« On n’attend pas ! » C’était le mot d’ordre sous lequel la Campagne Antiracisme et solidarité, appuyée par des organisations pour la Justice climatique avait appelé à manifester ce 11 juin à la veille du premier tour des élections législatives. Contre le racisme et l’extrême droite, pour l’égalité des droits, la justice sociale et climatique.
À Paris la manifestation, modeste en nombre, de quelques milliers a, encore une fois, été dominée par les cortèges de collectifs de sans-papiers. Un rassemblement et une manifestation sauvage appelée par les organisations syndicales et politiques locales l’avait précédée dans le 18e arrondissement, contre « le permis de tuer » et en hommage à la jeune femme abattue par des policiers le samedi précédent. À noter que, affaibli par les polémiques sur sa logique répressive, le pouvoir avait décidé l’absence totale de présence policière. Résultat : superbe manif. Conclusion évidente : le problème c’est la police.
Des rassemblements et manifestations, eux aussi modestes mais enthousiasmants ont eu lieu à Marseille, Strasbourg, Bayonne, Auxerre, Poitiers, Lannion, Alençon…
La clef : nos capacités d’organisation
On n’oublie pas que Macron a été réélu. On n’oublie pas que 13 millions de voix sont allées à Marine Le Pen. On n’oublie pas que la police tue, pour un rien, dans nos quartiers. On n’oublie pas que des fascistes ont tué par deux fois à Paris ce dernières semaines.
Alors que cette année de campagne électorale permanente, dominée par les idées les plus nauséabondes, s’achève, qui peut douter que les choses vont désormais s’accélérer ? Et qu’elles se décideront en dehors de la sphère qui a concentré toutes les énergies : celle des élections et du Parlement ?
Et que la clef sera donc nos capacités d’organisation, de lutte et de riposte à tous les niveaux.
Comment en serait-il autrement quand, entre abstention et faiblesse du vote Macron, les séquences électorales ont démontré l’absence de base pour le pouvoir ?
Qui peut en douter quand le président a hypocritement fait appel aux valeurs des électeurs et électrices de l’Union populaire pour se faire élire « contre le danger fasciste »… puis les a mis dans le même sac quelques semaines plus tard lors des législatives ?
Donc voilà le paysage :
– Un pouvoir instable qui va chercher par tous les moyens à court-circuiter le Parlement et se reposer sur un appareil d’État de plus en plus autoritaire ;
– Une extrême droite considérablement renforcée par cette séquence électorale, placée en embuscade et qui va chercher à se construire sur le terrain ;
– Une gauche qui a démontré que ses idées pouvaient avoir une audience de masse.
De ce point de vue, les manifestations de ce samedi étaient cruciales : elles assurent que la voie du combat n’est pas bloquée. Mais l’indécente faiblesse des organisations dans la rue, qu’elles soient syndicales, associatives ou politiques, ce samedi comme durant le reste de la campagne, est aussi une alarme. Il va falloir vite sortir des urnes pour appeler au combat.