Publié le Jeudi 31 mai 2018 à 10h59.

Le 2 juin : contre la loi asile-immigration, pour la liberté de circulation et d’installation !

C’est une part de notre avenir qui se joue. Un vent mauvais souffle dans toute l’Europe, celui du racisme et du nationalisme.

Sommes-nous capables, nous habitantEs des quartiers, avec ou sans papiers, néEs par hasard ici ou ailleurs, cheminotEs, employéEs, précaires, avec ou sans emploi, étudiantEs, de faire classe ? De vraiment converger ? De construire notre monde ? Contre les riches, leur président, leurs patrons, leur État, leurs centres de rétention et leur police ?

Nous manifesterons le 2 juin, à l’appel des collectifs de sans-papiers et migrantEs contre la loi asile-immigration avant qu’elle passe au Sénat.

Ne venez pas seulEs. Amenez vos amiEs, vos collègues, vos camarades, vos voisinEs, votre famille. Venez avec le foyer d’à côté, le centre social du quartier, votre section syndicale… pour faire classe.

Ouvrir les frontières 

Parce que Mamoudou Gassama, Malien, qui a sauvé un enfant, est un sans-papier qui vit dans un foyer. Il est un habitant de nos quartiers. Mais c’est aussi un survivant du système des frontières. De toutes celles qu’il a traversées pour pouvoir être présent ce 26 mai au pied d’un immeuble du 18e. Frontières externalisées par l’Europe au Niger et en Libye. Frontières de l’Europe en Méditerranée. Frontières de la France avec l’Italie. Frontières internes, celles du racisme et des contrôles policiers ici en France. 

Sans papiers comme l’étaient les mortEs de ces dernières semaines, Ismaïl Deh, Sénégalais de 58 ans, depuis 18 ans en France, tabassé à mort par la police à Versailles, Mawda, fillette kurde de 2 ans tuée d’une balle policière à la frontière belge, Blessing, Nigériane de 20 ans noyée dans la Durance suite à une intervention policière.

Nous manifesterons le 2 juin parce que la loi asile-immigration va encore accentuer ces politiques de chasse aux migrantEs, les contrôles, -l’enfermement, les expulsions.

Macron et Collomb sont les agents du crime. Nous vomissons leurs appels à la nation, à la République, à la patrie, ces appels qui excluent, parmi nous, au côté des migrantEs, les musulmanEs, les Rroms, les NoirEs et les Arabes.

Contre l’ordre national  

L’ordre national est celui de l’encasernement et du contrôle généralisé, des grenades qui mutilent, des frontières qui tuent. Cet ordre cherche à souder une partie de notre classe, sous le drapeau bleu-blanc-rouge et au son de la Marseillaise, autour de l’État et de la police. Quand ils exhortent, pour le bien de la nation à sauver « notre » culture, « nos » valeurs, « nos » entreprises, ce qu’ils veulent sauver, ce sont leurs profits et leurs privilèges, ceux des plus riches.

Nous n’avons rien à faire de leurs coffres-forts. Ils ne sont ni à nous ni pour nous. Les trains et les avions sont faits pour voyager, les écoles pour éduquer, les hôpitaux pour soigner. On veut des cheminotEs, du personnel dans les aéroports, des enseignantEs, du personnel soignant dans les hôpitaux pour touTEs. Pas de murs, de tris, de sélection ni de frontières. Pas de policiers, pas de prisons, pas de centres de rétention.

Un foulard arraché sur la tête d’une jeune fille au nom de la République, un migrant qu’on expulse dans un avion les bras entravés et la bouche scotchée au nom de la nation, une nouvelle « Une » raciste et sexiste de Charlie Hebdo défendue au nom de « nos » valeurs, un flic célébré pour sa bravoure au nom de la patrie sont toutes les voies sur le chemin qui veut faire bafouiller l’histoire et qui nous mène à la guerre de touTEs contre touTEs.

Notre culture n’est pas la leur. Elle ne divise pas, ne sélectionne pas, ne trie pas. Elle bouge, circule et se mélange. Elle voyage, se construit et évolue. Elle n’a ni frontière ni couleur de peau. Elle s’appelle solidarité de classe.

Contre le racisme et le fascisme, faisons classe !

Nous manifesterons le 2 juin. Parce que le fascisme se développe et que les fascistes prennent confiance. En France comme dans toute l’Europe.  Le 2 juin un cortège de la Marche des solidarités qui appelle à la manifestation contre la loi asile-immigration se joindra à la manifestation antifasciste d’hommage à Clément Méric qui partira à 12 heures de Gambetta.

Et parce que les politiques anti-migratoires, racistes et sécuritaires font le lit du fascisme, la manifestation antifasciste en hommage à Clément Méric fusionnera à République à 14 heures avec la manifestation contre la loi asile-immigration. Une banderole pour Clément sera en tête de cortège avec celle pour Ismaïl Deh et celle qui demande la liberté de circulation et d’installation.

Nous savons bien qu’une manifestation ne suffira pas mais c’est notre pouvoir, notre unité, notre détermination et notre solidarité qu’il faut affirmer. Le 2 juin, c’est une part de notre avenir qui se joue. Plus de 80 collectifs, associations, syndicats et organisations appellent à manifester 1. Le nombre et la composition de cette manifestation détermineront en partie la suite de tout notre mouvement.

Alors sans-papiers et migrantEs, habitantEs des quartiers populaires, syndicalistes, étudiantEs, le 2 juin ferons-nous classe ? Parce que nous avons un monde à gagner. Sans coffre-fort ni frontière.

Denis Godard

1 – Appel et signataires sur https ://blogs.mediapart.fr/marche-des-solidarites/blog/230518/manifestation-contre-la-loi-asile-immigration-le-2-juin