Co-président de la FASTI (Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés), Jean-Michel Rivollier répond à nos questions concernant les difficultés rencontrées par l’association à laquelle nous apportons toute notre solidarité.
En quoi consiste l’activité de la FASTI ?
Le mouvement des ASTI regroupe des associations autonomes réparties sur l’ensemble du territoire français : aujourd’hui, c’est 57 ASTI qui mènent des actions de terrain quotidiennes de solidarité et de lutte avec les étrangerEs pour une égalité pour touTEs. Elles ont une expérience de terrain reconnue par les acteurs sociaux locaux, et permettent un maillage territorial de la France.
Dès 1966, la création de la FASTI est la conséquence de la volonté des différentes ASTI de se constituer en fédération, pour avoir une résonance nationale et se doter d’une coordination. Cette coordination assure aux ASTI la formation, des temps d’échanges et de réflexion permettant une prise de recul et une analyse sur les causes et conséquences des politiques coloniales des pays du nord envers les pays des suds, la mutualisation des pratiques et un travail sur les techniques d’accueil et d’accompagnement…
La FASTI et les ASTI se nourrissent mutuellement, et sans la coordination de la FASTI, les ASTI se retrouveraient isolées dans leurs activités.
Quelles sont les difficultés financières actuellement rencontrées par l’association ? Quelles en sont les raisons ?
En réponse à un appel à projets concernant « l’accueil et l’accompagnement des personnes étrangères nouvellement arrivées en France », la FASTI s’est vu opposer un refus le 5 août 2015. Cet appel à projet correspondait de fait aux activités de la FASTI. C’est 105 000 euros, soit un quart de notre budget qui se trouve amputé. Sans cette somme, c’est à court terme trois emplois de salariéEs qui sont menacés et le travail du mouvement des ASTI qui se trouve en danger.
La réponse de l’administration pour justifier ce refus invoque des « priorisations […] dans le cadre d’une enveloppe budgétaire contrainte ». Ce n’est donc pas le travail de la FASTI qui est remis en cause mais l’application de choix budgétaires. Ce sont l’éducation, la culture, les aides sociales, en somme le service public dans sa totalité et les structures militantes, qui sont aujourd’hui « sacrifiés ».
Vendredi 11 septembre, nous avons rencontré des responsables de la DAAEN afin de nous éclairer sur les raisons de ce refus. Après une reconnaissance du travail du mouvement des ASTI, il nous a été promis un réexamen de notre dossier et une réponse rapide.
En quoi cela est-il pour toi une illustration des difficultés rencontrées par le mouvement associatif, en particulier militant ?
Aujourd’hui, ce sont les associations qui agissent et sont présentes sur le terrain au plus près des réalités sociales et qui assurent la cohésion sociale. Les associations sont soumises par les politiques libérales aux contraintes suivantes : d’une part des restrictions budgétaires opérées par l’État et d’autre part la mise en concurrence des associations par le système des appels à projets. Enfin, on demande aux associations de vivre à crédit. En effet, pour cet appel à projets 2015, notre dossier devait être rendu le 6 mai 2015 pour une réponse de l’administration en août et un versement des fonds je ne sais quand… Pendant ce temps, le projet existe déjà au sein de l’association : comment est-il financé et comment le sera-t-il si le financement est refusé ?
Le mouvement associatif, qui dans les années 80 a été délégué à ce rôle social qui aurait dû être rempli par l’État, se voit aujourd’hui privé de ses financeurs. Il ne pourra pas pallier éternellement les défaillances de l’État.
Propos recueillis par Manu Bichindaritz