Publié le Vendredi 30 octobre 2015 à 11h32.

Migrant-E-s : La guerre de l’Union européenne

L’arrivée sur le territoire européen au cours des derniers mois de centaines de milliers de migrantEs et de demandeurs d’asile sème la panique chez les dirigeantEs de l’Union européenne... Refusant de prendre la seule décision que l’urgence impose : l’ouverture immédiate des frontières, ils n’ont d’autre horizon que celui de la répression, du confinement, de l’ouverture de « hot spots », c’est-à-dire de camps de concentration pour celles et ceux, victimes des politiques impérialistes, qui fuient les zones de guerre et la misère, en Afrique, au Moyen-Orient ou en Afghanistan.

En quelques semaines, les réunions « au sommet » entre chefs d’État et ministres de l’Intérieur se sont multipliées, la dernière en date ayant eu lieu ce dimanche 25 octobre. Toutes ont réaffirmé une volonté de « restaurer l’ordre aux frontières » de l’Europe forteresse, et « ralentir le flux incontrôlé », comme l’a répété Jean-Claude Juncker.

Ne souhaitant pas « accueillir toute la misère du monde », les pays les plus riches de l’UE entendent au maximum faire accomplir le sale boulot par la Grèce, certains pays des Balkans et la Turquie. Le directeur de l’agence Frontex (bras armé de cette politique... dont le siège social est prudemment domicilié en Pologne) annonce sans ambages qu’« il n’y aura pas de décrue avant 2020 » des flux migratoires et que « le défi va perdurer tant que les causes n’auront pas été traitées. » D’ici là, Il faudra gérer les « hot spots » où seront triés les « vrais » demandeurs d’asile et les vilains profiteurs qui seront impitoyablement renvoyés chez eux... Autant dire que son avenir professionnel est bien assuré, tout comme celui des 600 gardes frontières qui vont être déployés sur le territoire grec dans ces prochains jours.

Construire la mobilisation

Lors du mini-sommet de Bruxelles, Alexis Tsipras a été fermement sommé de « reprendre le contrôle » de sa frontière avec la Macédoine, « d’enregistrer tous les migrants à leur arrivée de Turquie, et les garder chez lui ». Mais le cynisme des dirigeants européens n’a décidément aucune limite : s’adressant à Erdogan, le dictateur de Turquie subitement devenu fréquentable, Merkel a ce week-end triplé la mise, promettant une « aide » de 3 milliards d’euros à Ankara si la Turquie acceptait « d’accueillir » encore plus de réfugiés fuyant la Syrie... « Cela ne fait pas le compte », a répondu le dictateur qui entend mettre dans la balance sa demande d’adhésion à l’UE et que la Turquie figure désormais sur « la liste européenne des pays sûrs »...

La « crise » des migrantEs n’en est qu’à son début. Elle concentre en elle toutes les contradictions, toutes les abominations du système, et exige que nous soyons à la hauteur des enjeux internationaux qui sont posés. Certaines expériences européennes sont plus avancées qu’ici : ainsi, le mouvement Stand up to racism en Angleterre et la coordination Keerfa en Grèce proposent que le 19 mars prochain soit une journée internationale d’action contre le racisme et de solidarité avec les migrantEs. Une initiative qui doit dès maintenant être mise à notre agenda. 

Construire ici la mobilisation passe par s’investir avec détermination dans les luttes des sans-papiers et des migrantEs.

Alain Pojolat