Un chiffre symbolique est tombé il y a quelques jours : selon l’OIM (Organisation internationale pour les migrations), plus d’un million de réfugiéEs sont arrivés en Europe en 2015.
La plupart traversent la mer Egée et arrivent par la Grèce. Les 3 milliards d’euros promis fin novembre par l’Union européenne à la Turquie pour les empêcher d’entrer dans l’espace Schengen n’y changeront rien, à part augmenter la dangerosité du trajet, parce que les centaines de morts dans la traversée en 2015 n’y ont rien changé.L’Union européenne a adopté en septembre dernier un plan dit de « relocalisation » (tout un programme !) pour répartir les migrantEs entre les différents pays. 4 mois plus tard, on apprend que l’État français, qui a accepté de prendre en charge 30 000 réfugiéEs sur deux ans, n’en a accueilli à ce jour que 19 ! De fait, il n’a accepté ce plan indigne que parce qu’il se combine à des moyens renforcés pour expulser les migrants dits « économiques ». Et depuis le 13 novembre et la fermeture des frontières de la France, cette politique réactionnaire en matière migratoire s’est encore durcie.Les derniers mois, les derniers jours, nous ont montré le résultat de cette politique. Sur Paris, des centaines de migrants dorment dans la rue. Les batailles menées collectivement pour obtenir des hébergements débouchent, une fois les migrants « accueillis » dans des centres, sur l’organisation de mobilisations contre leur maltraitance. La chasse aux sans-papiers s’intensifie : ainsi, le 15 décembre, la police a par exemple pu profiter d’une demande d’intervention d’un bailleur confronté à une grève dans un foyer du 18e arrondissement pour rafler 20 personnes.
Cap sur le 23 janvier !
Sur Calais, 19 migrants sont morts en 6 mois en tentant de passer la frontière pour la Grande-Bretagne. 7 000 vivent dans les conditions indignes de « la Jungle », mais doivent dorénavant se considérer comme privilégiés par rapport aux 3 000 qui ont établi un campement à 40 kilomètres de là, dans des conditions plus précaires encore... Là-bas, la police peut s’assurer les services de l’extrême droite qui, à l’instar des « Calaisiens en colère », monte des milices et diffuse des vidéos où on les entend demander à la police de frapper les migrantEs, aux cris de « On est en France ! ».La politique du gouvernement français, cumulée aux scores du FN lors des dernières élections, a de quoi nous rendre pessimistes. Mais puisque le paysage devient sombre ici, regardons par là. Vers les pays qui ont réussi à construire d’énormes mobilisations de solidarité, comme en Grande-Bretagne où le 12 septembre dernier, 50 000 personnes ont manifesté dans les rues de Londres ; comme en Grèce, où une coalition importante organise une mobilisation nationale contre le mur d’Evros à la frontière gréco-turque le week-end des 23 et 24 janvier. Regardons enfin vers les migrantEs qui luttent pour leur dignité, ici et ailleurs, et les milliers d’activistes qui organisent la solidarité sur le territoire. Si on regarde par là, on y trouve de la détermination, on y puise du courage.C’est une voie à bâtir, et c’est tout le sens de la mobilisation qui s’organisera le 23 janvier sur Calais, le même jour que l’initiative en Grèce. Le cadre unitaire francilien organise des départs collectifs, en lien avec les organisations locales et les réseaux britanniques de solidarité. Il y aura sans doute également des initiatives aux frontières franco-italienne et franco-espagnole. « De l’air, ouvrons les frontières ! »
Vanina Giudicelli