Publié le Mercredi 9 mars 2011 à 19h59.

Grèce : victoire pour les 300 !

Déclaration de l'Initiative de solidarité :La décision du gouvernement grec de satisfaire une partie des revendications des 300 immigrés en grève de la faim, a démontré  qu'un combat n'est jamais perdu d'avance. C'est aussi la preuve, pour toutes/ s les travailleur(e)s que le gouvernement du mémorandum (ndlr: le programme de rigueur imposé au pays par l'UE et le FMI pour faire face à la crise) n'est pas invincible. L'esprit de lutte et la forte solidarité peuvent donner des résultats tangibles.

 

Il est évident que des luttes à long terme sont encore nécessaires pour supprimer les discriminations contre les travailleurs immigrés vivant en Grèce et en Europe. Cependant, il n'y a aucun doute que l'abnégation des 300 immigrés a ouvert un nouveau chemin vers la résolution du problème: 

 Nous voudrions remercier tous ceux et celles (et ils ont étaient nombreux et nombreuses ...) qui ont soutenu cette lutte difficile depuis les évènements de la Faculté de Droit à Athènes jusqu'à l'hospitalisation des grévistes. Mais c’est surtout avec un profond respect que nous saluons les 300 combattants-militants. La classe ouvrière peut en être fière.

Athènes 9 mars 2011. 

Initiative de soutien aux 300 immigrés en grève de faim

 

 

Depuis plus d’un mois, 300 travailleurs immigrés font la grève de la faim pour leur régularisation. Ce lundi, les 300 immigrés revendiquant leur régularisation (250 à Athènes, 50 à Salonique) entament leur 41e jour de grève de la faim, et la situation est désormais dramatique : plus d’une centaine ont été conduits dans les hôpitaux et tous les médecins interrogés insistent sur le risque de mort ou de dommages irrémédiables. Et cela ne peut qu’empirer pour ceux qui dorment sous des tentes au centre d’Athènes : une vague de froid et de neige est annoncée. Mais en décidant d’arrêter la prise de sucre ou d’eau, les immigrés manifestent une résolution à la hauteur de leur situation : installés en Grèce depuis de nombreuses années pour la plupart, pères de famille pour certains, ils ont travaillé sans pouvoir obtenir le nombre de points minimum pour être régularisés, les patrons locaux les employant souvent au noir, avec donc le risque d’être expulsés de Grèce. D’où leur décision collective, avec au départ un soutien fort limité, de rejoindre les deux grandes villes grecques pour cette action entamée le 25 janvier. Dès le départ, le gouvernement Pasok a riposté sur une ligne dure et démagogique : refus de toute régularisation collective, examen au cas par cas une fois la grève achevée. Dans le même temps, une campagne de presse ignoble a été engagée contre les soutiens aux grévistes, avec un responsable régional de la santé allant jusqu’à dire que les militants solidaires allaient dans les hôpitaux pour empêcher les grévistes de s’alimenter. Le pire sur cette ligne est le numéro 2 du gouvernement, Theodoros Pangalos, déclarant que les immigrés sont manipulés par une « cellule » politique qui veut des morts pour faire de l’opposition : Hortefeux fait pâle figure à côté de ce triste sire, que les jeunes Grecs résidant à Paris ont interpellé récemment à la cité internationale, obtenant comme réponse... sa fuite courageuse ! Mais Pangalos illustre la continuité de la politique de la bourgeoisie grecque : plutôt que de remettre en cause le traité de Dublin ii, qui renvoie les demandeurs d’asile dans le pays par lequel ils sont entrés en Europe (la Grèce est aujourd’hui la porte d’entrée principale), les gouvernements refusent d’attribuer le statut de réfugié (0,61 % en 2007) et maltraitent ceux qui parviennent à passer tous les obstacles (naufrages, renvois en Turquie, bientôt mur frontalier...). Et cela à tel point que des immigrés prennent les pires risques : hier, des travailleurs du Bengladesh rapatriés de Libye en Grèce ont préféré sauter du bateau qu’être contrôlés par la police grecque et expulsés, et la tragédie a fait trois morts et onze disparus. Ce que disait un responsable d’Human Rights Watch en 2008 sur la Grèce reste d’une terrible actualité : « Quelles que soient les erreurs de l’UE, cela n’exonère pas la Grèce de sa propre responsabilité de traiter tous les êtres humains avec humanité et de son obligation de ne pas renvoyer des réfugiés et des demandeurs d’asile vers des lieux où ils peuvent être persécutés... » Malgré la campagne renforçant les racistes, la solidarité grandit chaque jour, avec des actions dans plein de villes, des déclarations de soutien de tout ce qui est à gauche du Pasok, avec un soutien remarqué du KKE. Les confédérations syndicales appuient, ainsi que la majorité municipale de Salonique (à Athènes, le nouveau maire, pro-Pasok, a provoqué une crise dans sa majorité en refusant de soutenir les grévistes). L’appel de la gauche politique française (mais du seul syndicat Solidaires à cette heure...) a été salué. Devant cette solidarité, les dirigeants du Pasok se divisent publiquement. Avec le vétéran de la résistance antinazie Manolis Glézos, il faut exiger la régularisation immédiate des 300, et la remise en cause de la politique raciste de forteresse assiégée de l’Union européenne ! A. Sartzekis