Publié le Jeudi 2 octobre 2025 à 11h00.

MineurEs isoléEs du Parc de Belleville : un combat pour toutes et tous

Le Collectif des jeunes du Parc de Belleville porte haut la lutte des mineurEs isoléEs à Paris, qui survivent dans la rue, sans droits reconnus, sans toit.

Aujourd’hui, ils et elles sont plusieurs centaines (quasiment 400) à dormir dehors et réclament à la mairie de Paris l’accès à un logement digne. 

Un collectif auto-organisé, fort de revendications 

Le collectif s’est formé à l’automne 2023, autour de jeunes sans-abri qui s’étaient réfugiéEs dans le parc de Belleville, chassés par les autorités. Auto-organiséEs, vaillantEs et courageux·ses ils et elles sont indissociables du paysage militant parisien.

Depuis décembre 2024, l’occupation de la Gaîté Lyrique avait relancé leur bras de fer : plus de 450, revendiquant leur qualité de mineurEs non accompagnéEs, s’étaient installéEs dans ce lieu symbolique. Ces jeunes, mal ou pas reconnuEs comme mineurEs par les services de la Ville, restent excluEs de l’aide sociale à l’enfance, et sont bloquéEs dans un vide juridique.

Ils et elles exigent un accès effectif à l’hébergement, à la scolarisation, à la reconnaissance administrative, non pas au cas par cas, mais pour toutes et tous. Leurs actions unitaires, occupations, manifestations, rassemblements devant les mairies, préfecture et rectorats, démontrent que ce qu’on leur refuse est une politique, pas une tragédie naturelle.

Les dernières manœuvres de la mairie : tri, promesses non tenues et chantage

Le 21 juillet 2025, une délégation du collectif a été reçue par Léa Filoche, adjointe chargée des solidarités à la mairie de Paris. Mais si l’accueil était de façade, les conditions étaient claires : pour obtenir un hébergement, les jeunes devaient fournir des « attestations de vulnérabilité ». Ce chantage administratif, comme si dormir dehors, être en souffrance, ne suffisaient pas, a brisé une confiance déjà très fragile. La Ville a évoqué n’avoir que « 30 places actuellement disponibles ». Les jeunes eux-mêmes dénoncent ce tri : « on ne va pas accepter de choisir entre nous ».

Cette logique de tri illustre la politique de la mairie : donner le minimum, diviser, espérer décourager. Les expulsions répétées, les promesses de relogement non tenues et les intimidations contre les jeunes mobiliséEs montrent que la solidarité institutionnelle n’existe que sur le papier. Pendant ce temps, plus de 300 continuent à dormir dans les rues de Paris, au mépris des droits humains les plus élémentaires.

Le droit au logement, mais pas que !

Par ailleurs, le collectif alerte sur un autre front : la scolarisation. Depuis près de deux ans, il réclame un accompagnement pour que les jeunes puissent effectuer les tests du CASNAV, obtenir des affectations dans des lycées, et suivre une scolarité adaptée, mais les procédures restent injustes, lentes, et peu transparentes.

La solidarité, pas le tri

La force de ce collectif réside dans sa détermination à refuser toute division. Leur slogan est sans ambiguïté : « Un logement pour toutes et tous ». Ils ne réclament pas des faveurs, mais l’application de droits fondamentaux. Ils rappellent aussi que la précarité n’est pas une fatalité, mais le produit d’un choix politique : maintenir des jeunes dans l’exclusion plutôt que de réquisitionner les milliers de logements vides que compte la capitale.

Répression et attaques

Le 24 septembre dernier, les jeunes se sont rassemblés devant la mairie de Paris pour exiger à nouveau « un toit pour toutes et tous ». Quelques jours plus tôt, lors du week-end des Journées du patrimoine, ils et elles avaient mené une action dans l’Hôtel de Ville, pour rappeler publiquement leurs droits. La réponse a été brutale : enferméEs par les forces de l’ordre à l’intérieur, tandis que les rares soutiens venuEs les rejoindre étaient encercléEs par la police à l’extérieur.

À cette répression policière s’ajoutent les attaques de l’extrême droite, qui cible directement ces jeunes. Leur lutte est donc doublement exposée : à la violence institutionnelle qui les laisse à la rue et au harcèlement de groupes réactionnaires. Dans ce contexte, le besoin de solidarité concrète est vital. Or, les organisations militantes restent trop souvent absentes, alors que leur présence est indispensable.

Être aux côtés des jeunes

Face à cette situation, notre responsabilité en tant que militantEs d’organisation politique est claire : être aux côtés de ces jeunes, soutenir leurs actions, relayer leur parole et mettre nos forces au service de leur combat. Leur lutte est la nôtre, parce qu’elle incarne l’exigence de dignité, de solidarité et d’égalité. Aux côtés des mineurEs isoléEs, il ne s’agit pas seulement de défendre un droit au logement : il s’agit de combattre un système qui trie les vies, et d’affirmer que nous n’acceptons aucune hiérarchie dans l’accès aux droits.

Amel