Publié le Mercredi 2 décembre 2020 à 11h19.

Migrant·E·s : évacués, chassés, gazés… évaporés ?

Un article écrit suite à une rencontre avec Jean-Jacques et Philippe, membres du collectif Solidarité Migrants Wilson à Saint-Denis, qui apporte son soutien actif aux exiléEs depuis 2016. Ils nous ont éclairés sur ce que vivent les personnes chassées du camp.

De la vallée de la Roya à Calais en passant par Paris, la politique de non-accueil du gouvernement français est particulièrement répressive. Dans la région parisienne, la persécution des migrantEs, commencée en 2016 par l’évacuation du campement à Stalingrad, s’amplifie de plus en plus.

66 évacuations

Le gouvernement et la préfecture de Paris font tout pour les invisibiliser en les poussant le plus loin possible de la capitale. Par ailleurs, la non-reconnaissance des camps comme tels empêche de les mettre aux normes HCR. 66 évacuations plus tard, la dernière étant celle du camp de Saint-Denis, la chasse à l’homme a pris des dimensions innommables.
Quasiment 1 000 personnes n’ont pas trouvé de solutions d’hébergement. L’action à République, le 23 novembre, a rendu visible l’ultra violence subie au quotidien par les migrantEs.

Depuis, les préfets de Paris et de Seine-Saint-Denis cherchent à faire disparaitre les migrantEs et à casser toute dynamique d’entraide et de mobilisations collectives.

Le préfet Lallement s’oppose à des solutions de relogement temporaire au Parc des expositions de la porte de Versailles. Tous les prétextes sont bons pour empêcher un accueil collectif.

Son argument : les bâtiments ne sont pas aux normes Covid. Il n’a qu’une sale idée en tête, les chasser de Paris.

Racisme anti-pauvres

En Seine-Saint-Denis, les flics n’autorisent aucun regroupement en camps et chassent en meute. La folie furieuse de nos dirigeants atteint son apogée… de la haine pure contre les plus démunis. Aucune bienveillance, juste une idée, rendre les migrantEs invisibles.

Les maires d’Aubervilliers et de Saint-Denis et leur police s’y mettent aussi. Ils n’organisent aucune aide pour les exiléEs, participent à la chasse et se justifient en disant que « ce n’est pas la compétence des maires de gérer l’accueil des migrants ». Ils n’interpellent pas l’État pour revendiquer un hébergement pour touTEs et n’ont fait aucune déclaration contre les violences policières subies par ces populations.

Selon le collectif, les migrantEs sont éparpillés par-ci par-là, à Gennevilliers, Aubervilliers, Saint-Denis... Le mardi 26 novembre, quasiment 1 000 repas ont été distribués par les associations d’entraide. 500 à la Porte de la Chapelle, 500 par les maraudes de nuit autour d’Aubervilliers. Utopia 56 a mis en place une application de géolocalisation qui permet aux migrantEs de se faire repérer.

Construire un front de solidarité

Le collectif d’AfghanEs est le mieux organisé. Beaucoup d’entre elles et eux sont en Europe depuis longtemps. Certains se sont fait expulser de Suède ou d’Allemagne… Ils et elles se sentent moins perdus que d’autres à Paris et se rendent davantage compte de la politique xénophobe française. Même épuisés, ils sont prêts à se remobiliser si la chasse à l’homme continue.

Toutes et tous méritent un accueil digne et le droit de vivre et travailler en France. Dans la dynamique des dernières mobilisations, il s’agit de construire, avec les exiléEs, mais aussi les collectifs, associations et organisations, un front de solidarités et de résistances contre ce gouvernement et sa politique raciste et répressive.