans un fourgon et emmené de force au CRA de Metz le 1er février. Le collectif a pris en charge les frais d’avocat, mais la décision de rétention a été confirmée par le juge ; une demande de statut de réfugié est en cours et va être jugée rapidement. Une pétition de soutien a recueilli près de 20 000 signatures1.

Une situation hélas courante

Un parrainage républicain a eu lieu ce samedi 13 février à Audincourt, où, dans le cadre de sa scolarité, il faisait un stage ; titulaire d’un CAP en cuisine, il a une promesse d’embauche dans un restaurant. De nombreux élus et porte-parole de partis lui ont apporté leur soutien, dont notre camarade Olivier Besancenot qui a demandé sa libération et sa régularisation dans une vidéo.

La situation d’Abakar est hélas courante, tant les préfectures mettent en cause les preuves d’identité de ces jeunes mineurEs non accompagnés que les départements doivent accueillir à leur arrivée en France par le biais de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Ils et elles se retrouvent démunis de tout à la majorité, l’ASE ne respectant pas son obligation de leur fournir des contrats jeunes majeurs qui leur permettraient de continuer à se former et à s’intégrer. Soit ils passent dans la clandestinité, soit essayent de s’en sortir légalement mais sont refoulés.

Le nombre de mineurEs guinéens en France ne cesse d’augmenter alors que paradoxalement la situation économique du pays tend à s’améliorer, mais pour une minorité seulement. Le sous-sol est riche en bauxite, or, diamant, zinc, cobalt, nickel, uranium mais les marchés ont tous été passés avec des entreprises étrangères (dont la France) et la corruption règne. Un régime dictatorial est dirigé par Alpha Condé depuis 2009 ; des élections controversées ont eu lieu en 2020 et la pandémie a permis fort à propos de museler la contestation existante. Les jeunes GuinéenEs n’attendent plus d’évolution vers plus de démocratie et prennent le chemin de l’exil, quitte à en payer un prix très fort.  

Le collectif continue à se battre et à alerter les pouvoirs publics, dont le ministre de l’Intérieur, pour dénoncer l’aberration de la politique migratoire actuelle, basée sur la suspicion et les refus systématiques de régularisation.