« L’accueil des migrants c’est oui », proclame le PS. Côté com, la mairie de Paris et la préfecture font le boulot. On évacue les campements en convoquant la presse et on envoie les migrantEs dans des centres d’hébergement...
Jeudi 17 septembre, deux campements ont été évacués : un campement « historique », celui d’Austerlitz, et un campement « politiquement sensible », celui de la mairie du 18e. Pendant ce temps les réfugiés, pourtant syriens (!), de Saint-Ouen étaient repoussés un peu plus loin.
Des migrants à la rue
Tout cela camoufle d’abord le fait que les migrantEs évacués étaient d’abord des migrantEs à la rue, pour certains depuis des mois. Drôle de conception de l’accueil, surtout quand ces migrantEs campaient au pied d’une mairie ! Cela camoufle surtout la conception de l’accueil des autorités : souvent, les conditions de vie dans les centres d’hébergement ne correspondent pas à ce qui est « vendu » aux migrants et relayé complaisamment par les médias.
Suite aux différentes évacuations de cet été, plus de 2 000 migrantEs sont actuellement dans des centres d’hébergement. La durée d’hébergement garantie est en train de baisser, et celles et ceux dont la demande d’asile ne sera pas acceptés seront remis à la rue ou expulséEs.
Désillusions, réactions et manifestation
Jusqu’ici, la grande majorité des migrantEs montent dans les bus qui les emmènent vers des centres d’hébergement parce que c’est malgré tout une alternative à la rue et que les illusions sont encore fortes sur les possibilités globales de régularisation. Mais les désillusions commencent à produire leurs effets... Ainsi, les migrants amenés au centre de Nanterre vendredi 18 septembre avaient mandaté trois des leurs pour vérifier les conditions d’hébergement qui leur étaient imposées. Devant l’insalubrité des locaux, l’ensemble des migrants ont refusé de descendre du car. La police a alors placé en garde à vue les trois délégués. Circulez, y a rien à voir ! L’intimidation et le bâton restent les fondements de la politique migratoire.
Mais les témoignages des migrants qui ont refusé le centre de Nanterre ont convaincu ceux du lycée désaffecté occupé Jean-Quarré, dans le 19e arrondissement, de reprendre le chemin des manifestations. Ainsi lundi, dans le 18e arrondissement, une déambulation a parcouru le quartier, précédée par une batucada. Les sans-papiers, l’UNSP, des militantEs du NPA dont Olivier Besancenot... participaient à cette manifestation qui s’est achevée par une soupe à l’oignon/débat avec les habitants du quartier devant la mairie.
Réunir réfugiéEs et sans-papiers
Tel le tonneau des Danaïdes, de nouveaux migrants arrivent chaque jour à La Chapelle, et les pouvoirs publics ne semblent pas avoir pris la mesure du problème. Inévitablement, de nouveaux campements vont s’organiser, et le quartier, qui s’est toujours montré solidaire, se mobilisera de nouveau.
Ce vendredi 25 septembre, les coordinations des sans-papiers et des migrantEs (CISPM et UNSP)organisent 6 cars pour Calais. Les mobilisations locales prennent aussi leur essor à Saint-Denis à l’initiative de la Coordination des sans-papiers du 93, dans les 18e arrondissement à l’initiative de la liste des Sans-Voix... Une nouvelle phase de la solidarité, plus politique, pourrait donc voir le jour, unifiant réfugiéEs et sans-papiers, à même de contrer aussi bien l’hypocrisie du pouvoir et du PS que le racisme du FN.
C’est le sens que prendra la manifestation parisienne du dimanche 4 octobre. Un appel qui a déjà reçu le soutien de RESF, EÉLV, Ensemble, Alternative libertaire, de la Fédération anarchiste et bien entendu du NPA. Et la liste devrait s’allonger dans les prochains jours... Le mouvement des migrantEs, sa jonction avec celui des sans-papiers ne fait que commencer. Les militantEs du NPA doivent être en première ligne dans ce combat, pour aider à son auto-organisation, et en tenant fermement un axe de revendications anticapitalistes et anti-impérialistes.
Denis Godard